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28 avril 2024

Zero Dark Thirty, entre œuvre journalistique et fiction

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Le nouveau film de Kathryn Bigelow (Démineurs, Point Break) illustre avec brio la traque d’Oussama ben Laden par les services de renseignements américains. 2h37 de film mêlant action, espionnage et documentaire où les Etats-Unis se retrouvent souvent face à ses démons.


zero_bark_thirty.jpg Zero Dark Thirty c’est aussi le portrait d’une femme, celui de Maya (Jessica Chastain). D’abord spectatrice et en retrait dans les premières minutes du film, Maya s’avère être une véritable « tueuse » comme la décrivent ses supérieures. Cette agent de la CIA n’a qu’une mission ou plutôt une obsession, traquer Oussama ben Laden, chef du réseau jihadiste Al-Qaida. Elle est l’élément clef d’une enquête longue d’une dizaine d’années. Une enquête sombre, secrète, complexe à l’image du film.

Un monde complexe rendu accessible.

La réalisatrice a su retranscrire avec habileté toute l’horreur et la difficulté d’une telle investigation. En 2h37, on croise bon nombre de personnage, politiques, militaires, agents de la CIA, hommes d’Al Quaida sans s’y perdre pour autant. Kathryn Bigelow réussit le pari d’emmener le spectateur à travers un monde qui lui est étranger sans pour autant qu’il s’y perde, noyé par un flot incessant d’information et de protagoniste. On pense à Mensonge d’Etat au scénario (volontairement ?) bancal dont on ne comprend pour ainsi dire presque rien du début à la fin. Ici non. Du Pakistan, à l’Afghanistan en passant par Washington, on s’accroche jusqu’aux dernières minutes fatidiques où les forces spéciales américaines pénètrent dans la demeure du chef terroriste pour lui coller une balle entre les deux yeux. Un scenario brillant que l’on doit à Mark Boal, qui avait déjà prouvé son talent dans Démineurs.

De For God and Country à Zero Dark Thirty.

Un scenario brillantissime d’autant plus qu’il a fallu le modifier durant le tournage. Au départ, le film devait traiter de la traque d’Oussama Ben Laden par l’armée américaine mais devait se solder par un échec, ce dernier étant introuvable. Le titre était alors : For God and Country. A l’annonce de sa mort, il a fallu remanier l’histoire et y introduire les derniers faits d’actualités au jour le jour. Ceci explique aussi comment le film a pu sortir en salle à peine moins de deux ans après la mort du chef d’Al Quaida.

L’Amérique face à ses démons.

Les Etats-Unis ne voient pas d’un bon œil le film où figurent plusieurs scènes de torture qui ne renvoient pas l’image héroïque et romanesque des services secrets américains. Mais c’est bien parce que Zero Dark Thirty a ce souci de vérité que ses scènes existent. D’autant qu’il ne s’agit aucunement d’une apologie de la torture ni même d’une critique, juste de la réalité. Si ces violences permettent aux agents d’obtenir des informations cruciales, elles se soldent le plus souvent par un échec cuisant et c’est plutôt par la négociation et la recherche que l’armée arrive à ses fins. Alors oui, la torture, c’est mal, mais elle a existé. Et puis c’est si bien mis en scène qu’on aurait tort de s’en priver. Kathryn Bigelow parvient à faire souffrir le spectateur en même temps que le prisonnier sans pour autant tomber dans le gore et la violence gratuite.

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