Après l’annonce de Christian Estrosi de baptiser le parvis du futur hôtel des polices du nom de Nicolas Sarkozy, l’association Tous citoyens ! dénonce une décision indécente et rappelle les condamnations judiciaires de l’ancien président.
Le 29 septembre, Christian Estrosi a annoncé sur le réseau social X que le parvis du futur hôtel des polices municipales et nationales portera le nom de Nicolas Sarkozy. Pour le maire de Nice, ce choix s’explique par le rôle de l’ancien président dans la mise en place de ce projet et son engagement en faveur de la sécurité.
« J’ai décidé de donner le nom de Nicolas Sarkozy au futur parvis de notre Hôtel des polices municipales et nationales. Présent dès l’origine, il a soutenu ce projet unique, et vu son intérêt pour nos forces de l’ordre et pour la sécurité des Niçoises et des Niçois. L’occasion de saluer l’action déterminante qu’il a menée, d’abord comme Ministre de l’Intérieur puis comme Président de la République, en faisant de la sécurité une priorité nationale », écrit-il.
Cette décision intervient alors que Nicolas Sarkozy a été condamné le 25 septembre à cinq ans de prison, dont deux fermes, dans l’affaire des financements libyens de sa campagne présidentielle de 2007. Le tribunal a qualifié les faits de « gravité exceptionnelle ».
Malgré ce contexte, Christian Estrosi assume son choix. Quelques jours avant, il avait déjà exprimé son soutien à son ancien mentor. Mais l’annonce du baptême du parvis a aussitôt déclenché de nouvelles réactions.
Tous citoyens ! dénonce « un mépris pour la justice »
Dans un communiqué, l’association Tous citoyens ! rejette fermement la décision du maire. « Non, Nice ne doit pas honorer Nicolas Sarkozy ! » écrit-elle. Selon elle, « le maire de Nice semble avoir perdu toute mesure, tout bon sens et tout respect des valeurs morales. »
L’association considère qu’« on n’honore pas une personne condamnée et encore moins un multirécidiviste. » Elle rappelle que Christian Estrosi a déjà rendu hommage à plusieurs personnalités politiques condamnées par la justice.
En 2018, il a donné le nom d’une rue à Charles Pasqua, condamné pour financement illégal de campagne et détournement de fonds. En 2019, une rue a été baptisée du nom de Jacques Médecin, ancien maire de Nice, condamné à plusieurs peines de prison pour corruption, détournements de fonds et fraude fiscale. En 2020, une statue de Jacques Chirac a été érigée, alors que l’ancien président avait été condamné pour abus de confiance et détournement de fonds.
Pour Tous citoyens !, le choix de Nicolas Sarkozy s’inscrit dans cette même logique. Le communiqué rappelle les condamnations de l’ancien chef de l’État :
- trois ans de prison dont un ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Bismuth (condamnation définitive),
- un an de prison dont six mois fermes pour financement illégal de campagne dans l’affaire Bygmalion (condamnation en première instance et en appel),
- cinq ans de prison dont deux fermes pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen (condamnation en première instance).
« Attribuer le nom de Nicolas Sarkozy au parvis du futur commissariat central de Nice revient à acter que la justice et la probité importent peu et à faire l’éloge de la corruption, poursuit le communiqué. Cela revient à faire passer les affiliations idéologiques du maire de Nice avant l’image de notre ville et avant le sens civique à enseigner à nos enfants. »
L’association appelle le maire et sa majorité à « revenir à la raison et à la décence » et à renoncer à cette décision. Une pétition a même été lancée. Elle cumule en moins de 24 heures plus de 800 signatures.
D’autres voix critiques à Nice
Le groupe d’opposition Unis pour Nice avait déjà dénoncé ce projet. Ses élus jugent que l’initiative « abîme encore l’image de notre ville. » Ils estiment que Nice devrait rendre hommage à Robert Badinter, figure républicaine et artisan de l’abolition de la peine de mort, qui sera panthéonisé le 9 octobre.
« C’est ce type de référence qui honorerait véritablement Nice et les valeurs que nous voulons porter pour notre ville », déclarent Julien Picot, Juliette Chesnel-Le Roux et Patrick Allemand pour l’Union des gauches.
Les critiques convergent donc pour rejeter un choix perçu comme clivant et contraire aux valeurs de probité. Elles posent une question plus large : faut-il donner le nom de responsables condamnés par la justice à des lieux publics, en particulier ceux liés à la sécurité ?
Pour l’instant, Christian Estrosi reste ferme. Le parvis du futur hôtel des polices de Nice devrait porter le nom de Nicolas Sarkozy lors de son inauguration. Mais la contestation, désormais portée à la fois par l’opposition et par des associations citoyennes, place cette décision au centre d’un débat qui dépasse les frontières locales.