Par Legros Alessandro
Durant un mois intensif à Nice Premium, média niçois en ligne, j’ai exploré les multiples facettes du journalisme local à travers le prisme de la sociologie. Entre rencontres humaines et analyse critique, ce rapport raconte comment ces deux disciplines se nourrissent mutuellement au cœur du terrain.
Dans les rues de Nice, entre vernissages, caméras de tournage, conférences engagées et rencontres inattendues, j’ai plongé dans l’univers du journalisme local. Mon stage d’un mois au sein de Nice Premium, média niçois en ligne, m’a offert bien plus qu’une expérience professionnelle. Il m’a permis de mêler mon regard sociologique aux réalités du terrain, de questionner les discours institutionnels et de donner la parole à celles et ceux que l’on entend trop rarement. Voici le récit d’une immersion où journalisme et sociologie se sont entremêlés à chaque article, à chaque échange, à chaque ligne écrite.
Une rédaction locale, un terrain d’enquête
Basé à Nice, Nice Premium est un journal en ligne de proximité. Il couvre les grands axes de la vie locale, politique, économie, culture, sport, tout en s’engageant sur des sujets sociaux et citoyens. Ce média offre un terrain d’expression à de jeunes journalistes et stagiaires, qu’il pousse à développer leur autonomie. Cette structure légère permet une grande liberté d’initiative : choisir ses sujets, organiser ses reportages, proposer ses angles. C’est dans ce contexte que j’ai intégré la rédaction pour un mois, du 1er au 30 avril 2025.
Dès le départ, j’ai été mobilisé comme journaliste à part entière. Je me suis déplacé sur le terrain, ai réalisé des interviews, assisté à des événements divers et produit des contenus écrits et visuels. En un mois, j’ai publié 30 articles, rejoignant ainsi la barre des 213 articles rédigés depuis mon premier passage par Nice Premium, lors de mon service civique en 2024.
Raconter l’humain à travers l’actualité
Parmi les missions les plus marquantes de ce mois d’avril :
Le bilan du dispositif « Demandez Angela » — Couvrir ce programme municipal m’a permis d’aborder de front la thématique sensible du harcèlement de rue. Cette expérience a été bénéfique car elle m’a appris à gérer des sujets sociétaux délicats avec nuance et précision. Elle m’a également amené à réfléchir à mon rôle de journaliste comme vecteur de sensibilisation à des problématiques sociales majeures. Interroger directement des acteurs associatifs et institutionnels m’a aussi permis de gagner en assurance dans la conduite d’interviews critiques Lire l’article
L’interview de Miel de Montagne — À l’occasion de la sortie de son album OIN OIN, j’ai rencontré ce musicien inclassable, entre sincérité brute et poésie du quotidien. Interviewer cet artiste atypique a constitué une expérience importante pour développer mes compétences en entretien journalistique. J’ai appris à mieux écouter, à rebondir sur les propos de mon interlocuteur, à créer une atmosphère propice à l’échange sincère. Cette expérience m’a confirmé l’importance d’une préparation approfondie mais aussi d’une certaine spontanéité dans l’exercice de l’interview journalistique. Lire l’article
La cérémonie pour le génocide arménien — Couvrir cet hommage public a été profondément marquant. Cette expérience m’a permis de saisir comment les commémorations publiques participent à la construction de la mémoire collective. J’ai développé ma capacité à observer et restituer des événements chargés émotionnellement, tout en gardant une distance professionnelle nécessaire pour rendre compte avec justesse. Lire l’article
La projection de Nos mères, nos daronnes — Un documentaire bouleversant sur les femmes et le sexisme dans les quartiers populaires. J’ai assisté à la diffusion et à la conférence qui a suivi. Cette après midi documentaire a été particulièrement intense. Écouter les témoignages puissants des femmes présentes a été une expérience à la fois professionnelle et personnelle. J’ai acquis une meilleure compréhension des dynamiques sociales liées au sexisme et aux inégalités de genre. Professionnellement, j’ai aussi appris à gérer l’émotion dans mon écriture, cherchant à restituer avec authenticité la force des récits entendus. Lire l’article
La visite du tournage de la série Été 36 — Un moment rare. J’ai pu découvrir l’envers du décor, discuter avec les équipes techniques et artistiques. Cette immersion exceptionnelle m’a permis de comprendre l’importance de la mise en scène historique et culturelle dans les médias audiovisuels. J’ai pu observer comment les choix scénaristiques influencent la perception d’une époque. Ce reportage m’a aidé à approfondir mes compétences d’observation et à affiner mon analyse critique de la production culturelle locale.
