Cinq jours après la fusillade qui a fait deux morts et cinq blessés dans le quartier des Moulins, à Nice-Ouest, un rassemblement de recueillement sera organisé ce mercredi 8 octobre. Il se tiendra au niveau de la place Masséna à 14 heures. Un rassemblement à l’appel de l’Union des Tchétchènes de France pour rendre hommage aux victimes.
Ce mercredi à 14 heures, la place Masséna accueillera un rassemblement silencieux. Un moment de communion instigué par l’Union des Tchétchènes de France. L’association souhaite offrir un moment de mémoire et de soutien à ceux touchés par la fusillade survenue vendredi soir, dans le quartier des Moulins.
Les habitants, les proches des victimes et de nombreux Niçois sont attendus pour ce temps de recueillement. Le mot d’ordre est simple : se souvenir, se rassembler, refuser la violence.
Vendredi 3 octobre, vers 21h10, plusieurs coups de feu ont éclaté place des Amaryllis, au cœur des Moulins. Les assaillants, arrivés à bord d’une Peugeot 3008, ont ouvert le feu à proximité d’un point de deal. Deux personnes ont été tuées sur le coup, cinq autres blessées. Parmi elles, deux adolescents. Le parquet a indiqué qu’aucun pronostic vital n’était engagé.
Les deux victimes décédées sont un père de famille tchétchène né en 1966 et un jeune homme né à Nice en 2005. Selon le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, plusieurs blessés n’auraient aucun lien avec le trafic de stupéfiants. Les tirs auraient visé sans distinction les personnes présentes.
L’enquête, ouverte pour homicides et tentatives d’homicide en bande organisée, a été confiée à la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS). Sur les lieux, vingt-cinq douilles de calibre 7,62 mm et cinq de calibre 9 mm ont été retrouvées. Le véhicule suspect, volé à Marseille, a été découvert brûlé à Mougins dans la nuit.
Une émotion partagée, un débat relancé
Dans le quartier des Moulins, la tension reste vive. Les habitants évoquent la peur, la lassitude, et le sentiment d’être abandonnés. Ce quartier, classé prioritaire, est marqué depuis des années par des affrontements liés au trafic de drogue.
L’émotion dépasse toutefois les frontières du quartier. La communauté tchétchène, particulièrement touchée, appelle à la solidarité et à la dignité.
Sur le plan politique, les réactions se sont multipliées. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a demandé des moyens renforcés pour la police et la gendarmerie. Il a également évoqué la question migratoire, qu’il relie à la montée du narcobanditisme.
De son côté, le député Eric Ciotti a dénoncé « un gouvernement défaillant » et une mairie « impuissante ». Il réclame des perquisitions systématiques dans les zones sensibles et un durcissement des sanctions pour usage de stupéfiants.
Face à ces critiques, le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, défend l’action de l’État. Il rappelle que 300 personnes issues des quartiers des Moulins et de l’Ariane ont été incarcérées depuis le début de l’année dans le cadre de la lutte contre le trafic. Il insiste aussi sur la nécessité d’agir sur les conditions de vie et sur la vétusté des logements sociaux.
Le préfet estime que la réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire. Il appelle les bailleurs à assumer leurs responsabilités et évoque la difficulté d’entretenir un lien durable avec les habitants.
Entre douleur et besoin de justice
Alors que l’enquête se poursuit, les habitants attendent des réponses. Qui sont les tireurs ? Pourquoi ces victimes ? Dans le quartier, la peur se mêle à la colère. Beaucoup redoutent de nouveaux règlements de comptes. D’autres réclament plus de présence sur le terrain, plus d’écoute et de prévention.
Le rassemblement prévu place Masséna se veut un geste de paix. Il sera marqué par une minute de silence. Les organisateurs appellent chacun à venir sans drapeau ni slogan, pour faire corps autour des familles endeuillées.
