À cinq mois des élections municipales, la campagne niçoise s’accélère. Entre tensions au sein de la droite locale, appels à la transparence, projets de désenclavement et critiques sur la gestion du risque inondation, les candidats affûtent leurs arguments. À droite comme à gauche, les lignes bougent, et la bataille pour l’Hôtel de Ville s’ouvre un peu plus.
La semaine a été marquée par une annonce d’Éric Zemmour dans les colonnes de Nice-Matin. Le président de Reconquête! a confirmé la présence d’une liste dans la capitale azuréenne : « Les municipales se tiendront les 15 et 22 mars prochains. Le candidat Reconquête! à Nice s’appelle Cédric Vella. » Cette candidature vient s’ajouter à un paysage politique déjà morcelé à droite.
Eric Zemmour a profité de cet entretien pour livrer sa lecture du duel attendu entre Christian Estrosi et Éric Ciotti. « Je dirais que c’est un classique de LR. Monsieur Ciotti doit tout à Monsieur Estrosi. C’est lui qui l’a fait et évidemment il se retourne contre lui. C’est un mélange d’ingratitude et de carriérisme. » Le fondateur de Reconquête! a aussi évoqué le départ de Philippe Vardon, figure locale de son parti : « non, il ne m’a pas lâché, je l’ai viré parce que moi je vire les traîtres. »
Concernant la liste niçoise, Eric Zemmour s’est montré confiant : « on les a déjà ne vous inquiétez pas. Donc on fera campagne, il y aura une liste Reconquête! conduite par Cédric Vella, un jeune homme qui a une activité professionnelle, qui est volontaire, sincère, loyal. »
Cette candidature ajoute une nouvelle pierre à la fragmentation de la droite locale. D’autant qu’Éric Ciotti, député et candidat à la mairie, vient lui-même de tourner une page importante de sa carrière.
Eric Ciotti tend une nouvelle fois la main aux militants LR
Le président de l’Union des Droites pour la République (UDR) avait adressé le 18 octobre une longue lettre à ses anciens compagnons des Républicains. Dans ce texte, il appelle à « l’union des droites » et invite les adhérents LR à rejoindre sa formation. « Notre pays traverse une crise historique, à la fois sécuritaire, migratoire, économique et institutionnelle », écrit-il. Il estime que « la France et les Français n’ont jamais eu autant besoin d’une droite forte, claire et courageuse. »
Cette initiative vise à mettre fin à des mois de tension entre Eric Ciotti et son ancien parti. Mais elle complique encore le jeu des alliances à Nice. L’annonce de la liste Reconquête! menée par Cédric Vella va à l’encontre de la stratégie d’union prônée par le député des Alpes-Maritimes.
Christian Estrosi, de son côté, reste en retrait pour l’instant, concentré sur la gestion municipale. Mais les critiques ne manquent pas, notamment sur la question de la transparence et sur certains grands projets urbains.
À gauche, Juliette Chesnel-Le Roux prône l’exemplarité
Candidate de l’union de la gauche, sans La France insoumise, Juliette Chesnel-Le Roux a pris la parole sur un terrain éthique. Elle a adressé un courrier à Christian Estrosi, Éric Ciotti et Charles-Ange Ginésy, président du département, pour leur demander la publication intégrale de leurs notes de frais sur les trois dernières années.
Elle y appelle chacun à « faire preuve d’exemplarité et d’ouverture. » La mairie de Nice a répondu qu’elle transmettra les documents « si le tribunal en formule la demande », tout en assurant que « la ville et ses élus respectent scrupuleusement les règles en vigueur. »
Le geste de la candidate s’inscrit dans une campagne où la question de la transparence revient régulièrement.
Un tramway pour désenclaver l’Ariane ?
Un vieux dossier revient sur la table : celui du tramway jusqu’à l’Ariane. Le projet, promis dès la fin des années 1990, n’a jamais vu le jour.
