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30 avril 2024

Une « Nuit éclatée » au Printemps des Arts de Monaco!

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Depuis le 31 mars vous avez pu suivre ma découverte du Printemps des Arts de Monaco au fil des articles publiés sur ce site. Si vous consultez les archives vous allez vous rendre compte que j’avais commencé par un entretien avec Marc Monnet à la Fondation Hartung d’Antibes, illustré par un cliché en compagnie de Francesco Filidei. Comme je ne crois plus depuis un certain temps au hasard, nous allons terminer par ce même compositeur italien qui a clôturé ce 25e anniversaire avec une création mondiale qui n’a pas été comprise par un certain nombre et pourtant… Avant cela, retour sur une « Nuit éclatée » dans la peau d’un spectateur particulier.

La couleur annoncée devant le Musée Océanographique de Monaco
La couleur annoncée devant le Musée Océanographique de Monaco

Le bus jaune n’était pas plein au départ de Nice pour ce dernier voyage gratuit à destination de Monaco et retour. Dommage pour l’environnement et pour l’organisation qui a eu cette belle idée. Pour ce retour au Musée Océanographique dans une nouvelle nuit enchanteresse, baptisée« Nuit éclatée », fini le badge autour du cou (comme pour la Nuit du Violoncelle) et ses inscriptions quasi microscopiques du programme. Merci pour la feuille A3 où toutes les informations étaient parfaitement lisibles sans loupe, un document que l’on pouvait plier après consultation et remettre dans une poche intérieure de veste.
Sur le programme – affiché également en très gros dans l’entrée- les salles avaient perdu leur vrai nom « Albert 1er et La Baleine » pour le 1er étage étaient devenues « gauche » et droite »et « Conférences » tout simplement « rez-de-chaussée ». Plus simple et direct pour trouver, juste à savoir où est la gauche et la droite…

Tedi Papavrami et Philippe Bianconi (de g à d)
Tedi Papavrami et Philippe Bianconi (de g à d)

Beaucoup plus simple que de choisir où aller écouter les « classiques » du classique car les concerts commençaient à la même heure. Alors cap sur le duo Philippe Bianconi (piano) et Tedi Papavrami (violon) – salle Albert1er – non seulement parce que je préfère les duos, que le niçois Philippe Bianconi m’était apparu très abordable, mais surtout en me fiant au jugement de Nelly Rainault (la villefranchoise, mélomane reconnue, qui a été l’égérie de ce 25e festival et présente sur tous les supports). Avec de tels interprètes sur du César Franck, respect et silence de cathédrale pour une envolée instrumentale époustouflante. Petite photo « volée » au moment du salut et descente illico-presto des marches pour réussir à trouver une place assise au rez-de-chaussée afin d’écouter un nouveau duo – cette fois au violon- avec Ilya Gringolts et… Tedi Papavrami. Salle comble et nombreuses personnes sans place assise, logique il n’y a pas d’autre concert au même instant et les deux « archets » font mouche à chaque coup.

Comme « le principe de la soirée n’est pas de tout entendre mais de faire son choix selon ses envies », je choisis de rester dans cette même salle pour la troisième plage musicale de ma folle nuit, pas seulement pour le meilleur confort que procurent les magnifiques fauteuils rouges. J’ai très envie d’écouter cet immense spécialiste de Paganini qu’est Ilya Gringolts qui – mine de rien- va également poursuivre son marathon de près de deux heures et enchaîner son troisième concert consécutif depuis 20h25 sans pause. Pas de relâchement dans la concentration malgré toute l’intensité de son précédent duo et heureusement pour lui. Il n’entend pas la sonnerie du portable d’une spectatrice qui –non seulement ne la coupe pas – mais comble de mauvaise éducation, entame et finit une conversation comme si rien ne se passait dans la salle. Ilya Gringlots n’est pas Matthias Goerne (cf article du 10 avril) et la fautive -qui aurait méritée de l’être- n’a pas été expulsée.

Le concert de chaussures qui dérange

Ce troisième passage du violoniste a connu un autre incident qui ne l’a pas stoppé dans son élan et son talent.

Arno Fabre et ses chaussures
Arno Fabre et ses chaussures

La fin de sa prestation a coïncidé avec le début de la seconde édition des « Souliers » d’Arno Fabre et le plafond s’est mis à résonner sous le martellement décalé des chaussures, musique orchestrée électroniquement mais objets artistiques manœuvrés mécaniquement au 1er étage. « Simplement beaucoup de bruit, ce n’est pas de la musique ça » vous disent les plus fervents adeptes de la « grande musique »et pour les plus modérés. Doit-on en déduire que tous les autres types de musique sont de petites musiques? Bon nombre des personnes présentes samedi le pensaient très certainement à l’écoute de leurs réflexions.
Elles n’ont pas changé d’avis après la dernière œuvre de cette soirée, ni plus ni moins qu’une création mondiale – commande du mécénat musical de la Société Générale pour ce Printemps des Arts- du jeune compositeur italien Francesco Filidei, celui-là même qui était venu présenter sa pièce à la Fondation Hartung d’Antibes et dialoguer avec le public.

