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2 mai 2024

L’Edito du Psy – 2008, l’homme des villes ?

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jpg_bobine2008-25.jpgCela changera un peu. Après avoir été abreuvés ces dernières semaines de nombres plus astronomiques les uns que les autres, milliards d’euros ou de dollars présentés comme des remèdes indispensables à la crise financière, citons un chiffre qui concerne – enfin – les humains : en 2008, plus de la moitié des hommes et des femmes qui habite la planète vit dans les villes. Dans son quatrième rapport biennal du 23 octobre 2008, le Programme ONU-Habitat passe en revue les évolutions des phénomènes d’urbanisation, de la situation des mégapoles de plus de vingt millions d’habitants aux contrastes saisissants qui existent encore et toujours entre les pays industrialisés et ceux en développement : stagnation de la croissance démographique, voire diminution de la population urbaine pour les premiers, forte augmentation de cette croissance et absorption de cinq millions de « nouveaux urbains » tous les mois par les seconds. Et de conclure, dans une formule qu’André Malraux n’aurait pas décriée, que le « XXIème siècle sera celui des villes ».

Une « urbanisation inévitable et irréversible » estime Anna Tibaijuka, la Directrice exécutive du programme dans un entretien accordé au quotidien « Le Monde ». Une affirmation qui ne doit toutefois pas faire illusion lorsqu’elle précise : « le développement économique pousse la population vers les villes à la recherche d’une vie meilleure que beaucoup ne trouveront pas ». A y regarder en effet de plus près, ce rapport ainsi que d’autres publications internationales récentes donnent le curieux sentiment d’un chassé-croisé, certes de nature plus qualitative que quantitative, entre les populations Nord-Sud, un de ces grands cycles d’autant plus délicat à saisir que les effets de la crise économique et des changements climatiques ne se mesurent pas toujours en terme d’immédiateté : la ville dans laquelle certains estiment jouer leur survie, d’autres aspirent à la quitter.

Si, à la recherche d’une amélioration de leur niveau de vie et d’un « accroissement naturel », les deux tiers de la population urbaine en 2050 – soit 5,3 milliards d’individus selon les indications fournies par ce rapport – vivront en Asie et un quart en Afrique, les habitants des pays développés semblent avoir tiré les conséquences des vicissitudes de la vie urbaine. Au point de se situer dans un mouvement inverse : « plus de la moitié des villes ne franchit pas le 1% de croissance démographique et 40 % d’entre elles perdent de la population ». A même d’éclairer ce phénomène, l’OCDE qui regroupe trente pays modernes et industrialisés reconnaît dans son rapport du 21 octobre dernier, une augmentation depuis vingt ans de la pauvreté et un creusement des inégalités « significatifs ». Des facteurs humains, typiques d’un environnement urbain, en constituent les principales explications : progression du nombre de personnes vivant seules, développement du travail précaire – 75% des emplois créés en Europe en 2007 relèvent de cette catégorie – et hausse de salaires plus rapide pour ceux qui sont déjà en haut de l’échelle sociale. De son côté, si l’Organisation internationale des migrations annonce le doublement d’ici à 2050 du nombre des migrants internationaux qui avoisinerait ainsi les 200 millions, elle note simultanément depuis un an, le retour dans leur pays d’origine de 200 000 travailleurs migrants mexicains établis aux Etats-Unis pour des raisons dues aux premières anticipations de la récession américaine. Comme le constate le rapport ONU-Habitat, il existe des grandes cités aux Etats-Unis où « les niveaux d’inégalité sont comparables à ceux d’Abidjan, de Nairobi ou de Buenos Aires ».

Autant d’indicateurs qui posent à l’horizon des prochaines quarante années une simple question : la « Ville », objet de tous les désirs, sera-t-elle l’antidote espéré à tous les maux de la modernité ? Ne risque-t-elle pas d’être finalement qu’une illusion, et, à l’image de cette cité espagnole fantôme de la banlieue de Madrid, censée accueillir 34 000 habitants mais qui, victime de la bulle immobilière, n’en compte que 382, une sorte de « Valdeluz » à l’échelle planétaire ?

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