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14 octobre 2024

L’association Tous Citoyens ! lance une opération « Stop aux contrôles au faciès » à Nice

Eloïse Esmingeaud
Eloïse Esmingeaud
Journaliste pour Nice Premium depuis mars 2023

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Tous Citoyens ! dénonce « une augmentation significative » de ces pratiques illégales. Une dizaine d’associations co-signataires alertent sur une problématique « aux confluents du racisme ordinaire et de la traque des migrants.

Réunis devant la Gare de Nice-Ville, les bénévoles s’apprêtent à tracter. Sur les affichettes qu’ils tendent aux passants, usagers, travailleurs de la gare SNCF est inscrit : « Stop aux contrôles au faciès ». Des tracts co-signé par dix associations locales (1). En effet l’association Tous Citoyens ! a invité les médias à un point presse réagissant à constat : il y aurait « une augmentation significative voire une généralisation de contrôles aux faciès« . Ils appellent à cesser ces pratiques discriminatoires qui relèveraient d’un « racisme ordinaire ».

D’après leurs observations et les témoignages recueillis, les victimes seraient de différents profils : des personnes en provenance d’Italie cherchant à demander le droit d’asile en France autant que des passagers effectuant des trajets quotidiens afin de se rendre au travail ou à l’école. « Alors qu’ils s’intègrent, alors qu’ils travaillent, on leur rappelle sans cesse qu’aux yeux de la police, ils sont étrangers, quand bien même ils sont Français », alerte David Nakache.

Selon le président de Tous Citoyens !, ces pratiques « insupportables » prendraient notamment la forme d’« arrestations un peu brutales » et de descente « manu militari du train » dirigées seulement sur des personnes de couleur.

« Une atteinte très très sérieuse à la dignité humaine »

Grâce à une série de flyers, ils espèrent pouvoir dénoncer dans un premier temps ces pratiques illégales de la part des forces de l’ordre. Elles portent « une atteinte très très sérieuse à la dignité humaine. Et celle-ci se manifeste souvent quand elle n’est pas respectée », clame Christian Braquet, président de La Ligue des droits de l’Homme.

Dans un second temps, ils souhaitent ouvrir le dialogue avec les passagers pour les aiguiller au mieux au cas où ils seraient témoins d’une telle situation. « Quand on est témoin de ça, on se retrouve un peu démuni, on a le sentiment que c’est complètement anormal de voir une personne se faire humilier comme ça et en même temps, on ne sait pas si on doit réagir ou pas et comment« , explique David Nakache. Sur les tracts, sont expliqués alors dans quelles mesures, les passagers ont le droit de poser des questions, de filmer et d’enregistrer les forces de l’ordre. Les explications sont suivies d’un guide du comment témoigner.

Les associations co-signataires distribuent des tracts à la Gare de Nice-Ville pour sensibiliser les usagers et travailleurs de la SNCF à la pratique illégale du « contrôle au faciès ».©Eloïse Esmingeaud

Mireille Damiano, avocate au barreau de Nice et membre de l’association Roya Citoyenne précise : « Un contrôle discriminatoire, c’est un contrôle qui s’inscrit dans un repérage irrégulier de personnes qui soit ont une origine ou religion particulière ou qui donnent à voir de l’être ».

Être en zone frontière « ne permet pas de faire le tri entre les passagers »

Il ne faut pas oublier que la géographie de Nice est un élément de contexte primordial. En effet, située à quelques kilomètres de l’Italie, elle est en zone frontière. Or, la France rétablit systématiquement, tous les six mois, depuis 2017 le contrôle aux frontières intérieures. Un renouvellement motivé par la menace terroriste, les mouvements de population et un motif sanitaire lié à la pandémie de Covid-19. L’Union européenne dans son code frontières Schengen spécifie : « Dans un espace de libre circulation des personnes, la réintroduction du contrôle aux frontières intérieures devrait rester exceptionnelle. »

« Ça ne permet pas de faire le tri entre les passagers parce que l’un sera plus foncé que l’autre, l’autre sera habillé différemment ou un autre même ne s’exprime pas en langue française », spécifie l’avocate. Selon elle, ce dispositif ne doit pas faire office de contrôle des flux migratoires. Les associations pointent du doigt l’entrave au droit d’asile que ces contrôles peuvent représenter dans « une traque des migrants ».

(1) Cent Pour Un 06, la Cimade, Habitat et Citoyenneté, la Ligue des droits de l’Homme, le mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (mrap), Le Mouvement de la paix, resf 06, Roya Citoyenne, le Syndicat des avocats de France (SAF), et Tous Citoyens !

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