Le compositeur Francesco Fidelei  (lunettes)au fond de la salle pour applaudir les treize musiciens
Le compositeur Francesco Fidelei (lunettes)au fond de la salle pour applaudir les treize musiciens

Malgré des explications très fournies et précises sur ce travail, sa complexité, les motivations présentées dans le catalogue – remis à chaque personne- aux pages 137 et 138, les sursauts d’épaules et gloussements, si souvent caricaturés de Philippe Bouvard, ont fleuri tout au long de la prestation des six chanteurs du Neu Vocalsolisten de Stuttgart et des Percussions de Strasbourg sans oublier le chef d’orchestre. A croire que quelques personnes n’avaient pas voulu lire ce passage très instructif et qu’il aurait fallu- en plus- faire un petit rappel- avant l’interprétation- des surprises sonores et visuelles qui allaient immanquablement se présenter. Un hommage tout à fait singulier et poignant à un anarchiste, né dans cette même ville de Pise comme Filidei et décédé en 1972 dans des circonstances très troublantes,un an avant la naissance du compositeur. Avec sa sensibilité il a voulu retranscrire les différentes étapes de la vie de ce révolutionnaire Franco Serrantini roué de coups par la police, manifestations, arrestation, emprisonnement, son agonie sans aucun soin et l’enterrement. Des ambiances traduites avec tout ce qui peut produire du son comme des verres, des fonds de poêles ou autres instruments de cuisine sans oublier les mimiques ou gestes des chanteurs. C’est la même sensibilité qui devait guider Albéniz dans ses compositions comme l’avait brillamment expliqué Jean-François Heisser et cela tout le monde l’avait admis et personne n’avait « bougé ».

Mauvais réflexes, fâcheuses habitudes mais belles rencontres

Mais comme m’a confié Francesco après le concert « ce n’est pas le fait que les gens rient qui me dérange mais plutôt qu’ils fassent du bruit avec leur fauteuil ou bougent » et c’est bien là la question. Pourquoi le silence se fait-il naturellement pour le classique -gare au mécréant qui bouge ou chuchote dans un souffle- (nous sommes très loin des gloussements évoqués) et que ces mêmes personnes ne respectent pas la création contemporaine comme ce fut le cas pour cette œuvre? Pourtant dans chacune de ces composantes musicales on trouve bien musique comme dénominateur commun, association que visiblement beaucoup refusent encore d’admettre.

Par cette attitude les amateurs de « grande musique » ne se sont pas grandis et ont montré qu’il y avait encore beaucoup de chemin à faire pour une partie du public avant que le Printemps ne soit totalement ouvert. Pas dans l’esprit de Marc Monnet qui- dans son interview du 31 mars, nous disait « nous avons les mauvais réflexes des habitudes. Si on ne les remet pas en cause, finalement, ce sont elles qui nous envahissent » Cela m’amène à parler de l’une d’elles. Moi je n’y arrive pas, mais il va falloir vous habituer à voir de moins en moins de photos naturelles, les deux clichés du duo Gary Hofmann- David Selig et d’Alain Meunier vont paraître des exploits dans mon Printemps des Arts 2009. Il n’est plus question de rencontre informelle lors d’une répétition comme avec Alain Meunier. Tout est verrouillé que ce soit par les attachées de presse elles-mêmes bloquées par les agents ou par les maisons de disque, le tout sur fond de contrat d’exclusivité.

Avez-vous envie de retrouver la même photo avec de plus en plus souvent le copié-collé du communiqué ou du dossier de presse dans les articles consacrés à tel ou telle ? En voilà une mauvaise habitude à remettre en cause, utopie d’un journaliste isolé ? Non, nécessité de préserver le contact humain comme le font encore certains artistes du spectacle vivant et même des grands noms comme Roland Magdane ou bien Anthony Kavanagh dont vous avez pu lire les entretiens sur ce même site.

Marc Monnet(à g) et Jean-Charles Curau
Marc Monnet(à g) et Jean-Charles Curau

C’est lors du cocktail dans le hall du Musée Océanographique que les artistes de cette dernière soirée étaient plus accessibles, mais ce moment là c’était celui des aficionados. Avant de déguster les réduits – qui ne l’étaient pas en nombre et en qualité – du Pavillon Hédiard accompagnés de Champagne généreusement offert par Roederer, Marc Monnet pouvait remercier les institutions et partenaires de lui avoir donné les moyens de créer encore des surprises et de belles rencontres. Sentiment que partageait naturellement Jean-Charles Curau, secrétaire général du Printemps des Arts mais également Directeur des Affaires culturelles de la Principauté de Monaco depuis le 1er juin 2008.
Le Printemps des Arts 2009 a vécu, j’ai tenté de vous en décrire les multiples aspects à travers les différents articles. Vivement le prochain Printemps et j’espère le vivre…

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