Un festival singulier fait vibrer la scène niçoise : celui de la Commedia dell’Arte. Porté par l’association centenaire La Semeuse, il célèbre un théâtre à la fois exigeant et accessible, au carrefour des cultures.
Depuis dix ans, le Festival international de la Commedia dell’Arte fait résonner à Nice les masques, les combats et les rires typiques de ce théâtre italien né au XVIe siècle. Le directeur du festival, Frédéric Ray, raconte non sans émotions de l’histoire de l’existence de sa passion pour la « commedia » :
« Quand j’étais enfant, Carlo Boso est venu jouer à Nice. Il a offert un livre sur la Commedia à ma mère. J’ai été marqué à vie.«
Créé en 2014 avec l’association La Semeuse, le festival s’inscrit dans un objectif clair : rendre le théâtre vivant et populaire, à l’image de ses racines italiennes. « C’est un théâtre exigeant dans la forme, mais accessible à tous, sans besoin de psychologie complexe. C’est l’énergie du corps qui parle« , explique Frédéric Ray, également formé à l’école de théâtre Jacques Lecoq.
Un théâtre du corps et du cœur
Le spectacle « Le Fanfaron« , joué cette année par la troupe de Carlo Boso, en est un bel exemple. Entre combats, chants, danse, humour et amour fraternel, tout est mis en œuvre pour captiver les spectateurs.
« Il faut au moins 200 heures de répétitions pour atteindre ce niveau. Et Carlo Boso dit qu’un vrai spectacle de Commedia demande 400 heures de travail« , précise Frédéric Ray.
Ce théâtre du geste s’apprend : le festival propose chaque année des stages et masterclasses, notamment sur le jeu masqué, animés par des maîtres italiens ou des metteurs en scène formés à l’international.
La compagnie de la Semeuse, fondée par Frédéric Ray, incarne aussi l’esprit du festival. Elle se produit dans toute la région Sud, mais aussi en Italie : Rome, Padoue, les Pouilles… avec des acteurs franco-italiens capables de jouer dans plusieurs langues. « La force de la Commedia, c’est aussi la force du collectif. Ce sont des troupes soudées, en mouvement permanent« , souligne-t-il.
Un festival ancré dans la ville
Cette édition a accueilli 400 enfants niçois, venus des écoles assister à des représentations. Un engagement rendu possible grâce à la collaboration avec la ville de Nice et le soutien de l’adjoint à l’Éducation Jean-Luc Gagliolo, fidèle partenaire du projet.
Et demain ? « J’aimerais inviter des troupes du Québec, tisser des liens avec d’autres festivals. Mon rêve, c’est que Nice devienne une capitale mondiale de la Commedia dell’Arte. Elle est bien placée pour ça, entre France et Italie.«
Avec des spectacles hauts en couleur, des stages ouverts au public et un esprit de transmission, le festival niçois défend une vision du théâtre exigeante, joyeuse et profondément humaine. Comme le dit son directeur : » Viva il teatro – viva la commedia ! «