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29 avril 2024

Aéroport et Carnaval, le binome parfait pour essayer de comprendre…

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Les romains, bâtisseurs de l’empire mais aussi peuple jouissif, aimaient les fêtes et festivités. En fait, dans la Rome antique, on dénombrait seulement 55 jours ouvrables, les autres jours étant des fêtes religieuses et autant d’occasions de se réjouir en célébrant les dieux.


Mais, une seule fête permettait toutes sortes d’excès comme rappelle un ancien proverbe qui exprime bien cette coutume et cet état d’esprit : semel in anno licet insanire (une fois par an, on peut faire les fous).

Et d’ailleurs, le Carnaval était, à l’origine, une fête licencieuse après les Saturnales quand tout le monde s’amusait et les esclaves jouaient aux « liberti » (malheureusement pour eux, seulement pour une courte période de temps !), une sorte de « happy end » après l’hommage à Saturne et avant de se remettre aux affaires pour les uns et au labeur pour les autres !

Tout ça pour dire quoi ?

Et bien que, fort heureusement, nous sommes en pleine période de Carnaval, car cette histoire de la supposée « privatisation » de l’aéroport de Nice (article 49 de la loi Macron en cours d’examen à l’Assemblée Nationale) serait à classer dans « semel in anno lecit insanire  »

Entre le vaudeville et l’opérette, chacun choisira suivant ses goûts !

Les députés ont donc adopté, ce jeudi soir, en première lecture l’article 49 du projet de loi Macron, autorisant la privatisation de la majorité du capital de la société Aéroports de la Côte d’Azur, dont l’Etat détient actuellement 60 %.

Les députés ont repoussé les amendements portés par Christian Estrosi. Le député-maire de Nice plaidait notamment pour un droit de préemption des collectivités locales et une vente qui soit minoritaire, et non majoritaire.

Christian Estrosi en a presque fait une obsession et il est parti dans une bataille contre la loi Macron tel le Baron de Münchhausen, les autres partis politiques s’y étant associés mais chacun avec ses distinguos et ses « oui mais » , le monde économique représenté par la Chambre de Commerce ( actionnaire à 25% de la société Aéroport International Nice Côte d’Azur ) présentant ses desiderata pour le cahier de charge, un même référendum qui n’aura aucune valeur légale, tout au plus consultative et encore…

Mais, pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, le promoteur du référendum (la Ville de Nice) a inventé une nouvelle procédure, posant la question (voulez-vous…) en orientant la réponse tout en affirmant le faux (on va vous spolier !). Comment ne pas répondre NON ?

Où avez-vous déjà vous ça ? Nulle part ailleurs ! Même dans les situations les plus anti-démocratiques, on sauve, ou au moins on fait semblant de le faire, les apparences !

Alors, pourquoi cette tricherie ?

En fait, la loi Macron , prévoit tout simplement la possibilité par l’Etat (actionnaire à hauteur de 55 %) de céder jusqu’à la totalité de ses parts (bien lire en faisant attention aux nuances !) de la société Aéroports NCA qui gère les (très importants) services de terre des aéroports de Nice, de Cannes-Mandelieu et de Saint-Tropez-La Mole.

Comme quoi, le périmètre des intérêts du territoire est plutôt élargi par rapport à la seule commune de Nice et de ses habitants…

Alors, pourquoi un référendum consultatif si ce n’est que pour passer du populaire au populisme et faire jouer la fibre patriotique à l’échelle locale du défenseur de la citadelle face à l’envahisseur au visage caché.

Alors, disons une première vérité parmi beaucoup de mensonges : le trafic aérien et tous les équipements pour son fonctionnement ( pistes, tour de contrôle , etc) sont de compétence de la Direction Générale de l’Aviation Civile et ne font pas partie des actifs de la société concessionnaire. Bref, les avions continueront à décoller, voler et atterrir quel que soit le futur concessionnaire !

Deuzio : on vante un « aéroport international » et puis on demande leurs avis aux seuls habitants de Nice. Et les autres habitants des territoires limitrophes n’ont pas le droit de dire la leur ?

Et pourquoi ne pas demander leur avis aux 11,7 millions de voyageurs, puisque ce sont eux, comme tous les clients dans une activité commerciale, qui font la valeur de la société concessionnaire (et non pas les niçois !!!) et leur demander, par exemple, si le statut ( public, privé, collectivité locales) du concessionnaire aéroportuaire influence le choix de leur voyage ? Peur d’une « fourre de rire » ?

Alors pourquoi tout ça ? Pourquoi ne pas attendre que l’Etat lance une procédure de vente avec quelques garde-fous pour éviter les ambitions des spéculateurs , que les prétendants se manifestent et qu’on les juge sur leur profil et plan industriel ?

Pourquoi monter toute cette opposition burlesque en faisant croire aux niçois des choses qui tout simplement ne peuvent pas se produire… comme la spoliation de « leur » aéroport !

Christian Estrosi, ancien ministre de l’Industrie, a parfaitement les connaissances et l’expérience de ces opérations. Ils en connait tous les codes… Alors pourquoi se lancer dans ce défi au risque de tirer un coup à blanc ?

Un référendum qui n’en est pas un, de plus influencé par ce système demande/réponse digne de certaines démocraties dites populaires. Une opération de communication coûteuse avec de faux messages comme si les niçois étaient des pigeons avec une insuffisante capacité de discernement personnel.

Une fissure est évidente entre cet appel au patriotisme niçois et le comportement de la business community consulaire qui a choisi d’interpeller le Ministre Macron sur la stratégie industrielle et les conditions de gouvernance.

Enfin, il y avait un acte bien plus simple qui réunissait toutes les conditions : sortir le carnet de chèques et se porter candidat à l’achat .

« Pas trop de zèle » recommandait Talleyrand, digne successeur de Machiavel et maître reconnu de la diplomatie et de ses intrigues .

Visiblement sa recommandation n’a pas été bien suivi du côté de l’Aéroport International de Nice…

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