Conseil municipal : le compte financier 2024 adopté, les oppositions pointent la fiscalité

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Réuni en séance plénière ce vendredi 23 mai 2025, le Conseil municipal de Nice a sans surprise adopté le compte financier unique 2024. Une situation budgétaire jugée stable, marquée par une capacité d’autofinancement renforcée, des investissements maintenus et une dette en baisse. Les oppositions, quant à elles, dénoncent un effort fiscal injuste et une présentation enjolivée.

Le compte financier unique 2024 de la ville de Nice a été adopté ce vendredi 23 mai 2025 par le Conseil municipal. Cet outil permet de dresser un état consolidé des finances de la commune.

D’après les chiffres présentés, les résultats de l’année 2024 sont meilleurs que prévu. Les recettes de fonctionnement ont dépassé les prévisions de 4 millions d’euros. En parallèle, 8 millions d’euros de dépenses ont été économisées. L’épargne brute atteint ainsi 80,5 millions d’euros, contre 68,5 millions prévus. La capacité d’autofinancement de la municipalité est donc en progrès significatif.

Les investissements, eux, se maintiennent à 100 millions d’euros. La dette diminue de 4,3 millions d’euros et la capacité de désendettement passe de 16,1 années à 6,75 années. Ce ratio est inférieur à celui anticipé lors du vote du budget primitif en avril 2024.

« Je refuse absolument de tailler dans l’investissement. Je le répète, c’est le contraire de la bonne gestion et c’est sacrifier l’avenir au présent », a affirmé Christian Estrosi lors de son intervention. Le maire de Nice a souligné une gestion « saine et rigoureuse », qui selon lui permet d’investir « sans hypothéquer l’avenir. »

Les priorités municipales – sécurité, qualité de vie, environnement – restent inchangées, tout comme le soutien au tissu associatif. Christian Estrosi insiste sur la continuité : « les engagements pris au moment de l’adoption du budget seront respectés. La capacité d’autofinancement sera préservée, les investissements seront augmentés, et l’endettement sera une nouvelle fois réduit. »

Des oppositions critiques sur la fiscalité et la présentation des chiffres

Malgré ces résultats présentés comme solides, plusieurs élus d’opposition ont exprimé leurs réserves. Jean-Christophe Picard, élu écologiste, a estimé que cette baisse de la dette était rendue possible grâce à une forte hausse de la taxe foncière. « Grâce à votre gestion, nous avons été contraints d’augmenter la taxe foncière de 19,8 % sur le bâti », a-t-il rappelé. Il a également pointé le niveau du produit fiscal par habitant, indiquant que Nice figure parmi les villes où l’on paie le plus.

Sur l’investissement, il se montre réservé : « un peu moins de dette mais moins d’investissement. » Philippe Pradal, président de la Commission des Finances, lui a répondu en liant la valeur locative à la qualité de vie locale.

De son côté, Gaëlle Frontoni a qualifié la baisse de la dette de « cosmétique » et reproché à la majorité municipale d’augmenter fortement la fiscalité locale. Elle a dénoncé une « explosion de la fiscalité » et conclu son intervention par une formule sans détour : « vous jouez à l’apprenti sorcier avec l’argent. »

La réponse ne s’est pas fait attendre. Marc Concas, adjoint aux finances, a raillé une lecture qu’il juge dictée par des intérêts partisans. Christian Estrosi, quant à lui, a préféré un ton plus conciliant : « je suis même convaincu que vous aimez votre ville […] Je vous propose de défendre votre ville et je vous inviterai pour porter la parole des Niçois dans l’hémicycle du département. »

Le débat s’est terminé par une déclaration de Philippe Pradal qui a jugé les critiques excessives : « j’ai le sentiment que nous avons le retour de Monsieur Plus : on fait bien mais pas assez. » Il a également évoqué, de manière inattendue, une citation issue du procès de Jeanne d’Arc, pour rendre hommage à la direction des finances. “Pourquoi votre étendard fût-il porté en l’église de Reims au sacré, plutôt que ceux des autres capitaines ? [Elle répondait] : il avait été à la peine, c’était bien raison qu’il fût à l’honneur.” 

Un vote révélateur des équilibres politiques

Malgré les critiques, la majorité municipale a adopté sans difficulté le compte financier unique. Ce vote vient clore un cycle budgétaire commencé à l’automne dernier avec le débat d’orientation budgétaire. Il confirme le cap fixé : maintenir l’investissement, contenir la dette et améliorer les marges de manœuvre de la ville.

Le débat autour de la fiscalité reste vif, et la question du pouvoir d’achat des habitants s’impose en filigrane. L’opposition insiste sur l’impact des hausses de taxe, la majorité rétorque par des résultats chiffrés et la défense d’un service public stable.

Pour les Niçois, les arbitrages opérés aujourd’hui pèseront sur les décisions de demain. La discussion sur le compte financier unique aura eu le mérite de rendre visible cette tension permanente entre équilibre budgétaire et attentes citoyennes.

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