
Une union des droites. C’est ce que propose le député et candidat à la mairie de Nice en 2026, Eric Ciotti. Dans une lettre adressée ce samedi 18 octobre aux adhérents de son ancien parti, il invite les militants des Républicains à rejoindre l’Union des Droites pour la République (UDR). Un parti qu’il a fondée en juin 2024.
Éric Ciotti tourne une nouvelle page dans sa carrière politique. Dans une longue lettre adressée aux adhérents des Républicains, le président de l’Union des Droites pour la République (UDR) s’adresse à ceux qu’il appelle encore ses « compagnons » et ses « amis ». « Notre pays traverse une crise historique, à la fois sécuritaire, migratoire, économique et institutionnelle », écrit-il d’emblée. Une entrée en matière qui donne le ton d’un texte à la fois offensif et empreint de désillusion. Selon lui, « la France et les Français n’ont jamais eu autant besoin d’une droite forte, claire et courageuse. »
Le contexte politique alimente sa prise de parole. Ce jeudi 16 octobre, le dernier gouvernement en date de Sébastien Lecornu a échappé de peu à une motion de censure. Dix-huit voix ont manqué pour la faire adopter. Pour Éric Ciotti, ces dix-huit voix symbolisent la défaite morale de son ancien parti. « Dix-huit votes que Les Républicains n’ont pas eu le courage d’accorder au sursaut français, dénonce-t-il. Les militants ont été trahis, les électeurs ont été floués. »
Il s’en prend directement à la ligne suivie par Laurent Wauquiez et les parlementaires LR. « Le groupe de députés LR présidé par Laurent Wauquiez a refusé de voter la censure », écrit-il, fustigeant les divisions internes et « les guerres d’ego » qui auraient paralysé le parti. Pour l’ancien président de LR, cette attitude a conduit à une « trahison supplémentaire », confirmant selon lui la nécessité de son départ. « J’ai brisé le mur du politiquement correct », affirme-t-il dans sa lettre.
L’union des droites comme horizon
Éric Ciotti revendique la création de l’Union des Droites pour la République en juin 2024 comme la suite logique de son engagement politique. « Écœuré par les lâchetés des chapeaux à plumes de LR et convaincu qu’une alliance des droites était le seul moyen de voir nos idées accéder au pouvoir, j’ai fondé l’UDR, héritier de la grande famille gaulliste », peut-on lire dans le courrier.
L’ancien patron des Républicains rappelle qu’il agit « en toute indépendance », mais revendique son alliance avec le Rassemblement national. « J’ai bâti une alliance avec le Rassemblement national. J’ai fondé l’UDR, Union des Droites pour la République, héritier de la grande famille gaulliste. » Selon lui, cette stratégie s’impose désormais comme la seule capable « de redresser le pays, de rétablir l’ordre et de défendre notre identité. »
Son discours vise les adhérents déçus de LR, qu’il accuse d’avoir « courbé l’échine devant le pouvoir et la gauche. Il martèle : notre renaissance ne viendra pas de ceux qui courbent l’échine devant le pouvoir et la gauche. Elle viendra de ceux qui n’ont jamais trahi leurs convictions. Elle viendra de l’union des droites, de la grande alternance. »
Cette union est au cœur de sa stratégie. Pour lui, elle doit dépasser les clivages anciens et fédérer les forces de droite autour d’un projet commun. Il appelle les militants à « ne plus avoir honte de préférer le rassemblement des partis de droite à la soumission morale du diktat de la gauche. »
Une offensive vers les adhérents LR
La lettre d’Éric Ciotti n’est pas seulement un texte politique ; c’est un appel au ralliement. « Rejoignez la famille politique que LR aurait dû devenir », ajoute celui qui est également conseiller départemental. Le message vise directement la base militante de son ancien parti.
Le président de l’UDR met en avant la croissance de sa jeune formation : « nous sommes déjà plus de 20 000 et vous êtes plusieurs centaines à nous rejoindre chaque jour depuis les événements tragiques des dernières semaines. »
Une affirmation que confirment plusieurs sources proches du parti. Selon Paris Match, environ 4 000 anciens adhérents LR auraient rejoint l’UDR depuis l’échec de la motion de censure. Un afflux facilité par une procédure simplifiée : pour un euro seulement, un adhérent LR peut rejoindre le nouveau parti, contre vingt euros pour une adhésion classique. Aucune preuve d’appartenance antérieure n’est exigée, une simple déclaration sur l’honneur suffit.
Cette dynamique s’inscrit dans un contexte de crise profonde pour Les Républicains. Le refus de voter la censure a provoqué des tensions internes et une nouvelle vague de départs. Pour beaucoup de militants, la position défendue par Éric Ciotti résonne comme une alternative claire à une ligne jugée indécise.
En s’appuyant sur le discours de « l’union des droites », Éric Ciotti cherche à construire un bloc politique capable de concurrencer la majorité présidentielle et la gauche. Il évoque une base militante composée de « parlementaires, maires, conseillers départementaux et régionaux, qui, selon lui, forment une force centrale de la vie politique capable de peser sur le destin du pays. »
Un message de rupture et de recomposition
La lettre d’Éric Ciotti marque une étape supplémentaire dans la recomposition de la droite. Elle scelle une rupture définitive avec son ancienne formation et confirme son rapprochement avec le Rassemblement national. « La situation actuelle me donne raison », ajoute le candidat UDR aux municipales 2026 à Nice. Pour lui, Les Républicains ont manqué le virage qu’aurait dû prendre la droite française : celui d’une alliance large face à la gauche et au centre.
Le député des Alpes-Maritimes se présente comme le porteur d’un projet de redressement. « C’est pour cette raison que je vous appelle à rejoindre l’UDR pour refonder la droite », conclut-il. Et d’ajouter : « adhérez, faites adhérer vos proches, soyez les ambassadeurs du renouveau français. »
La lettre se termine par un appel à l’union et à la mobilisation : « amplifiez la vague qui monte dans le pays. » Éric Ciotti signe : « pour que la France reste la France. À droite et dans l’union, rejoignez l’UDR. »