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15 mai 2024

Fabriqué en France où économie cocorico ?

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Il est vrai que l’économie est une science sociale et non pas une science exacte et donc chacun peut affirmer ce qu’il veut sans en être démenti (sauf par les résultats de ses théories empiriques une fois appliquées et soumises à l’épreuve de la mesure).


fabriqueenfrance.jpg Toutefois il serait plus prudent et responsable de ne pas propager des propositions que l’on sait erronées à l’avance comme cette théorie que l’on pourrait appeler… l’économie « cocorico »

C’est le cas du made in France qui revient comme recette-miracle pour sauver l’industrie française alors que les chiffres-clés du budget national présentent 95 millions d’euros de déficit en 2011 et une prévision de progression pour 2012 avec un taux de croissance de 1% et 9.3 % de chômage (en progression, il pourrait franchir la barre symbolique du 10% en 2012).

Mais justement, acheter français est une vague fond ou un effet à la mode ?

Il est vrai que le made in France est un slogan en vogue en cette période électorale pendant laquelle l’envergure intellectuelle des uns et des autres laisse la place à une pensée désordonnée qui mériterait d’être mieux structurée, en lieu et place de ce rabotage et bricolage.

Toutefois cette chrestomathie risque une dérive qui la confine dans la « masturbatio grillorum ». Dans ce cas ce serait bien pour nos hommes politique de suivre le conseil de Voltaire : Faire du jardinage !

Acheter local ? Une proposition pas si anecdotique. Alors que la crise de la dette secoue l’Europe, les différents partis proposent de plus en plus de mesures protectionnistes. A ce petit jeu, c’est à celui qui apparaîtra comme le plus en pointe…

Jugez-en plutôt : Rue89 rappelle que Marine Le Pen et le député Yves Jego (Radical) ont tous deux revendiqué la paternité d’un « label made in France ». Le député est d’ailleurs à l’origine d’un rapport remis en mai 2010 sur ce sujet, qui a donné lieu au label « Origine France ».

Mais Christian Estrosi, Député-Maire de Nice, affirme aussi être « le seul à prôner le fabriqué en France »et relance l’idée d’étiqueter les produits fabriqués en France et a déposé, en novembre dernier à l’Assemblée nationale, une proposition de résolution européenne visant à développer l’étiquetage « Fabriqué en France » sur les produits alimentaires et non alimentaires en mentionnant précisément le pourcentage de composants français.

Mais au fait, qu’est-ce que c’est que le made in France ? Explications.

Une étude du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) paru le 12 décembre montre justement que les consommateurs français sont les plus demandeurs de produits fabriqués localement, devant l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Italie, le Japon ou l’Angleterre.

Cette étude met pourtant en garde sur deux points :

  • D’abord, la mode du made in France ne semble pas faite pour durer. « Les acheteurs sont plutôt âgés. Les jeunes sont clairement dans la mondialisation », explique-t-elle. Au bout de quelques années, la demande risque donc de diminuer.

De plus, « il est de plus en plus difficile de définir quel produit est fabriqué en France et à quel degré », note Pascale Hébel, directeur du Credoc.

Comment les politiques veulent développer le « achetez français »

Deux propositions sont formulées depuis quelques mois.

La première, mise en avant dernièrement par François Bayrou, propose un nouveau label « fabriqué en France ».

« Il faudrait que les industriels qui fabriquent en France puissent dire ‘60% ou 80% de ce produit est Français’. Et même si ça coûte parfois plus cher, bien souvent c’est parce que le produit est de meilleure qualité ».

Une autre proposition fait écho au fait de produire à nouveau en France, de « relocaliser » : celle d’une taxe aux frontières européennes. Prônée d’abord par Arnaud Montebourg lors de la campagne de la primaire PS, l’idée a fait depuis son chemin.

Même l’UMP a plaidé pour la mise en place d’une « taxe de réciprocité » aux frontières de l’Europe sur les produits importés. Celle-ci serait plus ou moins élevée en fonction du respect des normes environnementales et sociales des pays exportateurs.

Alors, le made in France, nouvel eldorado économique ? Pas si sûr. Ces deux propositions, si elles peuvent être alléchantes, ne sont pas si simples à mettre en place.

Le label « fabriqué en France »

« Avec la mondialisation, il est difficile de mettre un drapeau sur des produits. Il faudrait vérifier, mais cela a un coût. Et pour quel intérêt ? Le consommateur veut consommer bien et bon marché. Un tel label reviendrait à baser une politique de consommation sur la simple bonne volonté des Français », affirme Matthieu Crozet, économiste et conseiller scientifique au CEPII (Centre d’étude prospectives et d’informations internationales).

La taxe aux frontières européenne

  • « Cela implique une taxe à la consommation. Ce n’est pas la Chine qui va payer, mais les Français. Ça entraînera un coût pour le pouvoir d’achat et le bien-être des Français. Le droit de douane implique une subvention négative, alors qu’il nous faudrait une subvention positive à destination des producteurs français. C’est une solution détournée », tranche Matthieu Crozet.

Le consommateur ne sait plus où donner de la tête

Exemple : 90% des boissons sont fabriquées en France déclare Coca-Cola dans sa dernière campagne de publicité.

Par conséquence, devrait-on boire quelques litres de Coca-Cola par jour pour aider les emplois?

Alors, on privilège quoi ? La santé ou l’emploi ?

Sait-on qu’aux Etats-Unis , sous la pression du lobby des aliments surgelés, on a classé la pizza parmi les légumes (la sauce tomate est riche en potassium, fibre et vitamines A et C) !

Tout cela aboutira-t-il à un pacte productif pour rehausser le niveau de l’emploi ?

Certainement pas et le bon sens est toujours préférable aux belles incantations. Il faut oublier la ré-industrialisation de nos anciens et proposer une véritable politique industrielle moderne.

Elle doit s’appuyer sur des produits innovants, ceux qui vont s’intégrer dans le XXIème siècle et qui se développent à partir d’une véritable politique en faveur de la recherche et de l’innovation. Et tout cela, avec une stratégie pour les formations universitaires, les pôles de compétitivité, le crédit d’impôt recherche, la défense de la propriété intellectuelle.

Au lieu de ça on est pris dans ce tourbillon de slogans sans effet.
Et tous ensemble, sans exception aucune :il est vrai que, comme le disait un fin connaisseur du monde politique, les c…ça vole toujours en escadrille!

Doit-on invoquer « de miraculis sui temporis »?

Dans cette attente… bonne (et onéreuse) année à tous !

Auteur/autrice

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