Hebdomadaire : journal de bord d’un mois de terrain
Semaine 1 : Retour dans la rédaction. Je retrouve les automatismes : recherche de sujets, échanges avec les autres journalistes, rédaction sur WordPress. Je commence fort avec la couverture du lancement de la Semaine olympique et paralympique à Nice. L’article m’a permis d’explorer la manière dont les politiques sportives locales valorisent l’inclusion et la jeunesse. Lire l’article
J’enchaîne avec une interview de Miel de Montagne, un artiste au style singulier, que j’ai interviewé juste avant son concert à Nice. L’échange a été spontané, sincère, presque brut. Cette expérience m’a rappelé à quel point la posture du journaliste est proche de celle du sociologue : écouter sans interrompre, traduire sans trahir. Lire l’article
Je découvre aussi un événement inattendu : le Sport Film Festival à Beausoleil. J’y ai vu des films inspirants qui croisent sport, handicap, égalité et émotion. L’écriture de cet article m’a permis de réfléchir au sport comme vecteur de lien social. Lire l’article
Enfin, je couvre un événement média avec le lancement de la nouvelle grille de BFM Nice Côte d’Azur. Ce sujet plus institutionnel m’a appris à décrypter les enjeux de communication locale. Lire l’article
Semaine 2 : Deux moments forts. D’abord, le suivi du dispositif « Demandez Angela » contre le harcèlement de rue. Lors de l’atelier pratique, j’ai pu interroger des actrices de terrain, comprendre le fonctionnement du dispositif, et restituer leurs témoignages. J’ai réalisé à quel point ces questions traversent les mobilisations locales. Lire l’article
Ensuite, une plongée inédite dans l’univers de la fiction avec le tournage de la série Été 36. En marchant entre les décors, en écoutant les équipes, j’ai saisi comment la ville devient décor, et comment la fiction peut réinterpréter la mémoire collective. Lire l’article
Semaine 3 : L’émotion domine. Je couvre la projection du documentaire Nos mères, nos daronnes, qui met en lumière la parole de femmes invisibilisées. J’ai écouté des récits forts, des trajectoires de lutte. Cet article m’a profondément impliqué. Lire l’article
Dans le même esprit, je me rends à un événement d’Animanice, où la culture devient support de solidarité. Je découvre une autre facette de l’action municipale, à l’échelle du quartier. Lire l’article
Enfin, j’explore l’exposition immersive sur l’océan, organisée sur la Promenade des Anglais. Là encore, entre esthétique, pédagogie et écologie, j’écris un article qui tente de traduire cette expérience sensorielle. Lire l’article
Semaine 4 : Dernière ligne droite. Je visite l’exposition de Bao Vuong au musée des Arts asiatiques. Une plongée silencieuse et puissante dans un univers entre mémoire et abstraction. J’essaie, à travers mon article, de restituer cette atmosphère unique. Lire l’article
Je couvre également l’hommage aux victimes du génocide arménien. Ce moment solennel me pousse à réfléchir sur le rôle du journaliste dans la transmission des mémoires. Lire l’article
Enfin, je termine par un sujet plus social : la couverture d’une mobilisation syndicale. Ce reportage de terrain m’a confronté à la tension entre droit de grève et pression patronale, révélant la persistance de rapports de pouvoir dans le monde du travail. Lire l’article
Ce journal de bord, semaine après semaine, montre la richesse et la diversité des sujets abordés. Il témoigne aussi d’une montée en confiance, d’un affinement progressif de mon regard journalistique et sociologique.
Ce stage m’a appris à jongler entre exigences techniques, exigences humaines et exigences d’analyse. Voici les principaux acquis :
- Rigueur rédactionnelle : structurer l’information, hiérarchiser les faits, clarifier les enjeux
- Compétences numériques : publication via WordPress, gestion d’images, communication sur les réseaux sociaux
- Posture de terrain : savoir s’adapter à des contextes très différents (milieux culturels, associatifs, institutionnels)
- Analyse sociologique : toujours interroger le contexte, les structures, les discours dominants
- Confiance en soi : dépasser ma timidité, prendre contact, poser des questions, défendre mes angles
Penser local, écrire juste
Ce stage m’a fait comprendre que le journalisme local n’est pas un journalisme de second plan. Il est parfois le seul à raconter la vie quotidienne des gens, à documenter des luttes invisibles, à rendre hommage à des histoires méconnues. En tant que sociologue, j’y ai vu un formidable outil de connaissance ; en tant que futur journaliste, une forme d’engagement.
