Hier, vendredi saint, était le jour durant lequel les croyants observent le jeûne et participent à la Via Crucis. Dans un contexte plus laïque et neutre du point de vue confessionnel, le conseil municipal de Nice a remplacé cette pénitence par une jacasserie parfois confuse qui a dépassé les 10 heures de séance pour expédier 114 délibérations.
Pourquoi un ordre du jour si chargé avec le risque (avéré) de ne plus s’y retrouver entre délibérations stratégiquement importantes et celles plus mineures voire marginales, que seul un règlement vétuste et inadapté aux temps modernes oblige à porter dans l’hémicycle ?
Donc, d’un côté, une majorité municipale qui voulait mettre en œuvre une première partie des propositions issues du programme électoral du Maire de Nice, histoire de marquer l’état de grâce du vainqueur de l’élection.
De l’autre, des oppositions séparées idéologiquement mais qui sont parfois dans l’obligation de s’entendre pour pouvoir peser, un tant soit peu, dans le débat et s’accorder pour la distribution des postes qui leur sont réservés dans les différentes commissions.
Conclusion ? Des discussions où il n’était pas toujours facile de retrouver une logique à toute épreuve, des prises de positions souvent partisanes et quelques exploits de rhétorique de la part de ceux pour qui c’est une arme dans l’exercice de leur fonction.
Bref, une journée parfois à l’enseigne du théâtre burlesque avec quelques belles empoignades entre Marie-Christine Arnautu (une sacrée cliente) et Christian Estrosi : ça promet pour les six prochaines années !
De plus, on doit reconnaître que le maire de Nice a assuré la direction de cette longue séance sans se laisser aller aux envolées lyriques habituelles de la première mandature, mais, au contraire, faisant preuve de maîtrise et d’une certaine sérénité.
Doit-on imaginer que, lors de sa seconde mandature, Christian Estrosi sera la copie conforme, côté sobriété, du « speaker » de la Chambre des Communes d’Outre-Manche ?
Mais, pour en revenir aux points essentiels des délibérations assumées :
Les commissions d’appels d’offres et de délégation de service public seront présidées par Martine Ouaknine. Les oppositions seront représentées par Benoît Kandel et Christine Dorejo. Face au refus du FN (Le groupe d’opposition le plus important) de participer à ses commissions, les groupes PS/EELV et le groupe que nous appellerons Bettati par facilité de compréhension, se sont réunis dans un vote croisé pour leur candidat.
Les commissions Culture,Sport et Evénementiel, Jeunesse Proximité, Cohésion sociale, Finance et Administration Générale, Aménagement Urbain et Développement Durable sont ainsi constituées.
Concernant les bras-armés de la mairie de Nice, pas de modification non plus: Joëlle Martinaux garde la présidence du CCAS (Christine Dorejo et Lucienne Ferron ont été désignées au nom de l’opposition) , Dominique Estrosi-Sassone restera à la tête de Côte d’Azur Habitat (Martine Martinon siègera au nom de l’opposition) et Philippe Pradal, celle de la Semiacs.
Une autre délibération importante mérite une citation : L’élection de Jean-Pierre Royanez, magistrat honoraire, en tant que président du Comité Ethique que Christian Estrosi avait évoqué lors de sa campagne électorale. Il formera son équipe dans les prochains jours et il est certain qu’il ne manquera pas de travail avec un premier dossier qui devrait arriver sur son bureau : L’achat d’une oeuvre d’une artiste, colistière (non élue) de la liste de la majorité municipale Nice Ensemble. Sa décision pourrait même faire jurisprudence.
Dans la même ligne, on trouve la création d’un poste de médiateur (fonction née il y a quelques décades en Suède sous la dénomination de Ombusdman), autorité chargée de favoriser la résolution des litiges entre l’administration et les citoyens, au nom de l’équité.
Et encore, pour citer les plus importants : le Service Bleu pour les petits entretiens, la Maison d’accueil des victimes d’actes de violences ou d’incivilités ou encore, la charte d’achat public qui permettra de favoriser les entreprises locales.
Pour finir, comment de pas parler d’un acte qui, s’il n’est pas un acte politique… lui ressemble étrangement : La reprise en régie du groupement des CEDAC (6 centres d’animations et de loisirs) avec près de 7 000 adhérents.
La raison invoquée par l’opposition serait la présence de Madame Bettati (épouse du conseiller d’opposition et ancien adjoint de Christian Estrosi) à la présidence de cette association et une volonté manifeste de lui faire payer son acte électoral dissident.
Du côté du Maire de Nice, on réplique avec une volonté de reprendre ces activités en régie comme l’ont été, avec une certaine réussite, les cantines scolaires, les transport ou l’eau.
On dit volontiers que » La vengeance est un plat qui se mange froid ».
Dans ce cas, il y a nécessité d’en changer la température !