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11 mai 2024

L’Autoroute selon Patrick Mottard

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Prendre l’autoroute, comme je l’ai fait il y a quelques jours, pour 600 kilomètres en pleine alerte rouge de circulation, peut se révéler être une expérience initiatique intéressante.

Cette journée passée dans le trafic de la vallée du Rhône, entre ralentissements et embouteillages, devient rapidement une métaphore de notre pauvre existence.

Ainsi, se trouver coincé une heure en rase campagne pare-choc contre pare-choc vous donne l’impression d’être une minuscule mouche prise dans la toile d’araignée du destin. Sans espoir.

Lorsque l’autoroute se dégage et que vous retrouvez votre vitesse de croisière (et même un peu plus), la sensation est grisante, les espoirs les plus fous s’emparent de vous, votre liberté est sans limites. Vous êtes même, le temps d’une longue ligne droite, un chouya «maître du monde».

Mais comme l’alternance bouchon-trafic fluide se répète à l’infini, vous êtes rapidement écrasé par la fatalité de l’éternel retour. Les noces sauvages de Nietzsche et de Vinci en quelque sorte.

Votre empathie pour l’espèce humaine est également soumise à rude épreuve. Par exemple, quand, l’œil goguenard, vous observez l’embouteillage monstrueux qui s’empile sur la voie d’en face. Ou, plus cruellement, par le lâche soulagement qui est le vôtre quand vous contournez un accident plus ou moins grave.

Politiquement, les embouteillages sur autoroute ont également un sens. Quelle voie emprunter ? Celle de gauche est destinée en règle générale aux esprits audacieux qui veulent avancer vite ; celle de droite aux prudents qui veulent privilégier la sécurité ; et celle du centre, aux pragmatiques qui se réservent un choix.

Mais la réalité de l’autoroute (de la vie ?) est tout autre. La voie de gauche est celle des accidents, celle de droite est saturée par les véhicules les plus dangereux, et, sur celle du centre, vous vous faites régulièrement engueuler par les conducteurs de gauche et de droite qui vous reprochent votre non choix.

Quant à la voie d’urgence, en principe celle de la solidarité, elle est surtout celle des inconscients et des beaufs. Il est vrai, comme me l’a fait remarquer ma coéquipière, que c’est celle de l’extrême droite.

Bon, pas folichon tout ça ! C’est décidé, l’année prochaine, je prends la route… Napoléon !

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