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4 mai 2024

Les petits bonheurs du divan : comment changer sa vie par la psychanalyse


divan.jpg Pour comprendre et expliquer la psychanalyse, répétait inlassablement Sigmund Freud à ses jeunes collègues, il faut toujours « coller à la clinique ». Puisqu’elle consiste, souvent dans la douleur, à parler, à dire, à raconter le plus intime de soi-même, la psychologie des profondeurs suscite encore plus de cent ans après sa création interrogations et méfiance. En dépit de certains et beaux succès. Raison de plus pour se plonger dans ces « récits de divan et propos de fauteuil », impressionnant recueil de témoignages d’anciens analysants (le livre évoque parfois les « analysés » par souci pédagogique), les uns médiatiquement célèbres (Charles Berling, Frédéric Mitterrand, Marie Darieussecq), les autres illustres anonymes, mais qui se sont tous « allongés » pendant un temps sur un divan de professionnel. Au total, plusieurs « tranches de vie » personnelles croisées avec les commentaires de deux « psy » connus, le tout sous la houlette d’une journaliste du Figaro, auteure appréciée d’ouvrages pour les enfants qui connurent un certain succès auprès des parents (« Petites histoires pour devenir grand », « A lire le soir pour aborder avec l’enfant, ses peurs, ses tracas, ses questions », suivi des « Contes pour bien apprendre à s’occuper d’eux », Albin Michel 2003 et 2005).

« Deuil, impasse du corps, emprise maternelle ou quête du père », aucun sujet ne semble épargné au lecteur, profane ou rétif à l’analyse, qui peut ainsi faire plus ample connaissance avec la « démarche » sans voyeurisme ni fausse pudeur. Tout commence avec les méandres dans le choix de son futur analyste dont le nom, le sexe, la proximité ou l’éloignement géographique du domicile, la renommée ou la discrétion constituent des critères aux indubitables prolongements inconscients. Vient ensuite la rencontre initiale en face au face, essentielle pour cet « éprouvé commun », ce ressenti originel qui pose ou sape les fondations du futur travail. Interviennent alors les balbutiements du transfert, perceptibles chez le patient qui « apporte » ses premiers rêves énigmatiques et dont le regard, semblant échapper à celui de l’analyste, commence à balayer l’espace du Cabinet pour y repérer puis exploiter les objets comme autant de supports à ses élaborations symboliques inconscientes. Ainsi, chacun de ces « analysés », évoque, en terme de semaines, de mois ou d’années, les résistances, les découragements, les embellies, les moments forts comme les séances – apparemment – creuses, tous racontés avec un courage empreint d’humour ou soutenu par l’émotion.

« Nous sommes les mères porteuses des inconscients d’autrui » disait un jour dans une formule mémorable le psychanalyste Jean Laplanche. Difficile pourtant d’expliciter au néophyte qui n’a pas connu le divan, la nature et le contenu de cette expérience intérieure très particulière. Tout au plus sera-t-on en mesure de lui dire, sans vouloir finasser avec la vérité, que la psychanalyse, loin de lui fournir toutes les réponses, aura au moins le mérite d’épuiser le sens d’une grande part de ses questions.

Sophie Carquain et Maryse Vaillant, « Récits de divan, propos de fauteuil, comment la psychanalyse peut changer la vie », Editions Albin Michel, 2007, 371 p., 20 Euros.

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