Fidèle soutien du président lors des campagnes de 2017 et 2022, le maire de Nice, Christian Estrosi, appelle aujourd’hui au départ d’Emmanuel Macron. Dans un contexte politique tendu, marqué par la démission de Sébastien Lecornu, il rejoint Edouard Philippe et d’autres élus qui souhaitent une présidentielle anticipée.
La vie politique française vient de connaître un nouveau rebondissement. Lundi 6 octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa démission, plongeant le pays dans une crise politique ouverte. À peine vingt-quatre heures plus tard, Christian Estrosi, maire de Nice et vice-président du parti Horizons, a pris la parole. Sur son compte X, il a demandé « le départ d’Emmanuel Macron » et « l’organisation d’une élection présidentielle anticipée. »
L’annonce a surpris jusque dans son propre camp. Longtemps allié du président de la République, Christian Estrosi avait soutenu sa politique dès 2017. En 2022 encore, il appelait à voter pour lui. Mais ce mardi 7 octobre, l’élu niçois a confirmé son changement de position. « Seul le départ d’Emmanuel Macron et l’organisation d’une présidentielle anticipée nous permettront de sortir de la crise politique et économique sans précédent que nous traversons», a-t-il déclaré.
La démission du Premier ministre a agi comme un déclencheur. Dans un contexte de tensions sociales et budgétaires, la majorité peine à maintenir une ligne claire. Les débats autour du budget ont ravivé les divisions entre les alliés d’Emmanuel Macron et ceux d’Edouard Philippe, fondateur du parti Horizons. Christian Estrosi a choisi son camp.
Une rupture politique assumée
La prise de position du maire de Nice n’est pas anodine. En 2021, il avait organisé un comité de soutien à Emmanuel Macron dans les Alpes-Maritimes, au moment où son ancien parti, Les Républicains, traversait une crise interne. Il représentait alors l’un des relais les plus solides du macronisme local.
Aujourd’hui, il dit tirer les leçons de la situation. « Dans la Ve République, tout vient et tout passe par le Président », a-t-il écrit. En se rangeant aux côtés d’Edouard Philippe, Christian Estrosi défend l’idée que le pouvoir exécutif doit retrouver une légitimité populaire. Cette orientation marque un tournant pour Horizons, parti encore officiellement membre de la majorité présidentielle.
Ce changement de ton intervient alors qu’Emmanuel Macron fait face à une montée des critiques venues de toutes parts. Plusieurs élus, y compris au sein de la majorité, remettent en cause sa capacité à gouverner dans un climat aussi tendu. L’opposition réclame soit sa démission, soit la dissolution de l’Assemblée nationale.
À Nice, la déclaration du maire de Nice résonne aussi sur le plan local. Son adversaire politique, Éric Ciotti, président de l’Union des droites pour République et candidat à la mairie, a lui aussi appelé au départ du chef de l’État. Les deux hommes, longtemps opposés sur le plan idéologique, se retrouvent donc unis sur ce point. Une convergence qui illustre l’ampleur du malaise politique actuel.
Le choix de Christian Estrosi ouvre plusieurs interrogations. Certains observateurs y voient une stratégie d’anticipation : se rapprocher d’Edouard Philippe en vue d’une éventuelle présidentielle. D’autres y lisent une rupture personnelle avec la méthode Macron, jugée trop verticale.
Quoi qu’il en soit, le maire de Nice se place désormais dans une dynamique de changement. Sa déclaration alimente le débat sur l’avenir institutionnel du pays. Faut-il dissoudre l’Assemblée ou convoquer les électeurs pour une nouvelle présidentielle ? Le débat est relancé, et la majorité paraît affaiblie.
Dans un pays où la stabilité politique reste fragile, les mots de Christian Estrosi marquent un tournant symbolique. Ils signent la fin d’un soutien qui avait duré huit ans. Et ouvrent une période d’incertitude, à la fois pour Emmanuel Macron et pour la majorité qu’il tente encore de maintenir.