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8 mai 2024

Dominique Estrosi, entrevue avec une Adjointe Municipale de Nice

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Nice-Première : Dans Le Point vous affirmiez qu’ « On ne peut pas continuer à gaspiller l’espace. Vous vous demandiez s’il fallait continuer à délivrer des permis de construire pour de petites maisons, souvent de mauvais goût, qui mitent le paysage et posent des problèmes d’accessibilité en cas d’incendie et que vous préfériez vous battre pour un habitat collectif de qualité. » Est-ce que Méridia et Azuréa répondront à vos attentes et n’y a-t-il pas possibilité que la ville récupère des habitations inoccupées dans le centre ou à proximité ?

estrosibann-2.jpg Dominique Estrosi : Dans votre question, vous mettez le panel complet de tout ce qui peut être fait dans le domaine de logement. Il n’y a pas qu’une seule piste pour intervenir dans le domaine du logement et de sa crise que nous rencontrons aujourd’hui. Dans le cadre de nos responsabilités de collectivité territoriale, on peut intervenir ou émettre des avis. Si on veut arriver à une meilleure adéquation entre l’offre et la demande de logement, à répondre pour une plus large majorité aux attentes de nos concitoyens déjà installés sur place avant ceux qui rejoindront notre territoire pour différentes raisons, pour aider notre tissu économique à continuer à se développer en accueillant la main d’œuvre dont il a besoin, on se doit d’intervenir sur plusieurs segments.

Celui de la construction ou amélioration de logements sociaux. La Ville et la Canca ont une prise directe car elles peuvent à la fois trouver des terrains ou avoir du patrimoine qu’elles peuvent céder à des bailleurs sociaux pour réaliser des logements. Elles donnent ensuite des subventions pour permettre l’équilibre de ces opérations de plus en plus dur à trouver compte tenu des prix des marchés. La ville de Nice et la Canca aident les bailleurs sociaux à acquérir ou réhabiliter un certain nombre de logements qui font défaut au vu de 70% de la population qui peut prétendre, aux vues de ses ressources, à vivre dans un logement social. Il y a les logements sociaux de base mais aussi intermédiaires. Pour cela un couple avec deux enfants doit gagner 4000€ par mois. Cela concerne une grande majorité des classes moyennes et de la population active. On peut agir sur ce point là avec un PLH adopté. On a tenu nos objectifs en 2006.
Cela montre notre volonté politique portée par la Canca et ses 24 maires et la Ville.

Nice Méridia et Nice Azuréa sont deux beaux projets dont nous avions besoin. Azuréa c’est seulement des immeubles de bureaux. Cela achève Nice Arénas avec cette partie laissée en friche pendant une vingtaine d’années. Il y avait besoin d’immobilier de bureaux. Nice Méridia est le projet phare de la CANCA. Il met en avant la mixité d’usages. Il y a une part d’intellectuel avec tout ce qui est universitaire et la continuation de Sophia Antipolis et son corrolaire, une part d’économique avec des bureaux et des logements. On a besoin d’aller dans ce sens. On ne peut plus faire d’un côté les logements, de l’autre des activités économiques et commerciales.
Dans le cadre du PLU, il a été décidé que là où il y avait déjà une densité en terme de constructions de logements avec des immeubles importants pourquoi ne pas continuer à densifier ? Cela ne pose pas de problèmes puisqu’à proximité il y a tous les commerces qu’il faut, tous les équipements publics. Quand il y a une dent creuse on peut faire une densité de qualité avec de beaux projets.
Par contre, il faut préserver les espaces sur les Collines par rapport aux moyens de communications pas toujours faciles. Les voiries ne suivent pas forcément. Les déplacements venant des collines avec parfois deux véhicules par foyer encombreraient. Il n’y a pas les équipements publics et cela manquerait à la population. Il faut aussi réfléchir à une rigueur budgétaire qui prenne en compte tout ça. C’est une aspiration naturelle des concitoyens quand ils en ont les moyens de vouloir une maison individuelle. C’est une légitimité et je la comprends. Compte tenu du coût du foncier, ces personnes auront un budget très restreint pour construire la maison sur le terrain qu’elles ont acquis. Elles feront des constructions pas toujours à la hauteur de ce qu’on souhaiterait faire. Cet aspect est à réfléchir même si on n’a pas des prises directes dans ce domaine. Cela fait partie de la liberté de chaque individu mais aussi de chaque maire de la communauté d’agglomération décisionnaire du droit du sol et des permis de construire qu’il délivre. Je ne veux pas faire d’ingérence mais il faut y réfléchir. A certains endroits il n’y a aucun problème. On peut se poser des questions sur d’autres. On n’a pas suffisamment de foncier pour continuer à le gaspiller de la sorte. Il vaut mieux concentrer des habitations à taille humaine et on sait très bien le faire (immeubles collectifs de deux ou trois étages ou des petites maisons de villes de type quasi individuelles). Elles ne portent pas atteinte à l’environnement et répondent aux besoins de nos concitoyens. Ce sont des pistes…

