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28 mars 2024

Le président du Comité Olympique français Denis Masseglia et les JO 2012

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Le CROS Côte d’Azur publie, dans sa newsletter, une interview à Denis Masseglia, président du CNSOF. En ce jour d’inauguration des Jeux Olympiques 2012 de Londres les propos du dirigeant n°1 du sport français trouvent toute leur importance au cœur de l’actualité.


cnosf-9.jpg Le Marseillais Denis Masseglia, va vivre à Londres ses premiers Jeux Olympiques d’été dans le costume du président du CNOSF. L’occasion de parler « Sport » quelques instants, avec le patron du mouvement sportif français.

Denis Masseglia, une première question philosophique : Qu’est-ce que l’Olympisme, en dehors des Jeux ?

Je dirais que le Jeux sont la vitrine de l’Olympisme et les athlètes qui y participent en sont ses meilleurs ambassadeurs. Ceux sont eux qui vont propager ses idées résumées dans ces trois mots mis en avant par le CIO : « Excellence, Amitié, Respect ».


Et quelle est leur traduction concrète ?

Les Jeux sont l’expression de l’Excellence de la performance sportive, ce qui est normal. A travers le comportement qui doit être le leur, ces sportifs montrent aussi l’Amitié entre les peuples. On rejoint ainsi la lutte contre les discriminations et pour les libertés. C’est un message d’universalité amplifié par la caisse de résonance extraordinaire des Jeux Olympiques. Pour le Respect, on est dans l’éducation : tout ce qui attrait au respect de soi – pas de dopage -, mais aussi au respect de l’autre : les concurrents ne sont pas adversaires mais partenaires de compétition. Il y a aussi le respect de la règle et ce que cela comporte vis-à-vis de l’arbitre, des spectateurs et de tout ce que le sport peut apporter à l’être humain. C’est cela le message olympique. Et il va bien au-delà des Jeux.

Sur un plan personnel, ces Jeux vont être vos premiers en tant que président du Comité National Olympique…

Oui, et donc chef de délégation, puisque c’est le premier rôle du président du CNOSF. Il y a un chef de mission, Bernard Amsalem, qui va s’occuper de tous les aspects techniques, sportifs, qui vivra au village… Et il y a un chef de délégation qui assure tout ce qui est à « l’extérieur » : les relations avec les divers élus du monde sportif, aussi bien international que français, les partenaires… Autant j’ai l’expérience des Jeux, autant celle de chef de délégation et de président du CNO je ne l’ai pas. J’ai vu sur Vancouver (JO d’hiver de 2010, ndlr) ce que cela pouvait être, mais ce n’était pas la même dimension… Il faut être organisé. Et bon… je le suis. Je l’espère en tous cas.

Comment se présentent ces jeux de Londres pour la délégation française ?

Les sportifs sont dans les mains du comité d’organisation, pour le reste, nous avons aussi à accueillir tous les invités, les partenaires du Comité Olympique et des Fédérations, les supporters, les familles… C’est pour cela que nous avons fait un « Club France » ambitieux, novateur et ouvert à tous. On pourra accueillir 3500 personnes avec, je l’espère, la possibilité de célébrer chaque soir des médailles.

Il y a un objectif chiffré à ce niveau ?

On a eu 41 médailles dont sept en or à Pékin. On pense que ce sera un record difficile à battre mais on va essayer d’être à la hauteur. On a le potentiel pour arriver à faire aussi bien et on va dire que le chiffre auquel on peut aspirer est autour d’une quarantaine… sachant que l’on peut avoir d’avantage que sept médailles d’or. On espère un nombre à deux chiffres dans ce domaine.

Ce « Club France », est-il une façon de donner envie aux « décideurs » de voir un jour un tel rendez-vous organisé en France ?

