Dans le silence feutré d’un des plateaux niçois les plus emblématiques, une production ambitieuse s’est déployée cette semaine. En l’espace de quelques jours, décor, régie, caméras, équipes techniques et imprévus se sont enchaînés dans ce lieu historique.
Aux studios de la Victorine, à Nice, une semaine de tournage intense s’est déroulée de vendredi dernier à jeudi 23 octobre, mobilisant techniciens, régie et production autour d’un projet audiovisuel d’envergure. Le tournage s’est préparé dès le vendredi avec l’installation des décors, un travail minutieux mais éprouvant pour les équipes de productions, qui s’est achevé le samedi soir. Pendant deux jours, les équipes techniques, de conception et d’éclairage se sont relayées sans relâche pour donner vie au plateau et poser les bases de cette production ambitieuse.
Lundi, place aux répétitions, au tournage des génériques, à des ajustements exigeants. « Une journée de repérage pour prendre nos marques doucement, apprendre à travailler tous ensemble avant de vraiment commencer » explique Clara Milad, assistante réalisation et production pour ce tournage. Elle veille à coordonner les candidats, la régie, le plateau et les jurés, bref le « couteau-suisse » comme elle l’aime le dire.
Pour cette production, une cinquantaine de personnes sont mobilisées, certaines venues spécialement de Paris. Trois décors différents prennent place sur le plateau, six caméras majeures sont déployées, une vingtaine de projecteurs mise en place pour modeler l’ambiance lumineuse selon les besoins. Tout est pensé pour une captation ambitieuse, à la hauteur d’une production d’envergure.
Le dernier jour de tournage s’est avéré être le plus éprouvant. Après plusieurs journées successives de 8 heures à 18 heures sous tension, les équipes accusent la fatigue. Mais le véritable défi surgit la veille du dernier jour de tournage ainsi que le lendemain matin même à 8 heures : deux candidats annoncent leur impossibilité de participer. La matinée fut extrêmement stressante pour toutes les équipes devant composer dans ces conditions.
Dans l’urgence, grâce à la réactivité des organisateurs et à leurs vastes réseaux, deux remplaçants sont trouvés à la dernière minute. « Si on ne les avait pas trouvés, le tournage se serait terminé en quelques heures et l’entreprise aurait perdu énormément d’argent », conclut Clara Milad.
La légende des studios de la Victorine
Les studios de la Victorine sont nés de l’audace de producteurs visionnaires, Louis Nalpas et Serge Sandberg, qui acquièrent à partir de 1919 une propriété de sept hectares à Nice pour y bâtir ce qu’ils imaginent comme un “Hollywood français”. Le site traverse les époques : du muet au parlant, de l’argentique au numérique, et accueille des classiques tels que Les Enfants du Paradis, La Main au collet, ou La Nuit américaine.
Aujourd’hui, les studios comptent dix plateaux de tournage, allant de 312 m² à 1 175 m², et proposent environ 6 000 m² de superficies (dont 2 500 m² insonorisés). À cela s’ajoutent des loges, bureaux de production, ateliers costume, menuiserie de 1 000 m², stockage modulable et salles techniques dédiées.
En 2024, les studios accueillent environ 610 jours de tournage en plateau, 18 productions publicitaires/corporates, 4 séries ou téléfilms, 3 longs métrages, ainsi que 39 clips ou shootings photo. Autre indicateur, la ville de Nice a repris la gestion des studios en 2017, après une gestion privée, relançant ainsi une ambition de renouveau et de revitalisation du site.
Au fil des décennies, la Victorine a survécu à des crises de gestion, des changements de main, des périodes d’inactivité, mais elle conserve une aura intacte dans l’industrie audiovisuelle.