NP : Dans le centre il n’y a plus beaucoup de terrain à récupérer…

DE : C’est vrai. Quand il y en a, en interne les services examinent les possibilités. La ville de Nice peut faire jouer son droit de préemption quand il s’agit de l’intérêt général et que c’est un plus dans le domaine du logement. On ne peut pas le faire jouer ce droit tout le temps pour ne pas léser les particuliers intéressés par le même bien.

NP : Existe-t-il des projets en ce sens ?

D.E : Il en existe. Ils ne sont pas vraiment établis mais nos services sont mobilisés pour regarder un petit peu si des espaces peuvent être intéressants : Un immeuble où il n’y a personne ou en partie inoccupé, un immeuble où dans un quartier il y a une véritable mixité sociale qui peut s’instaurer. On fait alors prévaloir notre droit de préemption.

NP : Quel est le délai entre le repérage et la création de logements ?

DE : Entre deux et trois mois pour le droit de préemption. Il faut approcher un bailleur social. Il faut qu’il étudie la situation, qu’il présente une opération, qu’il l’équilibre à partir des subventions qui pourront lui être accordé. Une fois que tout ça est fait, il faut 18, 24 ou 36 mois pour que l’immeuble sorte de terre. C’est relativement long. D’ici 2008, on verra les efforts dans le domaine du logement. On agit en consensus avec tous les acteurs : collectivités territoriales, architectes, bailleurs sociaux, chambres consulaires comme la CCI. C’est un peu nouveau. Tout le monde est mobilisé et se met à la même table pour faire avancer les choses.

NP : Vous intervenez aussi sur les réhabilitations de logements ?

D.E : C’est prévu par des opérations de renouvellements urbains avec des démolitions mais il en reste. Les réhabiliter est un volet important pour apporter une meilleure qualité de vie aux locataires. On peut intervenir dans les parcs privés auprès des propriétaires bailleurs ou occupants par des opérations programmées d’amélioration de l’habitat. Ce la permet aux habitants souvent âgés sans moyen de remettre aux normes de sécurité et de confort, refaire les parties communes, sécuriser les ascenseurs, réhabiliter les façades. Si les propriétaires sont occupants, cela va améliorer leurs conditions de vie. S’ils le laissent vacant, cela les incitera peut-être à le louer. Selon les subventions accordées pour les travaux, ils ont l’obligation de faire un loyer conventionné proche du loyer social pendant neuf ans. S’ils optent pour un loyer intermédiaire, les subventions seront moindres.

NP : Comment récupérer des logements loués seulement en période estivale ?

DE : On n’a pas pris de position, c’est le problème des résidences secondaires. D’autres communautés l’ont fait. C’est le cas de la Communauté d’agglomération de la Riviera Française ou de la CASA particulièrement touchés. On l’est moins. La CARF a clairement identifié dans le PLH le problèmes des résidences secondaires par un biais juridique. On vit aussi du tourisme, on ne peut pas dénigrer ce dont on a besoin. On n’a pas de moyens d’action. Cela relève de la liberté de chacun de louer ou ne pas louer même s’il ne vient qu’un mois dans l’année. Il existe une taxe sur les logements vacants mais certains préfèrent la payer que de louer. Ils ont peur des dégradations, des impayés de loyer tout en sachant que la procédure d’expulsion est longue. Cela relève plus du niveau national avec une législation qui pourrait évoluer. Nous ne pouvons qu’inciter les bailleurs à louer mais on ne peut pas aller au-delà.

NP : Lorsque l’on est sur la Promenade des Anglais, on voit beaucoup de volets fermés. C’est un potentiel de logement important surtout pour les étudiants. Il n’y a vraiment aucune possibilité ?

estrosi_peyrat.jpg DE : C’est sur que c’est un potentiel. Ca relève de la liberté de chacun sauf s’il existe des mesures incitatives ou des garantis vis-à-vis de ces propriétaires qui puissent les inciter à se dire que finalement ça vaut le coup de louer leurs biens.

NP : Avez-vous une solution pour baisser les prix des loyers ? Est-ce qu’une municipalité et une communauté d’agglomération ont une réelle influence sur cet aspect ?

