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4 mai 2024

Un conseil municipal de plus en plus bananier

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Présidé par Monsieur le « Maître » de Nice, Jacques Peyrat, le rendez-vous estival de la Mairie s’annonçait chaud. Les dernières affaires politico-judiciaires étaient présentes dans tous les esprits. Des sujets brûlants devaient être abordés pour une décision collective : l’avenir de la cité de la Buffa, l’extension de la zone franche de l’Ariane, le réaménagement du pôle universitaire Saint-Jean-d’Angély, les travaux du tramway et ceux du nouveau stade…


peyrat2-2.jpg Monsieur le Maire, un peu soupe au lait, avait trouvé la tactique pour faire taire ses opposants : celui qui ose le contredire est privé de micro. Une formule magique qui fait ses preuves.

La réunion s’est déroulée avec peu de vagues. Quelques contestations ont toutefois réussi à franchir le mur du son. Faute de budget suffisant, la Ville sera contrainte de céder la cité de la Buffa à un investisseur privé pour plus de 2 millions d’euros. Un bug : son nom est resté à ce jour anonyme. Tollé des représentants des commerçants « C’est un projet pipé depuis le début. Il est coûteux mais on ne sait pas ce qu’il va y avoir. C’est flou ». Aussitôt réprimé par un sec : « Bon, on passe au vote ?». Réplique blasée d’Auguste Vérola, commerçant et conseiller général UMP, directement concerné : « A chaque fois qu’on a un avis, vous nous ignorez ».

Plus polémique encore, le projet Pasteur et l’Ariane dans son ensemble. Zone sensible à plusieurs niveaux, elle a déclenché des débats violents. Pour commencer, la Conseillère Municipale PCF, Simone Monticelli, s’est timidement insurgée contre la présence des gravats, laissés en état après la démolition de l’immeuble Maccario à l’Ariane. « Je réitère la demande de confinement car les habitants se demandent s’il n’y a pas de risques d’amiante ». Impassible, Monsieur le Maire laisse tomber un : « Ma pauvre Madame Monticelli, vous êtes une petite chose, vous n’êtes rien face à l’inspecteur». L’occasion pour Dominique Estrosi, conseillère municipale, de réprimander copieusement la Conseillère, abasourdie : « Vous vous livrez à une désinformation, à un « ameutage » ! Vous ne rendez pas service à la population. On déplore que les gravats soient toujours là, surtout en période estivale. Mais ils ne sont pas dangereux. Arrêtez avec vos histoires d’amiante ! ». Le Maire rajoute : « Vous êtes un frein à la destruction des logements sociaux ». Et coupe le micro.

Plus fort : la suppression du commissariat de police. De nouveau, la Conseillère Monticelli s’insurge : «La fermeture du commissariat est une catastrophe. Depuis, des actes de vandalisme, de sauvagerie, graves, que nous ne connaissions pas auparavant, se sont multipliés. Et je ne parle pas des travaux, au point où nous en sommes. Mais on a atteint un seuil d’insécurité de circulation… ». « Merci Madame Simone », répond Monsieur Peyrat, sourire narquois, pourtant très pointilleux sur l’insécurité. Dans cette logique, il n’y aura pas d’écran géant dans tous les quartiers pour la finale de la Coupe du monde du football. «Ce qui lui fiche la trouille, c’est que les jeunes de l’Ariane descendent en centre ville », confie Jean-Marie Tarragoni, l’ancien homme de confiance du Maire.

Les passions étaient à leur comble sur le sujet de l’extension de la zone franche urbaine aux quartiers Bon Voyage, Saint-André et La Trinité. Nice Plurielle, groupe d’opposition des élus municipaux, soulignait que le succès des ZFU était contestable concernant le quartier de l’Ariane. Sentiment de confinement, manque d’initiatives culturelles, faute de soutien financier de la municipalité, chômage, échec scolaire… L’Ariane est un cocktail Molotov de maux urbains. « Le type de contrats proposés dans les ZFU pose problème et j’attends toujours vous indications », ose Bruno Della-Sudda, professeur au collège de l’Ariane et conseiller municipal de l’opposition.

Micro coupé, en faveur du Front National. « Il est nécessaire d’élargir cette expérience en raison des craintes sécuritaires des voisins des zones franches », clame ce fidèle lieutenant du Maître. Nouvelle intervention de l’opposition : « J’aimerais vous rappeler que 58 entreprises de ce quartier ont dû être redressées par l’URSSAF en juin pour des millions d’euros ». Frédérique Grégoire, conseillère municipale de la liste Nice Plurielle est très remontée. Tout le Conseil est en feu. « Vous n’étiez pas encore née quand le Conseil Municipal a été crée », glisse Jacques Peyrat. Re-micro coupé et re-passage au vote. Telles des volailles atteintes de la Grippe aviaire, les habitants des zones voisines vont donc aussi être confinés. L’opposition vote contre l’élargissement. La majorité pour.

Le Conseil Municipal est clos sur une nouvelle séquence de soap-opéra. « L’opposition a joué son rôle d’opposition, la majorité le sien », conclut Auguste Vérola. « Globalement, les projets sont bons, mais on ne peut pas s’exprimer. Il faut arrêter de se moquer des gens en permanence, tout ramener à soi. Ce qui est bon pour la ville est bon pour le Maire, mais ce qui est bon pour le Maire n’est pas forcément bon pour la ville ». Prochain épisode en septembre.

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