En lisant cette biographie, on est surpris par la patience des amis de Nicolas Gogol. Lesquels acceptent sans rechigner son mauvais caractère, son sans gêne et son ingratitude. Ce poète écrivain russe de la première moitié du XIX° siècle est ce qu’on dirait aujourd’hui un hypocondriaque, toujours malade, toujours à se plaindre, jamais satisfait.
Gogol est de plus un panier percé, il ne cesse de demander des subsides à ses amis et même à l’empereur Nicolas I° Jamais satisfait, en fait il ne sait pas lui-même ce qu’il veut. Une fois en Italie il aspire à retourner en Russie, il déteste l’Allemagne et l’Autriche et pourtant il y va et y retourne ! Voyageur il ne reste pas en place, s’enthousiasme puis maudit l’endroit où il se trouve.
Gogol est aussi un pique assiette, il vit aux crochets de ses hôtes et en même temps les critiques. Jamais satisfait aurait pu être le titre ou le sous-titre de cette biographie. Gogol écrit, déchire, lacère et réécrit ses manuscrits. Jamais satisfait, toujours à maugréer il nous apparait pourtant comme un personnage sympathique.
Henry Troyat nous entraîne dans l’intimité de cet écrivain, on lit sa nombreuse correspondance, ses réflexions sur ses contemporains, souvent acerbes, jamais charitable. Pourtant il a l’âme tourmentée d’un mystique et c’est âme Russe, insaisissable et incompréhensible pour un esprit cartésien que l’auteur a su nous faire saisir dans cette biographie de Gogol né en 1809 et mort en 1852.