DE : C’est la loi de l’offre et de la demande. En prix de vente, c’est 5000€ le m² dans le neuf et 3400€ dans l’ancien. Le prix des loyers est équivalent en proportion. Dans le domaine des logements sociaux, les tarifs sont fixés au niveau national avec des indices que les bailleurs sociaux appliquent. Dans le marché libre, on ne peut pas faire grand-chose. Ca fait partie de la liberté.

Association :

NP : Le site de l’espace association est un tantinet obsolète mais efficace. Très utile parfois méconnu. Existe-t-il un projet dans ce sens ou des améliorations à réfléchir ?

DE : Les espaces Associations ont été créés il y a quatre ans. C’est un plus considérable dans le monde associatif. L’espace Association Garibaldi a un amphithéâtre pour des conférences, une grande salle pour des expositions avec des bureaux. Celui de la Promenade du Paillon est plus opérationnel pour que les associations puissent travailler dans de bonnes conditions avec des bureaux, une salle informatique avec accès à Internet. De ce qu’on en retire par rapport aux associations qui les fréquentent c’est une satisfaction très importante. Elles bénéficient d’un tarif très modique pour tous les services qui leur sont proposés. Les petites associations peuvent trouver là des services juridiques, d’internet, de réunion, de gestion, administratifs, de reprographie alors que c’est de plus en plus compliqué de gérer une association.

Ces espaces se situent à des endroits où par rapport aux travaux du tramway pâtissent du problème d’accès. Il y a aussi un problème de signalétique. Des efforts ont été faits avec les ascenseurs enfin réparés car difficile d’accès pour les personnes handicapées. La Ville de Nice a fait ce qu’il y avait à faire. Les services de la Ville assurent tout ce qui est nettoiement notamment sur la promenade du Paillon où il est difficile de garder l’espace propre car la configuration du lieu ne s’y prête pas. La Direction du Territoire a fait des efforts. Une fois les travaux du Tramway achevés, il y aura une meilleure signalétique. Cela participera au renouveau de l’ensemble de ce quartier. Je suis sûre que ces espaces marcheront encore mieux que ce qu’ils ne marchent aujourd’hui.
Pour assurer une meilleure dynamique, on a pris la décision au service de la Vie Associative de créer un certain nombre d’animations tout le long de l’année. Cela peut être des expositions sur l’esplanade, des conférences. Ce sera tous les deux mois pour amener certaines personnes qui ne connaissent pas les lieux à les découvrir et les fréquenter.

NP : Il y a le problème de la communication pour les associations. Elles sont nombreuses et elles n’ont pas toujours l’espace médiatique suffisant pour s’exprimer. On en fait l’expérience à Nice-Première où elles nous contactent fréquemment. Ne pensez-vous pas que les associations niçoises méritent un vrai média pour parler de leurs activités et annoncer leurs évènements ?

D.E : Sur le site de la ville de Nice, il y a un portail Vie Associative où les associations peuvent intervenir. Dans les Espaces Associations, il y a des sites faits pour les associations et certaines d’entre elles ont pu bénéficier de la création d’un site. Tout ce qui peut permettre de relayer de façon plus importante et plus médiatique l’activité riche du tissu associatif local, j’y concède, mérite toute sa place.
Nous venons d’éditer, au moment du rendez-vous des Associations, le premier journal de quatre pages de l’espace association. Ce sera aussi vecteur pour les associations qui voudront qu’on parle d’elles. Il est prévu qu’il soit trimestriel. Il est distribué dans les lieux publics, les mairies annexes, les directions du territoire.

NP : Que pensez-vous de la taxe sur l’utilisation du domaine public pour les associations ? C’est un coup dur pour elles. Comment la mairie peut leur venir en aide pour leur permettre de compenser cette dépense supplémentaire?

DE : Personne ne nie en mairie que c’est un coup dur. Quand l’ordonnance est sortie en juin, on pris en considération le fait qu’on applique les lois et les ordonnances. Le Sénateur Maire est intervenue auprès du gouvernement pour demander le retrait de cette ordonnance. La solution trouvée par la ville de Nice est la moins mauvaise. Une délibération a été présentée au conseil municipal pour que les associations qui utilisent le domaine public dans des buts humanitaires, sociaux, d’œuvres de solidarité et de bienfaisance n’aient qu’une taxe de 5 € à s’acquitter. C’est presque une participation symbolique. C’est aujourd’hui la solution la moins mauvaise en souhaitant que cette ordonnance soit supprimée pour en revenir à la situation antérieure.

NP : Est-ce possible de trouver des solutions compensatoires publicitaires peut-être ?

DE : Si ça représente une somme trop importante pour le but des associations, au moment où l’association présente sa demande de subventions auprès de la Ville de Nice et quelque soit le service concerné, on peut intégrer cette somme dans le montant de la subvention qui sera alloué.

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