La Maison Départementale de l’Autonomie (MDA) des Alpes-Maritimes a accueilli vendredi 16 mai 2025 Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre de l’Autonomie et du Handicap lors d’une réunion réunissant usagers, représentants d’associations et agents de terrain dans le cadre du grand chantier national de transformation des MDPH (Maisons Départementales des Personnes Handicapées).
Un an après la création de la Maison Départementale de l’Autonomie (MDA) dans les Alpes-Maritimes et l’ouverture de ses 12 antennes, la fréquentation a bondi de 320 %. C’est un signe d’un réel besoin de proximité et d’accompagnement renforcé. Pourtant, derrière ces chiffres encourageants, de nombreuses restrictions subsistent pour les personnes en situation de handicap, comme l’ont révélé les trois groupes de travail constitués pour l’occasion : usagers, associations et professionnels de la MDA.
Nicolas Gory, rapporteur du groupe des usagers, a ouvert les échanges. Il met en avant les principaux freins. Notamment les informations trop généralistes, les rendez-vous difficiles à obtenir, et surtout une culture administrative trop complexe pour nombre de demandeurs. « Quand on n’a ni les codes du médical ni ceux de l’administration, monter un dossier devient une épreuve », explique-t-il.
Autre point soulevé, l’accès à l’information sur l’état d’avancement d’un dossier. Souvent inexistant. « Savoir où en est le traitement du dossier pourrait apaiser beaucoup d’angoisses », énonce un participant.
Des formulaires plus adaptés et plus humains
Le deuxième thème de travail était la lourdeur des formulaires. En particulier ceux destinés aux enfants ou aux jeunes adultes. Une demande émerge, différencier les dossiers adultes/enfants et les accompagner de notes explicatives claires, à l’image des fiches pratiques du fisc ou de certains sites publics. « Quand l’enfant a tout juste 18 ans, cela ne va pas être les mêmes accompagnement », ponctue une maman.
« Le projet de vie est l’un des points les plus difficiles, surtout lorsqu’un handicap vient d’être diagnostiqué », rappelle un usager. « Comment se projeter quand on est encore en état de choc ? » Des propositions émergent, d’une part la création de grilles d’orientation inspirées de vécus d’autres personnes handicapées. D’une autre une valorisation des associations comme soutien à l’élaboration des dossiers.
Une notification plus lisible, des droits mieux compris
Carine Taddia, représentante associative, a mis l’accent sur la méconnaissance des droits, tant du côté des bénéficiaires que des professionnels. Trop souvent, une notification illisible ou truffée d’acronymes empêche les personnes d’exercer pleinement leurs droits. « Il faut de l’humain derrière les procédures, insiste-t-elle. Un accompagnement réel, pas juste une lettre automatique. » Un constat partagé par les agents eux-mêmes. Ils plaident pour des outils plus clairs et mieux adaptés aux besoins du terrain. Ils évoquent par exemple la nécessité d’un formulaire spécifique pour la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) ou la mise en place d’un entretien systématique à 16 ans pour accompagner la transition vers l’âge adulte.
Une dynamique locale au service d’une ambition nationale
Autour de la table figuraient également la sous-préfète, la conseillère départementale, le directeur départemental, ainsi que le directeur général des services. Tous ont salué la démarche participative engagée dans les Alpes-Maritimes, où les politiques publiques se construisent avec les premiers concernés. Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre de l’Autonomie et du Handicap a clôturé les travaux avec émotion : « je veux remercier chacun d’entre vous pour ce travail de fond. Vos idées, vos propositions, vont m’aider à bâtir des solutions concrètes pour tous les territoires. Ce que vous avez commencé ici, c’est déjà la transformation. »
La ministre a souligné la détermination commune des usagers, des associations et des agents à faire bouger les lignes. Ce travail, a-t-elle promis, nourrira les futures étapes du plan national, notamment sur le parcours diagnostic et les modalités de restitution des évolutions directement aux acteurs du terrain.