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19 avril 2024

Les tentes de la plage du centenaire de Nice

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plage_003.jpg Depuis le 31 décembre, vingt tentes, fournies par l’association et aujourd’hui une trentaine, ont été installées sur la plage du Centenaire, en face de l’hôtel Méridien à Nice.

Initialement, les militants à l’origine de l’installation des tentes s’étaient posés Jardin Albert Premier. Délogés de manière plutôt virile par les Forces de l’ordre, ils ont émigré juste en face, sur la plage du Centenaire. « Le 3 janvier, le Maire de Nice nous propose de déménager à onze kilomètres d’ici, dans la plaine du Var. Pour nous, il est inconcevable de partir. Il faut savoir qu’il y a l’accueil de nuit dans le Vieux-Nice et que les toilettes, distributions de nourriture, café, couvertures, se font ici, jardin Albert Premier et devant l’Eglise du Port » raconte Michel, en même temps militant et S.D.F, quelques heures avant que le collectif décide d’interrompre le mouvement ayant reçu satisfaction de la part du gouvernement. A Nice, on attend l’officialisation de cette décision et également que les dossiers de relogement dans des appartements vides de l’OPAH soient traités.

Au-delà des questions matérielles et techniques, Patrick, parisien d’origine, bourlingueur, militant d’Action contre le Chômage, précise l’importance d’être là et de se faire entendre: « même s’il y a beaucoup de touristes, il y a aussi beaucoup de gens d’ici. Certains viennent, descendent, et commencent à discuter avec nous et avec les S.D.F. Ca leur permet d’échanger, de comprendre un peu comment vivent ces gens-là, de voir qu’ils existent. Ce qui compte, c’est l’aventure à laquelle participent tous les gens qui sont là. Certains ont un vécu, une expérience de vie que tu n’imagines même pas. Même avec des passants hostiles à la base, on a pu discuter quelque minutes ; c’est bien ».

L’objectif principal de cette opération nationale était d’attirer l’attention des médias et du personnel politique ; mais sur quoi ? Il s’agit essentiellement ici de la question de l’hébergement d’urgence, insalubre, anxiogène, propices aux vols, à la durée de séjour limitée et aux horaires inadaptés. C’est ce qui explique, selon les militants interrogés, le décalage entre les quelques places encore vacantes à l’asile de nuit dans le Vieux-Nice, comme le dit Marie Montana, adjointe au Maire, et les centaines de S.D.F. de la ville (500 selon la municipalité, 719 pour le Samu Social et la Mutualité).

Ce qui se dégageait de ce mouvement, c’est l’envie d’agir ensemble et de vivre une expérience particulière : « il faut fédérer toutes les populations en difficultés, les jeunes de banlieue et ne pas les laisser de côté, les S.D.F., les RMIstes, les chômeurs. Moi, je fais partie d’AC, mais je ne crache pas sur les RMIstes, parce que demain, je peux le devenir. La précarité, c’est la condition de tout le monde, et on se doit de se réunir pour faire quelque chose ensemble. Il y a des gens qui sont à la rue depuis dix ans, là ils se disent, il y a un espoir, on peut peut-être croire que ça va changer. Ils se disent qu’il n’y a pas que la galère dans leur vie, il peut y avoir autre chose ensemble ».

plage_002.jpg Au-delà de ça, une réunion a eu lieu vendredi entre les représentant de l’opération et le Maire de Nice. Celle-ci a entériné le refus, du côté des militants, d’être « expulsé » dans la plaine du Var, et du côté du Maire, d’accorder au « camp », une prise de courant et des extincteurs, entre autres. Un rapport de forces est engagé et le statut quo reste de mise pour le moment. Le refus d’être déplacé dans la plaine du Var a un rapport avec les notions de centralité et de visibilité qui sont importantes symboliquement. Visible, ce mouvement suscite des réactions, positives ou négatives, qui signent la reconnaissance d’une réalité quotidienne et banale que de trop nombreuses personnes sont tentées de ne pas voir.

Une fête de rue a été organisée samedi dernier. Il a été demandé l’adoption des principes de la charte instiguée par « les Enfants de Don Quichotte » (voir site www.lesenfantsdedonquichotte.org) dans un futur projet de loi. Par ailleurs, des dons ont été collectés (objets multiples et argent). Enfin, le fait d’avoir passé un moment fait de conversations, d’échanges multiples, de rires, ensemble, entre sans-abris et bien-logés, entre jeunes et vieux, entre galériens, précaires et d’autres mieux lotis, et ce, autour d’un repas commun est déjà une forme de lutte et une victoire de la solidarité et de la convivialité sur le repli et l’indifférence.

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