Un individu a été arrêté le mercredi 3 septembre à Nice. Il proposait aux touristes de poser avec des pigeons paons dans des conditions indignes. L’association Stéphane LAMART a porté plainte et six oiseaux ont été saisis.
Depuis plusieurs mois, des promeneurs signalaient une pratique inquiétante sur la colline du Château de Nice. Des hommes, venus de pays de l’Est selon plusieurs témoignages, proposaient aux visiteurs des photos avec des pigeons blancs. Les oiseaux étaient posés de force sur les bras ou les épaules des passants. Une fois la photo prise, avec le téléphone des victimes, une somme d’argent était exigée. Les tarifs pouvaient atteindre 10 à 20 euros.
Cette activité avait fini par susciter l’exaspération. De nombreux touristes s’étaient plaints, dénonçant une méthode agressive et une mise en scène trompeuse. Les autorités locales ont été alertées à plusieurs reprises. Mais c’est la plainte déposée par l’association Stéphane LAMART, reconnue d’utilité publique, qui a déclenché l’intervention décisive.
Mercredi 3 septembre, la police municipale est intervenue tôt le matin. Un homme a été interpellé. Sur lui, les agents ont retrouvé 90 euros en liquide, probablement récoltés en moins d’une heure. Six pigeons paons ont été saisis et placés sous la responsabilité de l’association de défense des animaux.
Des conditions de détention alarmantes
L’enquête a révélé l’autre facette de cette affaire : la maltraitance animale. Les oiseaux étaient confinés dans des espaces inadaptés. Deux pigeons se trouvaient dans une caisse de transport pour chat, sans eau. Deux autres étaient enfermés dans un carton, sans eau ni nourriture. Les quatre restants présentaient un état de santé préoccupant.
Un vétérinaire mandaté par la justice a dressé un constat précis. Les pigeons étaient maigres, affaiblis, porteurs de parasites. Leur plumage était souillé, leurs plumes de queue abîmées par le manque d’espace. Des traces d’excréments sur leurs pattes confirmaient une détention prolongée dans ces conditions.
Ces faits constituent une infraction au regard du Code de l’environnement et du Code rural. La loi impose que tout animal soit détenu dans des conditions compatibles avec ses besoins biologiques. Ici, rien n’était respecté. Les oiseaux étaient utilisés à des fins lucratives, sans autorisation ni encadrement, en violation manifeste de la réglementation.
Après son arrestation, l’individu a été placé en garde à vue pendant 48 heures. Il a ensuite comparu devant le délégué du procureur. À l’issue de cette procédure, il lui a été interdit de paraître dans les Alpes-Maritimes pendant six mois. Les pigeons ont été confiés définitivement à l’association Stéphane LAMART.
Pour son président, Stéphane Lamart, cette décision marque une étape importante. « Nous ne pouvons tolérer que des animaux soient utilisés comme objets de profit au mépris de leur santé et de la loi. Notre mobilisation constante contre l’exploitation animale a permis de mettre fin à cette pratique et nous resterons vigilants pour que justice soit rendue », a-t-il déclaré.
Il a également salué la réaction de la justice niçoise : « nous sommes satisfaits de voir que les autorités prennent ces actes au sérieux. L’interdiction de présence sur l’ensemble du territoire des Alpes-Maritimes et la confiscation des oiseaux montrent une volonté de sanctionner efficacement ce type de dérives. »
Une pratique récurrente à Nice
L’affaire n’est pas isolée. Par le passé, d’autres systèmes similaires ont été signalés dans la ville. Sur la place Masséna, il y a quelques années, des oiseaux colorés artificiellement étaient utilisés pour attirer les passants. Le procédé reposait sur le même principe : photos imposées et paiement forcé.
Selon Stéphane Lamart, ces pratiques se déplacent dans les lieux les plus fréquentés. « Ils ont choisi la colline du Château car ils savent que la police passe moins que sur la place Masséna », a-t-il expliqué. L’association espère désormais que la mairie renforcera les contrôles pour éviter le retour de ces méthodes.
L’affaire soulève aussi une question d’image pour la ville de Nice. Déclarée « amie des animaux », la cité azuréenne voit sa réputation écornée par ces scènes observées en plein site touristique. Les touristes, censés repartir avec des souvenirs agréables, se retrouvent confrontés à une escroquerie doublée d’une maltraitance animale.
Pour les associations, la vigilance reste de mise. Elles rappellent que la défense du bien-être animal ne concerne pas seulement les animaux domestiques, mais aussi toutes les espèces exploitées à des fins commerciales. Dans le cas des pigeons paons de Nice, l’action coordonnée entre défenseurs des animaux, justice et forces de l’ordre a permis de mettre fin à une exploitation.
Mais l’inquiétude demeure. Pour Stéphane Lamart, ce type de réseau peut se reconstituer ailleurs ou sous d’autres formes. L’association annonce qu’elle continuera à surveiller la situation et à alerter dès que des abus seront constatés.