Sans chronomètre ni podium, mais avec des centaines de sourires : T’Cap est bien plus qu’un triathlon. À Nice, cet événement invite chacun à se dépasser à son rythme, dans une ambiance festive et solidaire.
Nage, vélo, course à pied… mais surtout sourires, entraide et défis à la carte. Le dimanche 22 juin 2025, la Promenade des Anglais s’apprête à accueillir une épreuve sportive pas comme les autres : « T’Cap », le premier triathlon pour tous. Dès 09 heures, plus de 500 participants, accompagnés de 200 bénévoles, se lanceront dans l’aventure, quel que soit leur âge, leur niveau ou leur handicap. Ici, pas de chrono, pas de classement, mais une volonté de faire du sport un terrain de mixité et d’égalité. Organisé quai des États-Unis, l’événement s’adapte aux capacités de chacun : parcours modulables, matériel adapté, accompagnement sur-mesure, village associatif animé… tout est pensé pour que chaque personne, enfant, senior, valide ou en situation de handicap, puisse dire fièrement : « Moi aussi, je suis cap ! ». Interview de Vivien Fontaine, président de « T’Cap ».
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer « T’Cap » ?
« Cela fait écho à mon cadre professionnel, en étant dans le médico-social. Je devais convaincre des entreprises, des associations sportives et des acteurs de la santé d’être plus inclusifs, notamment avec les personnes en situation de handicap. Mais sur le terrain, je constatais une dure réalité : les épreuves sportives comme les triathlons étaient quasi exclusivement réservées aux valides. Cela allait totalement à l’encontre de mes convictions. En 2019, alors que je préparais l’Ironman de Nice, je me suis dit avec quelques amis : « Et si on créait un événement où chacun puisse participer, quel que soit son niveau, ses capacités ou ses fragilités ? ». Un triathlon pour convaincre la société que d’autres modèles sont possibles. C’est ainsi qu’est né « T’Cap ».
Quelle est la signification du nom « T’Cap » ?
On voulait absolument éviter un nom qui mette l’accent sur le handicap. Ce n’est pas un événement pour les personnes handicapées, c’est un triathlon avec tout le monde, dans une vraie mixité. Le nom est venu comme un clin d’œil à la cour de récréation : « T’es cap ou t’es pas cap ? ». On parle ici de capacité, d’audace, de volonté. Et notre devise, c’est : « Quoi qu’on te dise, tu es cap ». C’est un message fort, qui parle à tout le monde, pas seulement à ceux qu’on pense différents.
Est-ce que vous avez vu les mentalités évoluer grâce à « T’Cap » ?
Oui, indéniablement. On a toujours refusé de faire de la sensibilisation au handicap au sens classique. On ne s’intéresse pas à ce que les gens ne peuvent pas faire, mais à ce qu’ils peuvent faire, à leur défi à eux. Je me souviens d’une élève de 6e qui m’avait dit : « Peut-être qu’on aurait moins peur si on les voyait plus souvent ». Beaucoup de personnes lourdement handicapées sont privées de liberté. « T’Cap » leur permet d’exister dans l’espace public.
Qu’attendez-vous de cette 4ᵉ édition ?
Des sourires. Des centaines de sourires. Voir 500 personnes se dépasser ensemble, s’entraider, s’encourager, c’est un bonheur immense. ll y a des histoires incroyables : une participante, sans aucun handicap diagnostiqué, n’avait jamais osé s’inscrire à un triathlon. Grâce à « T’Cap », elle a tenté l’aventure… et elle est aujourd’hui licenciée dans un club. On accueille aussi des personnes âgées, très âgées même ! À « T’Cap », le sport redevient un terrain de lien. C’est essentiel, surtout dans notre époque actuelle.
Comment rendez-vous les épreuves accessibles à tous les types de handicaps ?
On repense tout : fléchage, toilettes PMR, table de change pour les enfants ou les adultes dépendants. Mais surtout, on permet à chacun de définir son propre défi. Cela peut être quelques mètres de natation, quelques kilomètres de vélo… Ce n’est pas la distance qui compte, c’est le fait d’oser, d’essayer. Une trentaine de bénévoles spécialement formés sont là pour accompagner les personnes qui en ont besoin.
Pouvez-vous nous parler du matériel mis à disposition ?
Il y a de tout : des frites de piscine pour ceux qui veulent, des filets de soutien, des kayaks tractés, des tandems adulte ou enfant, des vélos pousseurs, des fauteuils MTC qu’on fixe au guidon d’un vélo… Tout est pensé pour permettre la pratique. Et je tiens à remercier la Ville de Nice, qui nous accompagne depuis quatre ans. Son engagement est total : services techniques, propreté, logistique, soutien politique… Sans elle, on ne pourrait pas tenir. Aussi essentiel, le rôle du médecin, Docteure Sandra Salamon. Beaucoup de participants n’osent pas se lancer parce que leur médecin traitant refuse de délivrer un certificat médical. Le jour J, elle est sur le terrain, elle suit les participants, elle accompagne, tout au long du parcours.
Et la suite ? Comment imaginez-vous « T’Cap » dans cinq ou dix ans ?
Nous sommes encore une jeune association, mais on a plein d’idées. Notre rêve, c’est de voir « T’Cap » inspirer d’autres événements : pourquoi pas un label « T’Cap » pour tous les projets qui osent bouger les lignes ? On est en discussion avec Bordeaux, Rennes… L’idée serait de co-organiser ou de soutenir d’autres initiatives, toujours dans cet esprit de sport vraiment inclusif. Et puis, à Nice, on espère collaborer un jour avec de grandes épreuves comme la Prom’Classic ou même l’Ironman, pour y glisser une touche « T’Cap ». On est prêts, on a l’énergie. »