Croisière : L’Union Maritime 06 salue la démarche de concertation engagée par l’État

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Un bateau de croisière au large de la baie de Villefranche sur Mer.
Photo DR Instagram Christian Estrosi.

Après des mois de tensions autour de la gestion des navires de croisière, l’État a présenté un dispositif commun pour les ports azuréens. Objectif : harmoniser les pratiques et réduire les impacts environnementaux sans opposer économie et écologie.

La table ronde organisée vendredi 10 octobre à Nice par le préfet des Alpes-Maritimes Laurent Hottiaux et le préfet maritime de la Méditerranée Christophe Lucas marque un tournant. Autour de la table, les collectivités locales, les acteurs économiques et les représentants du secteur maritime ont discuté d’une même voix : comment encadrer durablement les escales de croisière dans le département ?

L’Union Maritime 06 (UM06) salue cette initiative. Elle y voit « une étape importante vers une gestion apaisée et équilibrée d’une activité qui contribue à l’économie locale tout en répondant aux attentes environnementales. » Pour les ports de Nice, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu et Cannes, la régulation se veut désormais concertée, prévisible et partagée.

Le littoral azuréen impose en effet des contraintes particulières : les grands navires ne peuvent pas accoster à quai et doivent mouiller au large. Cette configuration nécessite des mesures adaptées pour limiter les nuisances et assurer une meilleure acceptation locale.

Les préfets ont présenté plusieurs règles qui seront intégrées dans un arrêté à venir. Le nombre de passagers débarqués par port ne pourra pas dépasser 3 000 personnes. La moyenne annuelle devra rester en dessous de 2 000. Un seul navire de plus de 1 300 passagers pourra être accueilli chaque jour. En juillet et août, la limite est fixée à 15 escales mensuelles.

Ces seuils marquent une inflexion nette par rapport aux pratiques passées. À Cannes, la municipalité avait fixé une limite à 3 000 passagers, tandis que la Métropole Nice Côte d’Azur souhaitait la réduire à 2 500 à Villefranche. L’État va plus loin, tout en cherchant à uniformiser les règles.

Trouver un équilibre entre économie et environnement

Pour Nice et sa métropole, cette décision met fin à plusieurs mois de tensions. Début juillet, la tentative de limiter unilatéralement l’accès du port de Villefranche aux navires de moins de 2 500 passagers avait provoqué une crise ouverte. Le refus d’obtempérer du paquebot Voyager of the Seas avait conduit à un bras de fer entre la Métropole et la Préfecture. Le tribunal administratif avait ensuite confirmé que seul le préfet pouvait réguler les entrées et sorties des navires.

Depuis, le dialogue s’est rétabli. Une table ronde en juillet avait permis de rouvrir la discussion. Celle du 10 octobre l’a concrétisée. L’État souhaite désormais que la régulation s’inscrive dans un cadre départemental cohérent, afin d’éviter que les restrictions dans un port ne déplacent les escales vers un autre.

Pour l’UM06, cette méthode est la bonne : « la croisière n’a pas besoin d’oppositions, elle a besoin d’un cap commun. » L’organisation rappelle que depuis 2010, le trafic croisière à Nice et Villefranche a été divisé par trois. Les nouvelles mesures devraient encore réduire le nombre d’escales.

La priorité donnée aux compagnies adhérant à la Charte Croisière durable en Méditerranée, signée en juin 2025, constitue un autre levier. Elle encourage l’usage de carburants moins polluants, la réduction des émissions à quai et la vigilance environnementale. Plus de 80 % des compagnies mondiales, réunies au sein de la CLIA, y ont déjà adhéré. L’UM06 souhaite que les communes azuréennes deviennent elles aussi signataires pour garantir une politique d’accueil cohérente.

Les préfets disposeront également de nouveaux outils. En cas de pic de pollution, ils pourront suspendre des escales ou imposer des restrictions supplémentaires à proximité des côtes. Les ports devront signaler tout dégagement de fumée suspect à la Direction interrégionale de la mer Méditerranée.

Cette régulation place la croisière parmi les activités de transport les plus encadrées du territoire. L’État justifie cette rigueur par la densité du littoral et la nécessité de concilier attractivité touristique et protection de l’environnement.

Pour les acteurs économiques, il s’agit désormais de trouver une voie d’équilibre. « Cette régulation doit être une boussole et non pas un frein », estime l’Union Maritime.

Nice en ligne de mire pour les prochaines étapes

La Métropole Nice Côte d’Azur est directement concernée par cette nouvelle gouvernance. Les ports de Nice et de Villefranche, souvent en première ligne du débat, deviennent des lieux d’expérimentation de la politique maritime départementale.

Les mesures devraient entrer en vigueur dès la saison 2026, après consultation du public et publication de l’arrêté préfectoral. Elles toucheront près de 200 000 passagers selon les estimations locales. Pour les compagnies, cela impliquera une réorganisation des plannings, souvent fixés deux ans à l’avance.

Si la démarche marque une contrainte pour le secteur, elle ouvre aussi une perspective claire. Les autorités veulent « une approche coordonnée et durable, adaptée aux spécificités du littoral azuréen. » Une méthode qui, pour la première fois, place Nice au centre d’une politique maritime partagée à l’échelle du département.

La croisière, symbole du tourisme azuréen, entre ainsi dans une nouvelle phase. Moins de volumes, plus de régulation. Un équilibre encore fragile, mais qui pourrait, à terme, redéfinir la place de Nice et des ports voisins dans la carte méditerranéenne du tourisme maritime.