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10 mai 2024

Yann Arthus-Bertrand parle de son premier long métrage « Home »

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jpg_HOME.jpgÀ quel moment l’idée d’un long métrage
s’est-elle imposée ?

Quand j’ai fait venir Al Gore à l’Assemblée
Nationale pour qu’il y montre son film « Une vérité qui dérange », j’ai compris à
quel point le cinéma pouvait être une
énorme caisse de résonance, plus encore
qu’une émission de télévision. J’ai vu à
quel point les spectateurs étaient émus,
parfois jusqu’aux larmes, et je me suis dit
que le long métrage était un excellent
moyen de toucher les gens. Cela m’a
aussi paru un cheminement naturel
après la photographie et les émissions
télé. Je m’étais aperçu qu’en photographiant la Terre, je parlais de l’homme, et
c’est cette même logique que l’on
retrouve au cinéma.

Il s’agit de votre premier long métrage
de cinéma, qui est aussi un projet d’une
rare ampleur : de la production jusqu’au
montage en passant par le tournage,
avez-vous rencontré beaucoup de difficultés ?

Denis Carot, le producteur de Va, vis et
deviens, m’a été présenté par Armand
Amar, ami et compositeur. Il a dit oui tout
de suite, au même titre que Luc Besson.
C’est ensuite que cela a été difficile !
Quand on vous donne autant d’argent
pour faire un film aussi inédit que Home entièrement tourné depuis un hélicoptère et en haute définition la responsabilité est énorme, et le stress permanent.
J’ai géré tout cela à l’instinct, comme toujours, c’est-à-dire en apprenant sur le
tas : nous nous sommes vite rendu
compte que l’équipe de tournage devait se
réduire, dans l’hélicoptère, à un pilote, un
cadreur et un ingénieur vision. Puis il a
fallu gérer les contraintes techniques,
liées à la nouvelle caméra que nous utilisions, et aux conditions de tournage, différentes pour chacun des pays que nous
survolions. J’ai également fait ce film
sans scénario, avec une unique page
d’intention. Je savais ce que je voulais
raconter, mais la narration s’est vraiment
construite au fur et à mesure du tournage, notamment l’idée centrale de
l’énergie : d’abord l’énergie produite par
les bras de l’homme, puis la révolution de
ce que nous appelons les « poches de
soleil », le pétrole. C’est finalement un
vrai film de photographe, habitué à peu de
contraintes !

Luc Besson et Yann Arthus-Bertrand
Luc Besson et Yann Arthus-Bertrand
Quel est le message au cœur du film ?

Ce film est un vrai manifeste. Notre
impact sur la Terre est plus fort que ce
qu’elle peut supporter : nous consommons trop, et nous sommes en train
d’épuiser toutes ses ressources. Depuis
le ciel, on voit bien les endroits où la Terre
est blessée : Home explique donc simplement les problèmes actuels, tout en
disant qu’il existe une solution. Le sous-
titre du film pourrait être « il est trop tard
pour être pessimiste »: nous sommes à
la croisée des chemins, des décisions
importantes doivent être prises pour
changer le monde. Ce que nous disons
dans le film, tout le monde le sait, mais
personne ne veut vraiment y croire. Home
est donc une pierre supplémentaire à
l’édifice construit par les associations
écologiques pour revenir à plus de bon
sens et changer notre façon de consommer et de vivre.

Cela passe également par une diffusion
exceptionnelle du film…

L’idée de distribuer ce film sur un maximum de supports et avec un maximum
de gratuité m’est venue grâce à Patrick
de Carolis, qui voulait investir dans le film
pour France Télévisions. Il m’a en effet annoncé qu’il ne pourrait le diffuser que
deux ans après sa sortie en salles. Je suis
donc allé voir Luc Besson, et je lui ai dit
qu’il fallait distribuer Home gratuitement.
Il m’a répondu que c’était impossible,
avant de se laisser séduire par l’idée d’un
film qui sortirait partout au même
moment, et accessible à tous. Cela n’avait
jamais été fait, et cela a été rendu possible grâce à François-Henri Pinault,
Président directeur général du groupe
PPR, qui a tout de suite accepté d’être
partenaire de notre film. L’idée est surtout
pour moi que Home soit vu par les gens
qui consomment, ceux qui ont un impact
sur la Terre, et qui auront, je l’espère,
envie de changer leur vie après avoir vu ce
film.

Pourquoi ce titre, Home ?

C’est Luc Besson qui en a eu l’idée, et il
s’est imposé. C’est un titre très symbolique puisque l’écologie est la science de
la maison …

Qu’aimeriez-vous que le film suscite
chez le public ?

En plus de changer leur vie, j’aimerais
que les gens aient envie d’aider, de partager. Théodore Monod disait cette phrase superbe : « on a tout essayé sauf
l’amour ». J’espère que ce film sera
synonyme de beaucoup d’amour.

Auteur/autrice

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