Dans un communiqué, la liste Unis pour Nice rappelle que « le ministre des transports, communiste, Jean Claude Gayssot, avait négocié la contrepartie » du financement de la première ligne : un prolongement vers l’Ariane. Abandonné en 2010, le projet refait surface.
La future ligne 5 pourrait relier le Palais des Arts et de la Culture à Drap, via La Trinité, sur un trajet de 7,6 kilomètres. Quinze stations, trois parkings relais et six franchissements du Paillon sont prévus. Le coût est passé de 350 à 480 millions d’euros en trois ans.
Les partisans du projet y voient une chance pour un quartier longtemps marginalisé. « La ligne 5 est l’opportunité unique d’en finir avec un quartier assigné à résidence », estiment-ils. L’enquête publique débute le 3 novembre et se poursuivra jusqu’au 12 décembre.
Culture et politique : Julien Picot dénonce un “mépris indigne”
Julien Picot, chef de file des communistes niçois et numéro deux de la liste Unis pour Nice, a réagi aux propos du maire de Nice. Christian Estrosi avait qualifié le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, « d’intermittent du spectacle. »
« Les propos récents de Christian Estrosi, traitant Éric Dupond-Moretti “d’intermittent du spectacle”, sont déplacés et témoignent d’un mépris indigne à l’égard du monde de la culture », déclare Julien Picot. Il ajoute : « ce qui choque d’autant plus, c’est le silence assourdissant de Patrick Mottard. »
Il réaffirme son soutien « aux intermittents du spectacle, pilier essentiel de la vie culturelle niçoise et nationale. » Pour lui, « leur statut n’est pas un privilège. »
Une candidature citoyenne entre participation et transparence
Autre voix dans le débat : Nathalie Dloussky, porteuse de la liste Ensemble pour la grandeur de la France. Son programme met en avant la participation directe des habitants, la transparence budgétaire et la justice sociale.
Elle prône un « retour à la souveraineté locale », la mise en place du Référendum d’Initiative Citoyenne, et la création d’assemblées populaires régulières. Le texte d’annonce appelle à « un sursaut citoyen » et à la mobilisation de tous. Selon elle, « le salut de Nice et de la France ne viendra pas de la simple apparition d’un candidat providentiel », faisant référence aux candidats « favoris » pour cette élection.
Sa démarche vise à fédérer au-delà des clivages partisans, autour d’un projet de gouvernance participative et d’un développement durable.
Le Paillon, un risque ignoré selon le Nice Front Populaire
Enfin, le Nice Front Populaire (NiFP) relance le débat sur la gestion du risque d’inondation. Dans un communiqué, le mouvement revient sur les propos du maire lors de l’inauguration de l’extension de la coulée verte.
Christian Estrosi avait déclaré : « un jour le Paillon débordera », avant d’ajouter que « l’eau puisse s’écouler sur une surface libérée. » Le NiFP interroge : « sur quoi se base le maire pour être si rassurant ? »
Le mouvement rappelle que le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) du Paillon date de 1999 et que sa révision, engagée en 2020, n’a toujours pas abouti. Un nouvel arrêté préfectoral a été pris en janvier 2025, mais sans résultat concret.
Les militants s’interrogent aussi sur la décision de déplacer le lycée Apollinaire pour raison de sécurité, alors que d’autres bâtiments exposés, comme le Palais des Expositions, restent en place. Ils demandent « toute la transparence » sur les études en cours.
Une campagne qui s’électrise… et ce n’est que le début promet Christian Estrosi
Entre divisions à droite, mobilisations à gauche et initiatives citoyennes, la campagne municipale de 2026 s’annonce animée à Nice. Les sujets ne manquent pas : désenclavement, transparence, écologie, culture, sécurité et risques climatiques.
Chacun tente de se positionner dans une ville où les équilibres politiques restent fragiles. Dans cinq mois, les Niçois devront trancher entre continuité, recomposition et changement. D’ici là, les débats promettent d’être nourris.

