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1 mai 2024

Conseil Municipal : Le débat politique finira donc au prétoire ?

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Le Conseil Municipal a approuvé, hier, la délibération proposé par Christian Estrosi et sa majorité donnant au Maire l’autorisation de saisir l’autorité judiciaire pour toute divulgation de fausses informations, aujourd’hui sur les finances et la dette de la municipalité (mais demain ?), et qui pourraient provoquer (pas moins que ça ?) des troubles de la paix publique.

Cette première, qui probablement en fera sourire plus d’un, sera un élément central de la vie publique niçoise dans un futur proche.


cm-4.jpg Et pour cause : Imaginez une ville qui se veut une signature à l’international où une critique publique à la municipalité pour n’importe quelle raison, fondée ou pas, devient un élément suffisant pour se faire assigner en justice ?

Comment imaginer un magistrat qui doit juger au pénal le bien-fondé puis l’origine et la cause de ce « trouble de la paix publique » ?

Et quelle image pourrait être diffusée des niçois, transformés en Lansky prêts à battre le fer simplement parce qu’un Patrick Allemand ou un Robert Injey (ou leurs successeurs…) ont divulgué de vraies-fausses informations sur la gestion publique de la ville ou sur n’importe quel autre sujet ? On sait que les gens sont très prés de leurs intérêts mais de là à les transformer en sauvageons, il n’ y a un pas qu’il faudrait faire attention à ne pas franchir ?

En démocratie, la sanction vient des urnes et non des jugement des tribunaux.

En fait, il est vraiment difficile de comprendre la véritable raison de cet acte de Christian Estrosi : Il est d’abord inutile (que de polémiques sans raison), ensuite inefficace (Combien de fois sera-t-il appliqué ? quelles procédures entrainera-t-il ?), et pour en finir, contre-productif (Expression de faiblesse au lieu de force).

Nous ne savons qui a pu conseiller à Christian Estrosi d’accomplir ce qui ressemble fort à une belle erreur. La trame est si complexe qu’on pourrait presque penser qu’un Jago, un des personnages les plus maléfiques et machiavéliques de l’oeuvre de Shakespeare, ait pu s’insinuer dans l’entourage du Maire-Othello.

A quoi bon être défini comme un autocrate sans aucun besoin quand on se veut un maire populaire ? Pourquoi donc se compliquer la vie si ce n’est pas strictement nécessaire ?

Au delà de tout ça, la journée aura été des plus difficiles pour la majorité municipale qui, au delà du résultat ad minima, est passée d’erreur en erreur.

La première aura été la présentation de la délibération, faite par une conseillère municipale ! Mais comment, on sait largement à l’avance que cette délibération sera délicate et fortement contestée et le président du groupe municipal ne monte pas au créneau pour montrer, même figurativement, toute la conviction, l’union et la force qui sont siennes comme celles de ses colistiers, dans le soutien de cette même délibération ?

L’autre aura été quand, en s’accrochant au règlement de séance, le vote à bulletin secret demandé par Benoît Kandel, désormais conseiller d’opposition, a été refusé. Là aussi quel aveu de faiblesse ! Une majorité de plus de 50 conseillers a « peur » de se confronter avec une minorité qui, mal compté, ne dépasse pas la quinzaine de membres ? A moins que…

Avoir peur de quoi ? De quelques bulletins blancs ? Mais cette majorité en est une, avec la nécessaire cohésion et la certitude d’adhésion à une ligne politique et aux actes qui la qualifient, où bien est-elle une soldatesque du « oui » …?

Entre ces deux passages, les oppositions s’en sont sont données forcément à cœur joie…

Pour Patrick Allemand :  » La vérité, c’est qu’il s’agit là d’un habillage juridique. Vous tentez de m’intimider avec des menaces de dépôts de plainte parce que vous ne supportez pas que je dénonce le niveau d’endettement, avec des formules qui frappent l’opinion publique ». Et le recours à la justice dans ce cas précis est un terrible aveu d’échec ».

Du côté de Jean Icart , un des exclus pour insubordination aux directives du groupe majoritaire et candidat à la mairie en union avec Jacques Peyrat :  » Vous montrez une fois de plus par l’action que vous entamez aujourd’hui que vous n’autorisez aucune expression d’une position différente de la votre et votre sectarisme. ».

Même son de cloche chez Robert Injey candidat néo-déclaré à la mairie pour le Front de Gauche : « Cette séance du conseil municipal est assez surréaliste: « troubler la paix publique…Rien que ça ! A vous lire on pourrait croire une délibération prise en temps de guerre pour démasquer la 5ème colonne .

Ce n’est pas la première fois que vous accusez votre opposition de mentir. Mais à chaque fois, il s’avère que le mensonge c’est vous qui le portez ! Vous voulez ester en justice contre ceux qui donnent une information mensongère ? Alors Monsieur le maire, commencez par ester contre vous-même ! En définitif, avec cette délibération vous tentez d’intimider votre opposition dans la période à venir. Ce type d’intimidation n’est pas digne de notre démocratie  » ?.

Ce conseil municipal a aussi été l’occasion des début de Benoît Kandel, ancien premier adjoint, en tant que conseiller municipal indépendant après son exclusion du groupe de majorité municipale Nice Ensemble.

Dans un discours clairement orienté vers les valeurs de droite , il a néanmoins stigmatisé ces anciens colistiers d’un ton haut et fort :  » Votre volonté de transférer les débats de l’arène politique vers l’arène judiciaire contrevient totalement à l’esprit démocratique qui devrait normalement animer le premier magistrat de notre cité.
La liberté d’opinion et la liberté d’expression sont en effet les toutes premières libertés politiques. Elles sont juridiquement protégées et, en tant que telles, ne connaissent que de rares restrictions : La diffamation, la calomnie, l’appel à la violence ou encore l’appel à la haine. Tous les autres interdits s’apparentent clairement, c’est la loi qui le dit, à de la censure.

Cette évocation de troubles à l’ordre public pour justifier votre démarche est, je le dis, totalement dérisoire, elle est fantasmée et pour tout dire, risible. La judiciarisation du débat politique que vous mettez en place aujourd’hui est très grave, d’autant qu’elle pose des problèmes d’ordre éthiques et philosophiques qu’il est difficile de passer sous silence.

A Nice comme partout en France, le débat politique est libre et le seul habilité à trancher n’est pas le juge judiciaire mais bien le citoyen électeur, auquel nous devons tous, mes chers collègues, le privilège de siéger dans cette enceinte et à qui, seul, nous avons des comptes à rendre ».

Comme vous le pouvez constater, nous n’avons, volontairement, pas fait référence au motif premier de cette délibération, la soi-disante vérité sur la dette de la ville et de la métropole, les deux étant liées l’une à l’autre.

La raison est simple et nous l’exprimons librement encore une fois : Ce n’est pas le montant de la dette qui prime mais bien la capacité de sa maitrise qui s’explicite dans la relation de confiance du débiteur avec les créanciers et dans la capacité de remboursement.

En fait, ce débat entre la majorité municipale et son opposition sonne bien faux, si on en reste à cette inutile querelle de chiffres. Bien plus importante est l’affirmation des valeurs de liberté qui n’a besoin d’aucun adjectif et qui doit répondre, comme le disait si bien Emmanuel Kant, à un seul impératif : La conscience qui est en soi.

Le reste ce ne sont que des polémiques souvent stériles et sans lendemain, des actes de bien-pensance qui a force d’être joués finissent par tourner à la farce.

Quelle triste journée pour la politique, hier, au Conseil Municipal de Nice.

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