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12 octobre 2024

Box-office: Nuits magiques de Paolo Virzì

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Après L’échappée belle et Folle de joie, deux road movie, Virzì nous fait encore voyager, mais cette fois dans ses souvenirs d’apprenti cinéaste et nous promène dans la ville de Rome à la rencontre du monde du cinéma italien des années 90.

Trois jeunes, vainqueurs d’un concours de scénario, Antonio le sicilien au phrasé ampoulé (Mauro Lamantia), Luciano le toscan débrouillard et dragueur (Giovanni Toscano) et Eugenia la romaine de bonne famille à problèmes (Irene Vetere) passent la nuit au poste, car le soir du match de la coupe du monde de foot, dans les hurlements des supporters, la voiture d’un producteur de cinéma est tombée dans le Tibre et il est retrouvé noyé.

Tous les trois deviennent les premiers suspects, ils ont passé les derniers jours en compagnie du producteur Saponardo (Giancarlo Giannini) à courir les rendez vous, tournages, bureaux de scénaristes, bureaux de producteurs, piscines de producteurs, restaurants, soirées fréquentés par les réalisateurs, les producteurs, les scénaristes. Un tourbillon de rencontres et de découvertes, d’illusions et de déconvenues pour ces jeunes devant la grandeur et la misère du cinéma italien finissant.

Les séquences s’enchaînent variées et denses, la cadence est soutenue mais en tentant de vouloir montrer toutes les facettes de ce monde perdu, le film se disperse et perd le rythme parfois.

Paolo Virzì et ses scénaristes habituels et réels (Francesca Archibugi et Francesco Piccolo) ne cessent de nous faire rire de ces personnages de caricature, Saponardo pourrait être un Cecchi Gori et Pontani (Ferruccio Soleri) un Antonioni, avec des dialogues brillants et humoristiques. Et, malgré un regard acerbe sur les monstres du cinéma de son époque, on sent une tendresse pour les grands maîtres comme par exemple Fellini, qu’il met en scène tournant son dernier plan de « La Voce della luna  » avec Roberto Benigni.

Paolo Virzì. « Ce film est un acte d’amour et de gratitude, qui va à l’encontre de ce qui a probablement été le phénomène culturel le plus important de l’Italie contemporaine : notre cinéma. Ses protagonistes étaient puissants – une sorte d’ancien régime inexpugnable – dans les années de ma formation et dans l’été raconté dans le film. Mais en le regardant, maintenant qu’il est terminé, je me rends compte combien retraverser cette mythologie a été libérateur, même avec cet esprit moqueur, humoristique. Comme si c’était au fond un dernier salut, une façon de solder pour toujours une dette aussi précieuse qu’encombrante.

Enfin, cela a été l’occasion de jouer avec l’essence même du récit, de l’écriture, de la réalisation en mêlant vérité et invention, souvenirs réels et romancés. Le tout encadré par une trame : une longue nuit au poste des carabiniers, autour du mystère d’un cadavre et d’une enquête. Le plaisir d’utiliser les outils du métier, de retraverser avec ces trois apprentis scénaristes imaginaires, les vrais souvenirs mêlés aux mensonges des journées frénétiques et des nuits magiques, comiques, menaçantes qui reviennent encore hanter mes rêves. »

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