Pendant la quinzaine du Festival de Cannes, le marché locatif connaît une hausse spectaculaire. Entre villas louées pour des soirées et appartements transformés en bureaux temporaires, les tarifs s’envolent. Mais d’autres événements se révèlent parfois encore plus lucratifs pour les propriétaires.
Jusqu’au 24 mai, Cannes accueille la 78e édition de son célèbre Festival du film. Durant ces onze jours, la population de la ville est multipliée par trois. Pour loger cette foule venue du monde entier, les hôtels de luxe comme le Carlton ou le Martinez restent une valeur sûre. Ils permettent des réservations à la nuitée, ce qui convient à certains invités pressés. Les villas et appartements, eux, sont généralement proposés pour une semaine entière.
« Ce qui conviendra pour une star qui ne peut rester que deux jours à Cannes, alors que les villas et appartements de luxe ne peuvent pas être loués moins d’une semaine », explique Ornella Messina, responsable des locations haut de gamme chez Barnes Cannes.
Deux types de biens attirent plus les festivaliers : les villas en périphérie, souvent utilisées pour des soirées d’entreprise ou des événements privés, et les appartements proches de la Croisette. Certains sont utilisés comme lieux de vie, mais aussi comme espaces de travail pour les équipes de production et de communication.
Des prix à la carte et une forte demande
Pendant le Festival, les tarifs sont en nette augmentation. Selon Kretz Real Estate, le prix moyen par nuitée est multiplié par 2,5. Pour les logements les plus abordables, la nuit passe de 105 à 259 euros. Pour les biens les plus haut de gamme, elle grimpe de 371 à 927 euros. Le taux d’occupation moyen dépasse les 90 %, avec une hausse de près de 40 % par rapport à la période hors festival.
« Le Festival reste un levier puissant pour le marché locatif cannois, mais notre analyse montre que tous les biens ne surfent pas sur la même vague. Le positionnement, les prestations et l’image jouent un rôle clé dans la performance », précise Alexandre Bruneau, directeur général de Kretz Real Estate.
Les villas et appartements les plus chers ne profitent pas tous de la même dynamique. Cette année, la hausse des prix y est plus contenue : +25 % en moyenne, contre +50 % les années précédentes. Leur taux d’occupation n’augmente que de 17,8 %. Une tendance que les professionnels expliquent par un marché devenu plus concurrentiel et un public plus exigeant.
Sur le segment ultra-luxe, les tarifs peuvent grimper bien au-delà des moyennes. Magrey & Sons, une agence spécialisée dans l’immobilier de prestige, propose des locations entre 2 500 et 25 000 euros la semaine. Certains prix restent confidentiels, déterminés au cas par cas.
« Sur notre site, les prix sont “à partir de” et ils concernent la basse saison, ils ne sont absolument pas d’actualité en période de festival », rappelle Ornella Messina. Elle insiste sur le caractère confidentiel des tarifs réellement appliqués pendant l’événement.
Le Festival de Cannes : un boost pour les locaux
Michael Claes, mandataire chez Expertimo, confirme la diversité du marché. Il évoque un appartement de 130 m², à 25 mètres de la plage, loué 800 euros la nuit, soit 8 800 euros pour les onze jours. « Cet appartement accueillera à partir de ce soir un réalisateur de la sélection officielle du festival », précise-t-il.
Arnaud Charnallet, à la tête de l’agence ERA MAC Immobilier, évoque aussi des tarifs à 18 000 euros pour onze nuits. « Les loueurs sur le marché du haut de gamme déconnent un peu », lance-t-il, en référence à certains prix jugés excessifs.
Deux profils de propriétaires dominent le marché. D’un côté, les habitants de Cannes, qui ne louent leurs biens que pour le Festival ou les congrès. De l’autre, des investisseurs non-résidents, qui mettent leurs logements en location toute l’année, notamment durant l’été.
Le Festival de Cannes reste donc un temps fort pour l’économie locale. Mais les écarts de prix, la concurrence et la demande très ciblée poussent le marché à se structurer autour d’une offre de plus en plus segmentée.
