Après trois ans de travaux, la seconde partie de la promenade du Paillon a été inaugurée ce samedi 18 octobre à Nice. Huit hectares de forêt urbaine s’ajoutent désormais à la coulée verte, dans un projet à la fois salué et critiqué.
La transformation du centre de Nice continue. Ce samedi 18 octobre 2025, la mairie a inauguré la seconde phase de la promenade du Paillon. Un espace de huit hectares s’étend désormais de la Bourgada au Palais des Expositions. Le chantier, lancé en 2022, marque la fin d’un long programme de végétalisation du cœur de la ville.
Christian Estrosi, maire de Nice, était présent aux côtés de Laurent Hottiaux, préfet des Alpes-Maritimes, et de Renaud Muselier, président de la Région Sud. L’événement a attiré de nombreux Niçois venus découvrir la nouvelle “forêt urbaine”.
L’architecte urbaniste Alexandre Chemetoff, à l’origine du projet, a repensé l’espace où se dressaient autrefois le Théâtre national de Nice et le Palais Acropolis. Il explique : « le fait que ces deux édifices ne soient plus là a dégagé des perspectives et crée des liens d’est en ouest à partir d’un sol artificiel, sur lequel on a reconstitué un sol naturel et où vont croître différents jardins. Lorsqu’on va d’une extrémité à l’autre, on traverse plusieurs ambiances. »
Son approche s’éloigne des formes symétriques et des lignes rigides. Il évoque une composition « cohérente », faite de sols en brique, de pierre calcaire blanche et de pergolas, sans modifier le mobilier urbain.
Une ambition régionale pour une ville plus verte
La Région Sud a participé au financement du projet à hauteur de plus de 33 millions d’euros, sur un coût total de 94 millions. Pour Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, « ce projet est l’exemple parfait de ce que nous faisons partout en région Sud, pour des villes plus vertes, plus apaisées, toujours au service des habitants et de leur qualité de vie. »
L’extension du parc porte désormais la surface totale de la coulée verte à 20 hectares. Selon la Région, elle comptera 2 500 arbres plantés et un système de récupération des eaux de pluie pour irriguer les jardins. Les autorités locales estiment une réduction annuelle des émissions de CO₂ d’environ 1 740 tonnes et une amélioration de la qualité de l’air.
Le projet s’inscrit dans le programme « Nos Territoires d’Abord » 2023-2027, qui soutient aussi la ligne T5 du tramway, le téléphérique Nice–Saint-Laurent-du-Var et la rénovation du musée d’Art moderne et de la bibliothèque Nucéra.
La mairie de Nice met en avant une vision à long terme. Christian Estrosi déclare que cette extension s’inscrit « dans la poursuite de la métamorphose de Nice en ville jardin contribuant à son inscription par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial. »
Entre satisfaction et critiques politiques
La réussite écologique du projet ne met pas fin aux tensions politiques locales. L’opposition dénonce le coût global du chantier et sa portée électorale.
Julien Picot, secrétaire départemental du PCF 06, estime : « Christian Estrosi orchestre une opération médiatique avec une mise en scène millimétrée, des animations et un grand buffet à volonté financés par les deniers publics. C’est inacceptable, car une fois de plus, l’espace public, la communication institutionnelle et les fonds publics sont utilisés pour servir les intérêts politiques et la promotion personnelle d’un seul homme. »
Robert Injey, membre du collectif VIVA ! et par conséquent du Nice Front Populaire, ajoute : « le maire va inaugurer, en grande pompe et c’est une véritable débauche de moyens qui est déployée pour cette initiative. Encarts publicitaires, supports lumineux, lampadaires, panneaux, tramway… Tous les supports possibles sont mobilisés à outrance. Un dispositif hallucinant, sans précédent, pour l’inauguration d’un jardin sur une dalle de béton qui aura coûté la bagatelle de 100 millions d’euros (hors destruction du TNN et d’Acropolis). »
Juliette Chesnel-Le Roux, candidate de l’union de la gauche, critique aussi le choix financier : « le coût de la destruction d’Acropolis joue en termes financier, en termes de pollution aux particules fines et en termes de retombées économiques sur les ressources à cause de l’absence d’un Palais des Congrès qu’il va falloir de toute manière reconstruire. »
Une forêt urbaine sur dalle
Alexandre Chemetoff, fondateur du Bureau des paysages, a choisi de mêler oliviers, pins d’Alep, chênes verts et espèces exotiques comme les jacarandas ou magnolias. Plus de 5 000 arbres seront plantés à terme. L’arrosage reposera sur un système de récupération d’eau de pluie d’une capacité de 2 500 m³, équivalente à une piscine olympique.
Pour les Niçois, cette promenade élargie devient un nouveau lieu de respiration. Entre mer et collines, la coulée verte relie désormais le centre-ville à ses quartiers nord. Si certains y voient un pas vers une ville plus durable, d’autres rappellent que la politique urbaine ne se résume pas à la verdure.