Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a proposé que les mairies arborent le drapeau palestinien le 22 septembre, jour où la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine. Le maire de Nice, Christian Estrosi, dénonce une démarche qu’il juge dangereuse pour la cohésion nationale.
Le 22 septembre, la France doit reconnaître officiellement l’État de Palestine. Le président de la République, Emmanuel Macron, l’avait annoncé en juillet, précisant qu’il en ferait la déclaration à l’Assemblée générale des Nations unies. Cette décision marque une étape diplomatique importante, fruit d’un engagement présidentiel de longue date.
Dans ce contexte, Olivier Faure a lancé un appel. Le premier secrétaire du Parti socialiste souhaite que les mairies fassent flotter le drapeau palestinien le jour de cette reconnaissance. « Le 22 septembre, quand la France reconnaîtra enfin l’État palestinien, faisons flotter le drapeau palestinien sur nos mairies », a-t-il écrit sur X.
L’initiative se veut symbolique. Elle vise à associer les collectivités locales à un moment que le dirigeant socialiste considère comme historique. Mais elle provoque immédiatement des réactions.
La riposte de Christian Estrosi
À Nice, Christian Estrosi a réagit avec fermeté. Il juge la proposition « indigne. » Pour lui, le contexte international rend ce geste inopportun. « Alors même que des otages israéliens sont toujours entre les mains du Hamas, cet appel ajoute de la division à la douleur », déclare-t-il.
Le maire de Nice redoute un risque d’importation du conflit en France. « Nous devons éviter à tout prix que ce conflit soit importé dans nos rues », affirme-t-il. Ce dernier insiste : « ce conflit est d’une complexité extrême. Il mérite du discernement », ajoute-t-il.
Dans la foulée, il annonce une démarche auprès des autorités. Il demande au préfet des Alpes-Maritimes d’interdire tout rassemblement en soutien à la Palestine. Il appelle aussi le gouvernement à agir pour que « ce drapeau ne flotte sur aucune mairie de France – du plus petit village à la plus grande métropole. »
Christian Estrosi justifie sa position en évoquant d’autres événements récents. Il fait référence à la Vuelta, la course cycliste espagnole perturbée par des manifestants pro-palestiniens. Selon lui, ces actions traduisent une dérive. « Les incidents récents sur la Vuelta, où certains tentent d’ostraciser un État et un peuple, montrent que cette dérive islamogauchiste est déjà à l’œuvre. Il est temps d’y mettre un coup d’arrêt clair », estime-t-il.
Un débat qui dépasse les clivages
La proposition de hisser le drapeau palestinien soulève des interrogations politiques et sociales. Elle interroge le rôle des symboles dans l’espace public et le rapport entre politique étrangère et vie locale.
Les partisans d’Olivier Faure considèrent l’acte comme une manière de célébrer la reconnaissance de la Palestine par la France. Pour eux, il s’agit d’un message de solidarité envers un peuple en quête d’État. À gauche, l’argument repose sur l’idée que la reconnaissance officielle doit se traduire par des gestes concrets.
Les opposants, eux, redoutent une politisation des mairies et un risque de tensions. Ils estiment qu’un drapeau étranger sur les façades communales pourrait alimenter des divisions dans un contexte déjà marqué par des crispations identitaires et religieuses.
Une reconnaissance attendue sur la scène internationale
Au-delà de la polémique, la reconnaissance de l’État de Palestine par la France s’inscrit dans une séquence diplomatique. Emmanuel Macron doit participer à une conférence internationale à New York, organisée avec l’Arabie saoudite. C’est à cette occasion qu’il prononcera son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU.
Cette décision française intervient alors que la situation à Gaza reste dramatique et que les perspectives de paix au Proche-Orient demeurent incertaines. Elle témoigne de la volonté de Paris de jouer un rôle actif dans la recherche d’une solution politique à deux États.
Mais sur le plan intérieur, le débat autour du drapeau palestinien montre combien le sujet reste sensible. Entre volonté d’affirmer une solidarité internationale et crainte de tensions locales, la discussion met en lumière des fractures politiques profondes.
Le 22 septembre, la reconnaissance officielle sera prononcée. Reste à savoir si les mairies suivront l’appel d’Olivier Faure ou si, comme le demande Christian Estrosi, l’État mettra un frein à toute initiative locale.