À partir de 11 heures, les journalistes d’Ici Azur et de France 3 Côte d’Azur se sont réunis sur la place Masséna. L’objectif : protester contre le projet de holding de l’audiovisuel public.
« Rachida, casse-toi ! Rachida, casse-toi ! ». Ce lundi 30 juin, sous la forte chaleur azuréenne, les esprits s’échauffent sur la place Masséna. Les rédactions d’Ici Azur et de France 3 Côte d’Azur se sont mises en grève et sont bien décidées à faire raisonner leur courroux. Pour cause, le projet de réforme de l’audiovisuel public mené par Rachida Dati, ministre de la Culture.
Sébastien Germain : « une dictature audiovisuelle »
«La profession est bafouée et insultée par Rachida Dati. Nous avons une ministre qui veut faire mal à l’audiovisuel public. C’est tout simplement une dictature audiovisuelle.» Menant une troupe d’une soixantaine de journalistes et syndicalistes, Sébastien Germain s’insurge. Le matinalier dans le 6/9 d’Ici Azur et de France 3 Côte d’Azur partage son désaccord avec la ministre de la Culture. Celle-ci souhaite fermement instaurer un projet visant à moderniser l’audiovisuel public en le rassemblant pour agir collectivement face aux géants numériques comme Amazon ou Netflix.
«Dans un État de droit, si vous voulez préserver l’audiovisuel, il faut rassembler les forces», lâchait-elle en janvier 2024 au micro de France Inter. Mais les risques dénoncés par les journalistes azuréens sont nombreux : «on ne sera plus indépendants et nous devrons obéir au doigt et à l’oeil de gens qui n’ont aucune idée de ce qu’ils font. Nos programmes locaux sont menacés. Et qui sait, peut-être qu’on perdra notre job !», s’exclame Gilles, arborant un gilet de la CGT.
Deux manifestations en trois mois
Ici Azur et France 3 Côte d’Azur n’en sont pas à leur coup d’essai. Le 2 avril dernier, les deux rédactions s’étaient déjà réunies pour les mêmes raisons. «Il est primordial pour nous de nous rassembler sur une place publique et que les gens nous voient», souffle Sébastien Germain. Le cinquantenaire, également représentant CGT de la station niçoise, pointe du doigt les modalités de création de la holding France Médias, prévue en 2025.
Elle regrouperait quatre principales entités : France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA. La holding serait entièrement détenue par l’État, avec un PDG unique nommé pour cinq ans par l’ARCOM, selon un comité de nomination.
D’ici le 1er janvier 2026, une fusion éventuelle en entreprise unique est envisagée, conservant France Médias Monde. Pour Frédéric Richirt, musicien à l’Opéra de Nice et syndicaliste, cette mesure est tout sauf envisageable : «vous imaginez si une seule et même personne doit s’occuper de France 2, France 3, France Bleu, France Inter et France Info ? Ce serait le chaos total», souffle-t-il dans un élan de désespoir.
En fin d’après-midi, le texte a finalement été rejeté par l’Assemblée Nationale par une motion des Écologistes, la Gauche et le RN. Il repartira en deuxième lecture au Sénat dans les prochaines semaines.