Comme chaque 7 juillet, les communes de Gattières et de Nice honorent la mémoire de deux martyrs de la Résistance. À Nice, l’hommage s’est fait sur l’avenue Jean-Médecin, en face de leur mémorial.
81 ans après, Niçoises et Niçois n’oublient pas. Le 7 juillet 1944, Séraphin Torrin et Ange Grassi, résistants communistes résidant à Gattières, étaient pendus à Nice sur l’avenue de la Victoire (aujourd’hui Jean-Médecin). Depuis, un hommage annuel est prévu dans les deux communes.
Devoir de mémoire
C’est une élève de troisième du collège Roland Garros qui a ouvert la cérémonie. Un récit bref de trois minutes, dans un silence de plomb : « Chaque année, le 7 juillet, le Comité du Souvenir de la Résistance se fait un devoir d’honorer la mémoire de Séraphin Torrin et Ange Grassi ». La lauréate du concours national de la Résistance et de la déportation conclut : « Leur sacrifice est le gage le plus sûr pour que l’union fraternelle entre les peuples persiste à jamais ».
Un traditionnel dépôt de roses devant les portraits des deux martyrs, puis de germes par différentes figures locales : Anthony Borré (premier adjoint au maire de Nice), Laurent Hottiaux (préfet des Alpes-Maritimes), Jean-Christophe Picard (attaché principal territorial), le conseil municipal de Gattières… Puis, La Marseillaise, entonnée par la grande majorité, sonnant comme un cri de liberté.
Le Parti communiste français était également présent. Ses militants ont repris en chœur L’Internationale, chant révolutionnaire : « C’est la lutte finale, groupons-nous et demain, L’Internationale sera le genre humain. »
Deux sacrifices en guise de représailles
Qui sont Séraphin Torrin et Ange Grassi ? En 1944, Séraphin Torrin a 32 ans. Il est agriculteur à Gattières et s’engage très tôt dans la vie politique en rejoignant le Parti communiste et en devenant président du comité local du Front populaire. Il entre ensuite dans la Résistance au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP). Ange Grassi, 40 ans, est un maçon italien venu des environs de Sienne. Lui aussi est militant communiste et résistant FTP. Les deux hommes deviennent proches. Ensemble, ils mènent des actions contre les troupes italiennes et allemandes. Leurs attaques infligent de lourdes pertes aux convois ennemis. Le 3 juillet 1944, Torrin et Grassi sont arrêtés.
Gattières est encerclée par les forces allemandes et un collaborateur les dénonce : ils sont désignés comme communistes. Une perquisition est menée à leurs domiciles respectifs. Les soldats découvrent deux pistolets. Conduits à Nice, Ange et Séraphin sont torturés. Mais aucun des deux ne cède à la douleur afin de protéger leurs camarades. Le 7 juillet, ils sont condamnés à mort pour détention d’armes et appartenance au Parti communiste.
Ils sont pendus en public sur l’avenue de la Victoire, devant une centaine de Niçois contraints d’assister à la scène. Leurs corps restent exposés durant trois longues heures. Une image d’horreur gravée dans la mémoire collective, qui continue de résonner encore aujourd’hui.