Mort en direct du streamer Jean Pormanove : enquête ouverte à Nice

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Raphaël Graven, connu sous le pseudonyme de « Jean Pormanove », est décédé dans la nuit du 17 au 18 août à Contes, près de Nice. Âgé de 46 ans, il était en plein live sur la plateforme Kick. Son décès, filmé puis diffusé, soulève des questions sur l’univers du streaming et les conditions de ses diffusions.

Décédé durant un stream devant des centaines de personnes. Sur les écrans, les images circulent : un streamer s’éteint en direct, allongé sous une couette. La vidéo dure quelques minutes. On y voit Raphaël Graven, alias « Jean Pormanove », respirer difficilement. À ses côtés, d’autres hommes tentent de le réveiller. L’un d’eux lance une bouteille en plastique vers lui. Quelques instants plus tard, la diffusion s’arrête.

Le corps de l’influenceur a été retrouvé sans vie dans un local loué pour ses lives. Le parquet de Nice a confirmé l’ouverture d’une enquête confiée à la brigade de recherches. Une autopsie doit être pratiquée pour déterminer les causes exactes du décès. Pour l’heure, aucun élément ne permet de conclure à une intervention extérieure.

Jean Pormanove s’était lancé dans le streaming il y a cinq ans. D’abord centré sur les jeux vidéo, il avait progressivement modifié ses contenus. Ses lives se sont transformés en épreuves d’endurance, de privation et de violences. La semaine précédant son décès, il participait à un marathon baptisé « dix jours et nuits de torture », marqué par des défis physiques extrêmes et l’ingestion de substances qualifiées de toxiques par certains spectateurs.

Suivi par plus de 670 000 abonnés sur Twitch et 580 000 sur TikTok, il comptait parmi les streamers français les plus connus de ces plateformes. Ses diffusions attiraient régulièrement plusieurs dizaines de milliers de spectateurs en simultané.

Polémiques et accusations

Au-delà de la sidération, la mort du quadragénaire relance le débat sur les pratiques observées au sein de son collectif, surnommé « Lelokal ». Raphaël Graven apparaissait régulièrement aux côtés d’autres streamers, connus sous les pseudonymes de « Naruto » et « Safine ». Tous trois avaient déjà été cités dans une enquête de Mediapart publiée en 2024.

Le média avait mis en lumière l’existence de vidéos montrant des humiliations en direct, impliquant Jean Pormanove et une personne handicapée. À la suite de cette publication, Naruto et Safine avaient été placés en garde à vue en janvier 2025 pour des soupçons de violences sur personnes vulnérables. Ils avaient nié les faits et avaient été remis en liberté.

Dans les jours qui ont suivi la mort de leur ami, les deux streamers ont exprimé leur émotion sur les réseaux sociaux. « Depuis mon réveil jusqu’à maintenant, je n’ai pas arrêté de verser des larmes. J’ai du mal à y croire », a écrit Safine dans une story Instagram. Naruto, lui, a rendu hommage à « son frère » : « six années côte à côte, sans jamais nous lâcher. Je t’aime mon frère et tu vas terriblement nous manquer. »

Mort en direct du streamer Jean Pormanove : enquête ouverte à Nice

Mais de nombreux internautes pointent du doigt leur responsabilité. Sur les réseaux, plusieurs témoignages évoquent la privation de sommeil, l’obligation d’ingérer des produits toxiques et des coups portés lors des défis. La vidéo du décès, partagée massivement avant d’être supprimée, alimente ces soupçons.

Réactions politiques et appel à la régulation

La disparition de Jean Pormanove a provoqué de vives réactions dans le monde politique. Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l’enfance, a publié un message sur X : « j’apprends le décès du streamer #jeanpormanove. Horrifiant. Les plateformes ont une responsabilité immense dans la régulation des contenus en ligne afin que nos enfants ne soient pas exposés à des contenus violents. » Elle a appelé les parents à la vigilance.

Clara Chappaz, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, a elle aussi réagi. Elle a dénoncé les humiliations subies par le streamer et annoncé avoir saisi l’Arcom. Elle a également effectué un signalement sur le portail Pharos et contacté les responsables de Kick. « La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c’est la loi », a-t-elle déclaré.

L’affaire met en lumière la difficulté des autorités à encadrer les pratiques du streaming. Ces dernières années, plusieurs créateurs de contenus ont cherché à se démarquer par des formats extrêmes, parfois au prix de leur santé.

Une enquête à suivre

À ce stade, les circonstances précises du décès de Raphaël Graven ne sont pas établies. Le parquet de Nice indique que l’autopsie permettra de déterminer si les violences constatées lors des lives ont eu un rôle direct. Les auditions des streamers présents dans la nuit du drame doivent également se poursuivre.

Sur les réseaux sociaux, la communauté se divise entre hommages et accusations. Certains rappellent les moments de divertissement offerts par Jean Pormanove. D’autres considèrent qu’il a été victime d’un système qui l’a poussé à s’exposer toujours davantage.

La chaîne Kick de Jean Pormanove a depuis été désactivée. Les vidéos compromettantes ont été retirées, mais leur circulation sur d’autres plateformes reste difficile à contrôler.

La mort de Raphaël Graven ouvre une série de questions. Elle interroge sur les limites de la performance dans le streaming, sur la responsabilité des proches et sur celle des plateformes. Le parquet de Nice poursuit son enquête.

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