C’est un double outil. De célébration on l’a vu. Mais aussi de rayonnement international. Ça n’est pas parce que l’on fait ça que l’on marque des points au niveau international, mais ne pas le faire c’est sûr, c’est en perdre. Comparativement tous les grands pays le font : Russes, Allemands, Américains… c’est à travers cela que l’on peut réaliser qui a une ambition internationale. Et ça peut effectivement donner envie de faire quelque chose après.

Lors des élections présidentielles vous avez présenté aux candidats, à travers 12 propositions, 5 objectifs à atteindre. Avez-vous été entendu ?

Ce que l’on s’est dit avec la nouvelle Ministre, Valérie Fourneyron, c’est que l’on est dans une période où finalement tout le monde est mobilisé pour ce qui est l’objectif sportif du mandat. Donc on laisse passer les Jeux, et après on se met autour d’une table pour analyser comment on peut avoir sur les cinq ans qui viennent une politique sportive qui permette d’atteindre certains objectifs. Ceux que l’Etat veut se fixer, comme permettre au plus grand nombre d’accéder à la pratique sportive, mais aussi celui dont nous avons envie : responsabiliser le mouvement sportif et arriver à ce que chaque secteur d’activité ait un pilote. Il faut clarifier à la fois les responsabilités et les compétences de chacun pour aboutir à une évolution de la gouvernance, du sport. C’est indispensable et on reprend ça à la rentrée.

Que représente le mouvement sportif français ? Quels sont ses atouts ?

C’est considérable. Un quart de la population est licencié dans un club. On a la capacité d’employer une centaine de milliers de personnes en équivalent temps plein. Sur le plan économique, le sport représente presque 2% du PIB… Il y a aujourd’hui une forme de maturité à laquelle le mouvement sportif prétend pour que la gouvernance qui a été bâtit à l’époque évolue. A un moment il faut tenir compte des changements qui ont eu lieu depuis les années 60 avec l’implication des collectivités territoriales, du monde économique. La ministre veut faire une loi cadre, c’est le moment de tout mettre à plat et de voir comment on peut s’organiser pour que, sans que cela coûte plus cher, on puisse être plus efficace. Et il y a de quoi.

Il y a aussi une réelle volonté de se tourner vers « l’entreprise » ?

Oui, mais pas pour se substituer aux financements publics ! Il y a ce qui relève du financement public et on va militer pour que cela reste au moins au même niveau, surtout que les missions d’intérêt général du mouvement sportif sont assumées, il me semble, du mieux possible.
Après, nous sommes persuadés qu’en misant sur le sport, une entreprise peut innover socialement et ainsi avoir une capacité accrue d’optimisation et de valorisation de ses ressources humaines.
Il y a plein de voies à explorer et on compte bien le faire à la rentrée. On effectue un rapprochement avec le monde économique : on discute avec le MEDEF, la CGPME, on va le faire avec l’association nationale des DRH… On va essayer de faire évoluer les conceptions. La relation ne doit pas être faite que de simples affichages sur des maillots de joueurs médiatisés. C’était vrai il y a 20 ans, plus maintenant.

N’y a-t-il quand même pas un fossé culturel trop important entre ces deux sphères ?

Non. Il faut être à la fois patient et persévérant. Il faut travailler pour que le message passe. On doit s’organiser pour, petit à petit, permettre au phénomène sport d’être plus présent au coté du monde économique, et faire en sorte que ce dernier parie sur le sport pour son propre avenir et sa compétitivité, notamment en terme d’innovation sociale. C’est essentiel.

Concrètement ça donnerait quoi ?

Il faut qu’on mette les choses au point, mais on peut partir du principe qu’une entreprise qui se donne une image d’entreprise sportive peut aussi, à travers les valeurs du sport, s’appuyer sur un certain nombre de choses qui vont lui être utiles. Un exemple : ce ne serait pas bien de faire une pause sport tous les jours, plutôt qu’une pause tabac ? Ce sera long à mettre en place, mais c’est possible.

Le club « Ambition Sport » que vous avez créé participe à ce projet ?