Ce croisement entre terrain, théorie et écriture est au cœur de mon projet. Le stage chez Nice Premium m’a permis d’en expérimenter toutes les dimensions.
Analyse Thématique
Durant ce stage, trois grandes thématiques sont ressorties de façon marquante dans mon travail journalistique :
Égalité et genre
Plusieurs de mes reportages ont été consacrés à la question de l’égalité femmes-hommes, notamment à travers le dispositif municipal « Demandez Angela » contre le harcèlement de rue et la projection du documentaire Nos mères, nos daronnes. Ces expériences ont mis en évidence comment les initiatives locales tentent de répondre à des problématiques sociales profondes et complexes. J’ai pu analyser, avec un regard sociologique, comment ces dispositifs influencent réellement le quotidien des femmes à Nice, tout en m’interrogeant sur leur efficacité et leurs limites. Ces reportages m’ont permis d’affiner mon approche des questions sociales sensibles, d’aller au-delà de la simple restitution d’informations, et de comprendre comment les inégalités structurelles se manifestent dans des réalités concrètes.
Culture et mémoire
À travers la couverture de la cérémonie du génocide arménien, du tournage de la série historique Été 36, ou encore des différentes expositions culturelles, j’ai pu explorer comment la culture et la mémoire collective interagissent au sein d’un territoire. Le rôle des commémorations, des productions culturelles et des événements publics m’est apparu comme central dans la construction des identités locales. Ces expériences ont nourri une réflexion approfondie sur les représentations historiques dans l’espace public et médiatique. Mon regard sociologique m’a aidé à percevoir la portée symbolique des choix narratifs faits par les médias et institutions locales.
Solidarité et engagement social
Plusieurs reportages ont également porté sur les dynamiques locales de solidarité, notamment avec Animanice ou les mobilisations syndicales. Ces expériences ont été particulièrement éclairantes pour comprendre comment les acteurs locaux tentent de créer du lien social et de répondre aux crises économiques et sociales. En couvrant ces actions, j’ai pu analyser comment se structurent les solidarités, mais aussi les tensions et conflits qui traversent la société locale. Ces moments sur le terrain m’ont permis de mieux saisir la complexité des enjeux sociaux, de développer une posture critique face aux discours dominants et de valoriser les initiatives citoyennes souvent invisibilisées par les grands médias.
Conclusion Critique
Cette expérience chez Nice Premium a été très riche mais m’a également permis d’identifier certaines limites et questionnements liés au journalisme local. La proximité avec les acteurs locaux, si elle constitue une force incontestable du média, peut parfois générer des tensions entre engagement journalistique et risque de complaisance ou d’autocensure face aux pouvoirs locaux. J’ai pu observer que la gestion de ces relations délicates nécessite une vigilance constante pour garantir une information indépendante et critique.
J’aurais souhaité avoir davantage de temps pour approfondir certaines enquêtes ou pour croiser plus systématiquement différents points de vue sur des sujets sensibles. La contrainte temporelle m’a parfois empêché d’aller aussi loin dans mes investigations que je l’aurais voulu. Néanmoins, cette contrainte m’a également appris à travailler efficacement sous pression, à faire des choix éditoriaux pertinents et à assumer ces choix avec responsabilité.
Sur un plan personnel, ce stage a renforcé ma capacité à analyser, questionner et comprendre les réalités sociales locales. Il m’a aussi montré les défis auxquels fait face le journalisme aujourd’hui : maintenir un équilibre délicat entre rapidité d’information et qualité d’analyse, proximité avec les acteurs et indépendance critique. Ces apprentissages précieux me guideront dans mes prochaines expériences professionnelles et dans mes réflexions futures sur la pratique journalistique.
Et après ?
Ce mois d’avril a été un tremplin. Je souhaite aujourd’hui intégrer un master en journalisme et continuer à faire dialoguer sociologie et reportage. Observer, questionner, transmettre : voilà ce qui m’anime. Et voilà ce que ce stage m’a appris à faire, jour après jour, mot après mot.
Articles réalisés durant le stage
Pour consulter l’ensemble des articles rédigés durant mon immersion chez Nice Premium, vous pouvez suivre le lien suivant :
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Cette sélection d’articles témoigne de la diversité des sujets abordés et illustre mon implication sur le terrain.
