A quelques semaines d’intervalle, deux rapports publiés aux Etats-Unis viennent d’ailleurs de réfléchir aux nouvelles approches susceptibles d’être adoptées par l’Administration américaine dans sa lutte contre les groupes les plus radicaux. La première étude menée par les spécialistes de la Rand Corporation, « How terrorist groups end : Lessons for Countering al Qa’ida » tente de définir les moyens de mettre un terme aux activités et aux soutiens des groupes terroristes islamistes. Elle relève une « sophistication », notamment en milieu urbain, des « actions des groupes terroristes en termes humains comme en moyens logistiques », argument à même d’écarter la prétention américaine de les combattre par des moyens uniquement militaires. D’où le souhait affiché par les auteurs de voir remplacer le concept de « War on terror » par celui de « counterterrorism », une différence qui n’est pas, selon eux, de pure sémantique. Celle-ci permet d’éliminer l’idée d’un « champ de bataille comme solution au problème » de même qu’elle évite une forme de « légitimation des terroristes susceptible d’être induite par le mot de guerre ». Le rapport insiste notamment sur la double priorité qui devrait être celle de la prochaine équipe à Washington : un renforcement des moyens de police et des services de renseignement, une intensification de leur coopération avec les autorités des pays concernés ainsi qu’un désengagement des forces militaires, aux résultats considérés comme inopérants, au profit de forces locales de sécurité, plus légitimes à intervenir.
Plus récent, l’autre rapport intitulé « Global Trends 2025 : a Transformed World » émane du Conseil National du Renseignement américain. Il explique qu’à l’horizon 2025, « des descendants de groupes terroristes établis depuis longtemps » et dont ils « hériteront des structures d’organisation », des « chaînes de commandement » ainsi que des « procédures d’entraînement » nécessaires à la conduite d’actions sophistiquées seront rejoints par des « groupuscules nouvellement émergeants fondés sur l’auto-radicalisation » et la prise en considération des « conditions de vie locale ». Raisonnant en terme de « vagues de terrorisme », les auteurs tiennent pour fondamental le fait de savoir « comment et pourquoi un groupe terroriste succède à un autre ».
Si, dans l’après-coup, ces deux rapport jettent une cruelle lumière sur les derniers événements de Bombay, ils convergent, notons le au passage, sur un point essentiel : dans une quinzaine d’années, les Etats-Unis conserveront un niveau de puissance considérable qu’ils devront néanmoins partager avec une multitude d’autres Etats dans le monde. Un argument sur la possible dilution des responsabilités auquel les terroristes risquent de ne pas être très sensibles.