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29 mars 2024

Jean-Jacques Venturini, artiste peintre : « Plaire ou déplaire, c’est exister »

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jpg_EnfantsdePeshawar1_image.jpgUn parcours atypique, un pinceau acéré, Jean-Jacques Venturini décrit l’actualité comme personne. Il débute sa carrière de peintre en 1967 au côté d’Isidore Isou et de son mouvement lettriste. Il a fréquenté Saint-Germain-des-Prés, lieu de rendez-vous des Lettristes, et notamment le café Moineau, rue du Four à Paris.
Depuis quelques années, Jean-Jacques Venturini se tourne vers un nouveau style : une peinture essentiellement figurative, sans être conventionnelle. Il développe un sens inné du détail au fil de ses œuvres. Au cœur de sa peinture se mêlent chaleur, silence habité et personnages cachés grâce à des contrastes d’ombre et de lumière et d’effets de matières.

Nice-Premium : Vous êtes régulièrement inspiré par l’actualité. Pourquoi avez-vous eu cette idée ?

Jean-Jacques Venturini : L’idée n’est pas nouvelle. Ma génération a été largement imprégnée par le mouvement « Nouvelle figuration ». C’est un mouvement artistique qui a fait la transition entre l’abstraction hégémonique des années 1950 et une figuration dite « narrative » qui a vu le jour en 1965 pour célébrer les Trente glorieuses.
C’est une peinture figurative qui est l’équivalent français du Pop Art américain avec un engagement politique plus prononcé.

jpg_GeneralMotors_image.jpgNice-Premium : L’actualité est souvent noire (viols, morts, attentats…) En vous inspirant de cette actualité, on peut donc dire que votre peinture est noire ?

JJV : Je pense que ma peinture n’est pas noire, je ne cherche pas pour autant à y mettre de la gaité.
Ma peinture peut exprimer un sentiment de révolte, de colère ou de peine et traiter avec poésie et couleur des sujets lourds tels que le port de la burka, les enfants de la guerre du Pakistan ou de l’Irak, le crash dramatique d’un Air Bus, la pandémie…
C’est une manière latérale de figer l’actualité qui, aujourd’hui, se répand en quelques minutes via Twiter ou Internet avant de passer plus vite encore à un autre sujet.
J’ai un attrait pour l’image médiatisée récupérée de l’actualité. Je peux aussi m’inspirer des apports spécifiques du cinéma, de la bande dessinée ou du dessin technique.

Nice-Premium : L’information se déroule rarement près de chez nous. Comment vous y prenez vous pour vous inspirer ?

JJV : Ma première inspiration vient des yeux et du cœur, généralement au travers de l’actualité télévisuelle, photographique ou cinématographique, qui nous abreuve d’images tous les jours.
Internet est une source intarissable de « modèles », il est rentré dans mon atelier.

jpg_Pandmie_image.jpgNice-Premium : L’art est souvent un moyen de s’évader. Mais votre peinture nous met directement face aux difficultés quotidiennes. Le public apprécie-t-il votre peinture sur l’actualité ?

JJV : Certes, être un artiste dans son histoire, c’est essentiellement de la temporalité, c’est parler des évènements et du temps qui passe. Je porte intérêt aux scènes de la vie quotidienne et aux mythologies (politiques, sociales, morales). Mes peintures figuratives, volontairement froides et distanciées, cherchent à maintenir continuellement en éveil notre rapport critique aux images de la réalité.
Ma démarche fait quoi qu’il en soit réagir. Plaire ou déplaire, c’est exister…

Nice-Premium : Vous avez été retenu pour être exposé à New-York parmi beaucoup d’artistes. Comment avez-vous vécu cette exposition et que vous a-t-elle apporté ?

JJV : Ce fut une expérience virtuelle… Elle n’a pas changé ma vision des choses mais m’a convaincu qu’aujourd’hui il faut être omni présent, sur et avec Internet.
J’ai été étonné d’avoir été sélectionné parmi les trois premiers, mais ça n’a pour l’instant eu aucune résonance sérieuse.

Nice-Premium : Pendant longtemps, vous avez été chef d’entreprise et vous avez laissé la peinture de côté. Est-ce que ce retour à la peinture a été difficile ?

JJV : Je suis entré dans la vie active à Paris en 1967, menant de pair mon métier de graphiste et une carrière débutante de peintre.
Puis, durant de nombreuses années il a fallu faire un choix entre peinture ou business. Le business l’a emporté…
Par mon métier, je suis néanmoins resté dans une démarche de création permanente, et j’ai aimé le faire.
Mais, sous la cendre couvait la braise : fin 2008 la reprise des pinceaux c’est faite sans forcer, et maintenant, il n’y a plus d’obstacles pour continuer…

jpg_Peshawarimpact4_image.jpgNice-Premium : Comment qualifieriez-vous votre peinture, votre style ?

JJV : Bien qu’il ne se soit jamais proclamé comme un mouvement, je m’inscris dans le courant de la figuration narrative qui est apparu au début des années 1960, né de la nouvelle figuration des années 50.

« Est narrative toute œuvre plastique qui se réfère à une représentation figurée dans la durée, par son écriture et sa composition, sans qu’il y ait toujours à proprement parler de récit. La figuration intègre une dimension temporelle dans l’image fixe, volonté de produire un impact visuel ou manifestation d’une certaine urgence de l’expression » (Hervé Télémaque)

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