
À quatre mois de l’élection, la campagne niçoise s’intensifie. Les prises de position se multiplient, les alliances évoluent, les candidats affinent leurs messages et les débats s’élargissent à des enjeux locaux et nationaux. Nice Premium vous propose comme chaque semaine, de faire un tour d’horizon des forces en présence.
Christian Estrosi (Horizon)
Christian Estrosi a lancé officiellement sa campagne devant ses soutiens réunis au centre des congrès OcéaNice. Il était accompagné de son directeur de campagne, Anthony Borré. L’édile affirme être « en pleine forme » et assure avoir « mangé du lion ». Il liste ses engagements tenus. « Quand je promets je fais et surtout quand personne n’y crois. J’avais promis de finir la voie Mathis, j’avais promis la Promenade du Paillon », tout en se voulant rassurant : « l’essentiel c’est vous, c’est que les niçois puissent dormir tranquille, le pays ne va pas bien mais Nice se veut un véritable refuge. »
Le meeting a duré près de deux heures durant lesquelles le maire a répondu aux questions de ses soutiens. Il a défendu son bilan, évoqué les finances, les projets et la situation du pays. La coulée verte et la voie Mathis ont été mises en avant comme des chantiers structurants.
Cette entrée en campagne marque l’ouverture d’un duel annoncé avec Éric Ciotti. Gaël Nofri, membre de l’équipe de campagne de la majorité actuelle, critique le camp adverse et dénonce une campagne déjà entachée selon lui d’irrégularités. Il accuse le candidat de l’Union des Droites d’enfreindre le code électoral. Il évoque des autocollants apposés sur des taxis, jugés contraires aux règles. « Nous les appelons tout d’abord à cesser l’instrumentalisation d’une profession, méthode peu scrupuleuse à laquelle nous n’avons jamais cédé. » Le conseillé municipal évoque aussi « la violation des règles d’affichage » et « un financement de campagne électorale par personne(s) morale(s). » Selon lui, ces faits seront signalés aux autorités.
Graig Monetti, autre membre de l’équipe du maire en place, répond aux critiques de Christelle D’Intorni sur le cumul des mandats. Il écrit : « voilà un vieil adage populaire qui a dû échapper à Madame d’Intorni. » Il rappelle les propres mandats de la députée, et met en avant une contradiction entre ses propos et sa pratique estimant légitime qu’un élu municipal puisse exercer une activité professionnelle afin de ne pas dépendre exclusivement de fonds publics.
Éric Ciotti (UDR)
Éric Ciotti structure sa campagne autour de la sécurité, des questions institutionnelles et de la prévention des conflits d’intérêts. Sa porte-parole, Christelle D’Intorni, met en avant une proposition de loi visant à interdire aux maires des grandes villes et présidents de métropoles d’exercer des activités de conseil. Elle veut « limiter les risques de conflit d’intérêts. » Son texte prévoit « l’interdiction pour les maires des villes de plus de 100 000 habitants et les présidents de métropole, d’exercer toute activité de conseil en cours de mandat, y compris celles qui ont débuté dans les 12 mois qui précèdent l’entrée en fonction. » Elle ajoute d’autres interdictions visant les collaborations avec des entreprises et acteurs publics étrangers.
Le candidat de l’Union des Droites a présenté sa deuxième colistière, Françoise Souliman. Ancienne préfète, elle sera responsable de la thématique sécuritaire. Elle rejoint la liste soutenue par le Rassemblement national. Elle déclare : « ce choix n’est pas facile quand on est haut fonctionnaire, mais c’est parce que je connais bien Éric Ciotti et ses valeurs gaullistes que nous partageons depuis longtemps. » Elle se dit « une femme libre » et décrit Nice comme un « choix de cœur » ou elle a débuté sa carrière.
Son parcours témoigne d’une longue expérience administrative. Elle a exercé dans plusieurs départements. Elle a été désignée pour travailler sur la sécurité du G7 prévu en 2026.
Mireille Damiano (Nice ! Front Populaire)
Mireille Damiano avance sous les couleurs « Nice ! Front Populaire ». Sa liste reçoit le soutien de personnalités engagées. L’astrophysicien Eric Lagadec a constitué un comité de soutien. Cédric Herrou, militant connu pour sa solidarité envers les migrants, s’y associe. Geneviève Legay figure également parmi les soutiens.
Cédric Herrou et Jonathan Gensburger ont publié un long texte sur les réseaux sociaux. Ils disent vouloir réagir « aux bassesses » des rivaux. Jonathan Gensburger estime : « l’idée, c’est de dire qu’il faut arrêter de laisser passer tout ça, se rendre compte qu’on est des dizaines de milliers très fréquemment choqués par des propos, des mensonges du maire. » Il insiste sur la nécessité d’agir.
Les auteurs dénoncent aussi un « nivellement par la droite. » Ils critiquent certains propos sur les personnes vivant dans la rue. Leur texte contient une tirade sur la décision de donner au parvis de l’hôtel des polices le nom de Nicolas Sarkozy. Cédric Herrou écrit : « que ça vous plaise ou non, Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable en première instance d’association de malfaiteurs… »
Ils critiquent également la présence d’Éric Ciotti à une séance de dédicace de Jordan Bardella. Cédric Herrou critique : « encore une fois par son opportunisme, c’est ça le danger du populisme à des fins personnelles. »
Les deux hommes fustigent enfin une vidéo de Christian Estrosi. « Monsieur Estrosi, tentez d’exister en aboyant sur les réseaux sociaux (…) » peut-on lire. Leur message final souhaite « la plus grande, la plus belle et la plus immense défaite possible », aux deux hommes (Christian Estrosi et Eric Ciotti).
