Croisières : l’État fixe un cadre commun pour les escales dans les Alpes-Maritimes

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Après plusieurs mois de tensions entre la Métropole Nice Côte d’Azur et la Préfecture, l’État a présenté de nouvelles règles pour encadrer l’accueil des navires de croisière. Objectif : harmoniser les pratiques et réduire les impacts environnementaux.

La mer se calme entre la Métropole et la Préfecture. Trois mois après la polémique autour du départ forcé d’un navire de croisière à Villefranche-sur-Mer, l’État reprend la barre. Ce vendredi 10 octobre, le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, et le préfet maritime de la Méditerranée, Christophe Lucas, ont présenté un dispositif de régulation des escales dans le département.

Ces mesures, issues d’une concertation avec les collectivités et les acteurs économiques, visent à encadrer plus strictement les flux de croisiéristes tout en tenant compte des réalités locales. Un arrêté préfectoral doit prochainement les formaliser, après consultation du public.

Une réponse après des semaines de tensions

L’annonce intervient dans un contexte de crispation. Début juillet, le maire de Nice et président de la Métropole, Christian Estrosi, avait tenté d’appliquer un arrêté limitant l’accès du port de Villefranche aux navires de moins de 2 500 passagers. Le paquebot Voyager of the Seas, de la compagnie Royal Caribbean International, avec plus de 3 000 passagers à bord, avait refusé d’obtempérer. L’épisode avait provoqué une réaction immédiate de l’Union Maritime des Alpes-Maritimes, dénonçant une décision unilatérale et non concertée.

Quelques jours plus tard, le préfet avait saisi le tribunal administratif pour suspendre l’arrêté métropolitain. Le 13 juillet, la justice lui donnait raison, rappelant que « seul le préfet peut, dans le cadre de ses pouvoirs de police du plan d’eau, organiser les entrées, les sorties et les mouvements des navires. » La Métropole, selon le tribunal, n’était pas compétente pour réguler les escales.

Face à ces tensions, une table ronde s’est tenue le 11 juillet à la préfecture des Alpes-Maritimes. Autour de la table : les maires des communes littorales, le Conseil départemental, la CCI, l’Union maritime 06, l’UPE 06 et les représentants des compagnies de croisière. Christian Estrosi n’y était pas, mais avait, selon la préfecture, « assuré de son adhésion à la démarche de concertation. »

Limiter les flux et privilégier les compagnies engagées

Les nouvelles règles présentées ce 10 octobre s’inscrivent dans cette logique de coordination. Désormais, les escales de croisière seront limitées selon plusieurs critères.
Le nombre de passagers débarqués par port ne pourra pas dépasser une moyenne annuelle de 2 000 par escale, avec un maximum de 3 000 passagers débarqués. Les ports ne pourront accueillir qu’un seul navire de plus de 1 300 passagers par jour. En juillet et août, la limite est fixée à 15 escales par mois.

En cas de pic de pollution, les préfets disposeront d’un levier d’action renforcé : réduction des émissions à trois milles nautiques des côtes, voire suppression d’escales si le niveau d’alerte est élevé. Les capitaineries devront signaler tout dégagement de fumée inhabituel à la Direction interrégionale de la mer Méditerranée (DIRM MED), qui exigera des mesures correctives.

Autre nouveauté : les navires appartenant à des compagnies adhérentes à la « Charte Croisière durable en Méditerranée » bénéficieront d’une priorité pour les autorisations d’escale. Cette charte, révisée en 2025, encourage des pratiques plus respectueuses de l’environnement, notamment l’usage de carburants moins polluants et la réduction des émissions à quai.

Un équilibre entre tourisme et environnement

Pour les préfets, il ne s’agit pas de freiner le tourisme mais de le réguler. Le dispositif cherche à concilier « la qualité de vie et un développement économique respectueux des enjeux d’adaptation aux changements climatiques. » Les autorités insistent sur la nécessité d’une approche départementale coordonnée, afin d’éviter les transferts d’escales d’un port à un autre et de donner de la visibilité aux opérateurs, dont les plannings sont fixés deux ans à l’avance.

L’arrêté concernera les ports de Nice, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer et Cannes, qui accueillent chaque année un trafic important. Selon les estimations de la Métropole, les limitations décidées cet été auraient touché près de 200 000 passagers sur l’année 2026.

L’affaire a révélé les limites des compétences locales en matière maritime.

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