C’est un des moyens de faire en sorte que l’on puisse avoir demain plus de capacité d’action au niveau du CNOSF. Notamment en terme de communication. On souffre dans notre difficulté à « faire savoir ». Il y a les sports très médiatisés, ceux qui ne le sont pas beaucoup et les actions d’intérêt général qui ne le sont absolument pas. Ce sont ces actions là que l’on doit pouvoir mettre en avant.

La future chaîne de télé du CNOSF s’inscrit bien dans cette optique ?

Attention, la télé est à « l’Equipe », elle n’est pas au CNOSF. Mais comme on a un partenariat avec l’Equipe, on peut espérer que cela soit un des éléments qui vont changer la donne. Et on fera tout pour. Mais pour cela il faut aussi que l’on puisse produire des reportages qui soient sportifs et sociétaux : le sport-santé, le sport et la cohésion sociale, le sport et l’intégration… Il y a pleins d’exemples magnifiques que l’on peut mettre en avant. Il faut juste filmer les images et coordonner le tout. Il n’y a pas de droits TV pour cela, c’est dommage, mais cela vaut le coup sur le plan de la société.

Dans ce contexte, comment jugez-vous l’arrivée des Qataris dans le paysage sportif français ?

Déjà, les Qataris ne sont pas arrivés partout. Ils sont au Paris Saint-Germain. C’est la stratégie d’un pays qui a misé sur le sport pour avoir une image internationale. Ce n’est pas la première fois qu’un pays fait ça. Eux le font à travers des moyens financiers conséquents et une communication forcément adaptée aux moyens. On sait qu’en misant sur le football, le calcul se fait en terme d’image, et il est amplifié par leur investissement sur les chaînes de télé. On ne va pas se plaindre qu’il y ait trop de sport médiatisé. On va simplement avoir le souci que l’événement sportif soit au service de l’épanouissement de la population. Pour ce qui est du salaire des joueurs… du moment ou il s’agit d’un financement privé, je ne me sens pas le droit d’émettre la moindre critique. Par contre, il faut toujours se poser la question de ce qu’est le financement public par rapport au sport professionnel qui crée du lien social ? Et il faut que ce sport professionnel mette en avant ce lien social créé, plutôt que les salaires des joueurs.

C’est à dire ?

Que serait Marseille sans le stade Vélodrome et 50.000 personnes qui sont en communion permanente ? Son rôle et celui de l’OM est extraordinaire sur le plan de la cohésion. Tout le monde se retrouve au stade sans distinction. C’est essentiel à l’équilibre de la société. Moi je suis plus attentif à voir comment le Parc a évolué en terme d’accueil du public et d’élimination de la violence, plutôt qu’en terme d’accueil de grandes vedettes. Maintenant on verra à la fin du championnat si le PSG est champion. Je sais qu’il a de grandes chances de l’être, mais il y a encore la glorieuse incertitude du sport derrière…

Là on pense à Montpellier… Une ville à part d’ailleurs, avec du haut niveau dans presque toutes les disciplines…

Ce qui a été fait à Montpellier est due à deux personnes exceptionnelles. C’est né de la passion de deux hommes, mais la pérennité ne peut pas être liée qu’à la notion de coup de cœur. Il faut quelle soit basée sur quelque chose qui permette de dire qu’un euro engagé est aussi un euro investi dans un certain nombre d’éléments positifs pour la société. Je souhaite que demain, on puisse dire qu’on mise sur le sport parce que c’est bon pour la santé et ça fait faire des économies à la sécurité sociale, c’est bon pour l’éducation, c’est bon pour l’intégration, pour le développement durable… Il faut investir pour récolter plus tard. J’espère que le sport est suffisamment transversal pour dépasser les clivages politiques et faire en sorte que demain, nous ayons du temps avec nous pour attendre que ce que l’on va investir paye… Et ce sera au minimum dans cinq ou six ans.

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