La liste met aussi en avant un engagement sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Le parti appelle à renforcer l’accueil, le relogement et la formation des personnels. Il propose la création d’une Maison des femmes ouverte en continu (dont l’annonce devrait être faite par la municipalité ce lundi N.D.L.R). Mireille Damiano souhaite faire de cette question une priorité municipale.
Hélène Granouillac (Vivre Nice)
Hélène Granouillac, candidate de Vivre Nice, prend position sur la dénomination du parvis du futur hôtel des polices. Elle souhaite un nom fédérateur et propose le « Parvis des héros maralpins » en se référant à un sondage local et jugeant nécessaire de dépasser les polémiques. La candidate juge la décision du maire insuffisamment concertée et souhaite une appellation qui rende hommage aux victimes de crimes, d’attentats ou de catastrophes.
La tête de liste Vivre Nice se prononce pour un climat politique apaisé se qui créé une distinction avec les autres groupes tout en refusant ce qu’elle décrit comme des instrumentalisations. Elle insiste sur la capacité des citoyennes et citoyens à faire preuve d’héroïsme dans des situations difficiles.
Cette semaine, la question du narcotrafic a également été au centre du débat dans cette liste. Le parti décrit une scène vécue dans son quartier évoquant un climat qui touche plusieurs villes. Il rappelle des actions menées par des habitants dans les années 1990 et met en avant les liens entre précarité, narcotrafic et dégradation du tissu social. La liste Vivre Nice propose de renforcer le collectif, l’éducation, la culture et le soin tout en appelant à utiliser les fonds issus des saisies pour financer ces actions.
Nathalie Dloussky (Ensemble pour la grandeur de la France)
Nathalie Dloussky, tête de liste d’Ensemble pour la grandeur de la France, analyse la situation politique locale et nationale. La candidate estime que Christian Estrosi reste favori, mais que son appel à la démission du président de la République génère une fracture. Elle évoque des sanctions financières touchant la ville. Nathalie Dloussky considère que ces tensions fragilisent les projets et appelle les Niçois à mesurer l’impact de ces choix.
La candidate Ensemble pour la grandeur de la France évoque aussi la dépendance politique de Christian Estrosi liée au destin d’Édouard Philippe. Elle décrit deux issues possibles selon le résultat de la présidentielle de 2027. Elle s’inquiète des conséquences d’un isolement politique sur les projets municipaux.
Par la suite, la tête de liste pour l’élection du mois de mars prochain développe un volet sur l’endettement de Nice. Elle décrit une capacité de désendettement de 53 ans craignant des risques de stagnation. Elle propose une alternative fondée sur la maîtrise des dépenses, la transparence et un dialogue renforcé avec l’État.
Juliette Chesnel-Le Roux (Unis pour Nice)
Juliette Chesnel-Le Roux mène la liste Unis pour Nice. Sa campagne se structure autour d’un discours sur la transparence, l’éthique publique et la participation citoyenne. Elle met en avant une méthode fondée sur l’écoute et la co-construction. Son équipe diffuse des messages réguliers sur les réseaux sociaux. La critique principale vise la gouvernance actuelle et la concentration des responsabilités autour du maire sortant.
Son numéro deux, Julien Picot, prend une place importante dans l’expression publique du mouvement. Il a dernièrement publié un texte dans lequel il écrit : « Christian Estrosi : la politique comme carrière personnelle ». Il s’appuie sur un article du Canard Enchaîné qui dénonce les multiples fonctions exercées par le maire. Selon lui, ces activités s’éloignent des préoccupations locales. Il estime que cette situation crée un décalage avec le quotidien des habitants. Il poursuit : « pendant que les Niçois tirent le diable par la queue, le maire de Nice multiplie les mandats. »
La liste veut incarner une alternative axée sur la proximité. Elle souligne des difficultés rencontrées dans plusieurs quartiers. Elle critique un manque d’échanges directs entre la municipalité et les habitantes et habitants. Elle insiste sur la nécessité d’une relation plus directe entre élus et population. L’équipe souhaite un changement de méthode. Elle évoque des réunions publiques plus régulières. Elle propose la mise en place de conseils de quartier dotés de moyens réels.
Julien Picot met en avant la nécessité d’un tournant : « Nice vaut mieux que ces vieilles méthodes. » Il appelle à un renouvellement des pratiques en usant d’un ton offensif pour marquer une rupture symbolique. Le secrétaire départemental du PCF 06 veut incarner une génération politique différente. Le message s’adresse aux électeurs déçus par les tensions nationales et locales. Il cible aussi les habitants qui souhaitent davantage de contrôle citoyen sur la décision publique.
La tête de liste Juliette Chesnel-Le Roux développe en parallèle un discours sur l’urgence sociale. La conseillère municipale d’opposition évoque les difficultés liées au coût du logement tout en abordant les enjeux de mobilité, de santé et de transitions écologiques. Elle propose des mesures pour améliorer les transports du quotidien et met en avant la nécessité de renforcer les services publics de proximité. Elle se positionne également sur les enjeux climatiques appelant à adapter la ville aux vagues de chaleur et aux risques nouveaux.
La rédaction ajoute que chaque candidat souhaitant se déclarer peut nous contacter à l’adresse suivante : kevin.sanchez@nicepremium.fr