Le mouvement citoyen conteste la désignation unilatérale de Juliette Chesnel-Le Roux comme tête de liste. Il dénonce une rupture avec la dynamique née lors des législatives de 2024.
À Nice, la gauche prépare déjà l’échéance municipale de 2026. Hier, vendredi 5 septembre, les socialistes, les communistes et les écologistes ont annoncé leur candidate commune : Juliette Chesnel-Le Roux. Cette décision, présentée comme un acte d’unité, ne fait pas consensus. Le mouvement citoyen Viva! y voit au contraire une impasse politique.
Dans un communiqué, l’organisation parle d’une « stratégie des irresponsables. » Pour ses membres, la méthode employée brise la dynamique née autour du Nouveau Front Populaire lors des législatives de 2024. Ils rappellent que, pour la première fois depuis longtemps, des candidats de gauche avaient atteint le second tour à Nice. Selon Viva!, cet élan avait mobilisé de nombreux citoyens éloignés jusque-là de la politique, notamment parmi les jeunes.
Une fracture dans le camp progressiste
Les termes employés par Viva! sont clairs. « Le choix du PS, du PCF et des Écologistes niçois d’annoncer, dès à présent et de façon unilatérale leur tête de liste, confirme l’abandon d’une sincère démarche unitaire », affirme le mouvement. Pour lui, ce positionnement menace les chances de construire une alternative capable de rivaliser avec la droite et l’extrême droite en 2026.
Viva! souligne avoir plaidé pour une démarche large. Le mouvement dit avoir proposé « systématiquement un rassemblement large de la gauche et de l’écologie sans exclusive. » Mais ses efforts n’ont pas trouvé d’écho. L’organisation estime qu’en privilégiant une désignation rapide, les partis traditionnels referment le jeu politique.
« L’abandon irresponsable d’une démarche unitaire de toute la gauche met en péril l’espoir de barrer la route efficacement à l’extrême-droite et à la droite-extrême », poursuit le communiqué. En réponse, Viva! annonce vouloir poursuivre son action. Le collectif veut s’appuyer sur « une vraie mobilisation populaire » et affirme continuer à porter les thèmes de la démocratie locale, de la solidarité et de l’écologie.
Du côté des trois partis, l’heure est pourtant à l’affichage d’unité. La réunion du 5 septembre, organisée à Borriglione, a consacré l’investiture de Juliette Chesnel-Le Roux. Présidente du groupe écologiste au conseil municipal et à la Métropole, elle a été présentée comme la figure capable de rassembler. « C’est Juliette Chesnel-Le Roux qui sera notre tête de liste. Fin du suspense », a lancé Patrick Allemand, chef de file des socialistes.
La liste commune commence à prendre forme. Le communiste Julien Picot occupe la deuxième place, tandis que Patrick Allemand se situe parmi les quatre premiers. La troisième position reste en discussion.
Lors de sa première déclaration, la candidate a mis en avant la justice sociale et le pouvoir d’achat. « Cela passera par le logement et les transports », a-t-elle expliqué. Elle a insisté sur la transition écologique, qu’elle veut axée sur les mobilités propres, et sur la démocratie locale, fondée sur la transparence et l’implication des habitants.
Julien Picot a détaillé d’autres priorités : encadrement des loyers, arrêt du tourisme de luxe, gratuité des transports, mise en place d’une police de terrain dans toute la ville et création des assises de la culture dès 2026.
Deux lignes face à face
La fracture n’est pas totale. Le PCF 06, par la voix de Julien Picot, dit vouloir « travailler avec tout le monde, sans ligne rouge. » Les discussions avec La France insoumise sont encore ouvertes, même si elles n’ont pas avancé depuis le début de l’été. Avec Viva!, les échanges ne sont pas rompus non plus. Le secrétaire départemental assure que le mouvement citoyen a été « attentif » au projet présenté et qu’aucune porte n’est fermée.
Pour l’instant, les faits contredisent ce discours d’ouverture. Viva! rejette la méthode et refuse de valider une investiture qu’il juge prématurée. Le mouvement se pose en garant d’une démarche citoyenne, face à ce qu’il qualifie de « course aux places. »
À un peu plus de six mois du scrutin, deux stratégies coexistent donc dans le camp progressiste. D’un côté, une liste déjà structurée autour d’une élue écologiste et des appareils politiques traditionnels. De l’autre, un collectif qui refuse cette logique et dit vouloir maintenir un horizon plus large.
La campagne municipale à Nice s’annonce longue. Elle sera marquée par ces tensions internes, sur fond d’enjeux sociaux, écologiques et démocratiques. Reste à savoir si les acteurs de gauche trouveront un terrain d’entente avant 2026 ou s’ils partiront divisés face à la droite et à l’extrême droite.