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29 avril 2024

L’Edito du Psy – Iran : impasse, surenchères et ouvertures

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jpg_bobine2008-15.jpgEn renouant spectaculairement avec la Syrie, Nicolas Sarkozy devra faire sienne une des principales vertus de la diplomatie en Orient : la patience. Sans aucune garantie à terme de récompense. Même si on ne peut reprocher au chef de l’Etat sa tentative, il faudra en effet davantage qu’une tribune officielle du 14 juillet pour parvenir à éloigner Damas de Téhéran. Lors de leur conférence de presse, la réponse de Bachar Al Assad invalidant d’une phrase la demande du président français sur le nucléaire iranien, était à ce titre dépourvue d’ambiguïté. Elle ne pouvait que respecter la philosophie d’un accord conclu en début d’année entre les ministres iranien et syrien de la défense lequel définit « Israël et les Etats-Unis » comme « ennemis communs ». Lors de la signature du document, le ministre iranien de la défense, Moustafa Mohammad Najjar avait expliqué que « l’Iran considérait la sécurité de la Syrie comme la sienne » et précisé que les « capacités de défense de l’Iran étaient à la disposition de la Syrie ». Anticipant la démarche française, l’ambassadeur d’Iran à Londres, Rassoul Movahedian, avait estimé que l’Occident «perdait son temps» en demandant la suspension de l’enrichissement d’uranium.

S’ils confirment, avec la portée du nouveau missile « Shahab 3 », les intentions bellicistes de la République islamique, les derniers exercices iraniens « Grand Prophète III » sont autant de gesticulations politico-militaires qui indiquent l’étroitesse de l’impasse dans laquelle se trouvent aujourd’hui les autorités de Téhéran. Et les surenchères pour tenter de s’en dégager. Ces dernières s’illustrent par le langage pour le moins radical tenu lors d’une réunion récente d’une société spécialisée en Iran dans le domaine des hautes technologies de communication, forcément placée sous le contrôle des Gardiens de la révolution. Devant les craintes exprimées d’une guerre et de ses conséquences sur les affaires, l’un de ses représentants a reconnu qu’un conflit était « très proche » tout en explicitant les moyens de riposter à la disposition de Téhéran : le « pétrole et le blocage du détroit d’Ormuz », « le Hezbollah qui contrôle le Liban », des « bombes sur Israël » et « des attentats dans d’autres pays » en citant par exemple, « le tunnel sous la manche ».

Le discours diffusé par le régime des mollahs sur la « priorité accordée à la protection contre la menace étrangère » peine pourtant à convaincre la population. Celle-ci sait parfaitement que les « sepah-e-pasdaran » s’emploient à exagérer les conditions de cette menace afin de détourner la population d’un réel mécontentement. Le Ministre de la culture et de l’orientation islamique, Mohammad Hussein Saffar-Harandi a ainsi dû rappeler qu’aucun « journaliste n’avait désormais le droit de critiquer les options nucléaires du gouvernement » sous peine de finir en prison. L’ancien président Khatami ou les partisans du chef du Conseil de discernement Hachemi Rafsandjani sont régulièrement accusés de « traîtrise » lorsqu’ils tentent d’expliquer que « l’Iran n’a pas besoin de cette tension et que la guerre n’est pas une nécessité ». Signe des rivalités au sein d’un régime qui ne peut néanmoins se diviser au risque de perdre l’ensemble du pouvoir, la guerre et le blocage des sites web – baztab.com, rajanews.com – tenus par les différents protagonistes.

Alors que le président Ahmadinejad avait promis aux iraniens d’apporter les « bénéfices du pétrole sur leur table », le gouvernement vient d’envisager d’abandonner les subventions dont bénéficient les prix du carburant – officiellement pour en redistribuer les montants aux plus nécessiteux – et a laissé entrevoir que, dans un an, les prix pratiqués seraient identiques à ceux du marché international. Un plein d’essence pourrait ainsi passer de 3 à plus d’une quinzaine de dollars pour un salaire mensuel minimal avoisinant les 250. En raison des restrictions financières imposées par la communauté internationale – la récente décision de Total va dans ce sens – , les infrastructures pétrolières ne sont pas à même de combler la différence entre la production des 45 millions de litres d’essence par jour et la consommation de plus de 80 millions de litres dans l’ensemble du pays. Les iraniens ne manquent d’ailleurs pas d’établir un parallèle entre cette flambée des prix et le second train de sanctions adopté depuis plusieurs mois par l’ONU.

S’il est vain d’espérer de voir le régime « tomber comme un fruit mûr », force est néanmoins de constater les difficultés du régime à contenir la grogne croissante de la population civile. Dans le langage persan, la surenchère précède de peu l’ouverture : en témoigne la réaction « réjouie » du président iranien à l’idée de renouer des liens diplomatiques entre son pays et les Etats-Unis. Au-delà de la rhétorique alambiquée toujours à l’œuvre dans cette partie du monde, cette annonce pourrait valider la seule victoire, politiquement posthume, de l’actuel président américain.

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