Pour le 70e anniversaire de la Palme d’or, l’artiste et doreur Jean-Christophe Rousseau donnera une performance unique au monde. Il recouvrira un palmier de 20 mètres de hauteur, de feuilles d’or dans les jardins du Mondrian à Cannes. Depuis hier, et pour trois jours, il a commencé son défi à l’occasion du Festival de Cannes qui se tiendra à partir du 12 mai prochain.
Comment vous est venue l’idée de recouvrir un palmier de feuilles d’or pour le festival de Cannes ?
« J’ai eu l’idée en réalisant une oeuvre spéciale concernant Cannes fin de l’année dernière. Sur cette oeuvre j’avais gravé un palmier en or et en fait en regardant cette pièce, je me suis dit finalement je devrais faire un vrai palmier en or. Donc, j’ai soumis mon idée à la mairie, à monsieur le maire, à l’équipe municipale. En recherchant sur la Croisette, le palmier idéal. Je l’ai trouvé à l’entrée des jardins du Mondrian, j’ai échangé, avec les responsables de Mondrian. Puis ils m’ont tout de suite ouvert leurs portes. On a mis en place l’opération pour la semaine prochaine et on va recouvrir ce palmier de feuilles d’or avant le festival. Cela permettra de célébrer le 70ème anniversaire de la palme d’or.
Justement pourquoi avoir choisi ce palmier en particulier au sein des jardins du Mondrian à Cannes ?
Je cherchais un palmier qui soit assez grand mais pas trop non plus, qu’il soit visible sur la Croisette, mais où on puisse s’approcher sans que ce soit problématique d’un point de vue de la circulation et de la sécurité. C’est-à-dire que les palmiers qui sont par exemple au milieu de la route ou sur le bord de la route ça pourrait poser des problèmes avec les véhicules. Comme il est légèrement en retrait, le public peut le voir, peut s’approcher sans problème de sécurité.
Avez-vous été en contact avec des personnalités du cinéma ou des personnalités publiques pour ce projet ?
Non pas du tout, du moins pas à l’heure actuelle. Quand le Festival démarrera je pense qu’il y aura pas mal de personnalités qui passeront voir ce palmier par curiosité. Mais pour l’instant seulement des personnes de la ville de Cannes et de l’hôtel Mondrian.
Quelles sont les principales difficultés techniques ?
Les principales difficultés techniques c’est que s’il pleut on ne peut pas travailler, et il est annoncé un peu de pluie la semaine prochaine. S’il y a beaucoup de vent, à ras du sol c’est une chose mais à 20 mètres de haut, qui est la hauteur du palmier… Dans ce cas-là, il y aura certainement plus de vent et les feuilles d’or sont très fragiles, très délicates à manipuler. Cela risque de nous poser effectivement un certain nombre de problèmes à réaliser, mais c’est le challenge ! C’est à la fois une performance artistique de réaliser cela et à la fois un challenge. Ça n’a jamais été fait : c’est une première mondiale.
Quel est le coût des feuilles d’or ?
Ça va dépendre de la quantité de feuilles que l’on va poser. On ne le saura qu’à la fin, pour l’instant ce ne sont que des estimations de 10 000 feuilles d’or. Mais le coût de l’or va représenter certainement entre 40 000 et 50 000 euros.
C’est un hommage pour les 70 ans de la palme d’or. Est-ce que vous aussi, vous souhaitez faire passer un message à titre personnel ?
Ce n’est pas forcément un message, mais une performance artistique, ce qui m’intéresse c’est que ça n’existe pas dans le monde. Puis il ne faut pas oublier que c’est une sculpture vivante. On utilise une technique 100 % naturelle qui laisse respirer le palmier et il va rester doré. De toute façon pendant plusieurs mois pendant toute la saison d’été. On décidera après avec le Mondrian ce qu’on fait. Mais il y a le côté performance artistique et il y a le côté première mondiale et le fait de travailler sur une sculpture vivante.
Comment est-ce possible que cette performance soit respectueuse de l’environnement ?
Il faut imaginer comme si sur le palmier on rajoutait un voilage ou une robe. Donc on ne l’abime pas, on n’utilise aucun produit nocif ou qui puisse détériorer ou abîmer le palmier d’une façon ou d’une autre. Et la couche d’or qu’on pose sur le palmier est très fine, une feuille d’or ça représente un dixième de micron, donc c’est très très fin et c’est pour ça que d’un point de vue extérieur ça lui donne un aspect massif en or. Mais d’un point de vue intérieur de l’arbre, ça n’est qu’un petit voilage et ça ne l’empêche absolument pas de respirer.
Comment on peut allier la nature et l’or à une œuvre éphémère exposée à l’extérieur ?
L’or est un minerais naturel puisqu’on va chercher l’or dans des mines. Donc il est extrait de la planète, c’est un produit naturel. C’est juste que là il est utilisé d’une façon originale. L’or est présent pour mettre en avant la nature, mettre en avant un magnifique palmier et qui sera, j’en suis sûr le plus beau palmier de la Croisette cet été.
Vous aimez encore travailler la feuille d’or après 20 ans de carrière ?
Ah oui toujours, c’est toujours la même passion dès que je vois une feuille d’or. Comme je dis je suis toujours amoureux. Je trouve ça fascinant et magique. Si ça ne l’était plus, je ne ferais plus cela aujourd’hui. Il faut être passionné pour faire ce que je fais et je continue justement. L’or me passionne toujours, il m’inspire et me donne de nouvelles idées comme la réalisation de ce premier palmier en or au monde.
Où avez-vous puisé votre votre inspiration, votre imagination au départ ?
L’imagination elle vient tous les jours, elle vient en lisant, en écoutant de la musique, en se promenant dans la nature il y a mille façons de stimuler son imagination. Mais le fait est que l’or m’inspire toujours et comme je dis l’or c’est vraiment le métal parfait. Il est inaltérable et inoxydable, il est parfait sous toutes ses formes et sa seule limite c’est notre imagination.
Est-c’est important pour vous que l’art soit aussi dans les lieux de passage, comme la Croisette ?
Le but était de mélanger le luxe, le cinéma et également le grand public. Je ne voulais pas que ce palmier soit caché et seulement accessible à certaines personnes. Tout le monde pourra l’approcher et l’admirer. C’est pour ça que c’est important pour moi, qu’il soit dans un lieu accessible et que tout le monde en profite.
Que va devenir ce palmier ?
L’or étant inaltérable et inoxydable, il ne va pas bouger. On décidera soit de conserver l’oeuvre plus longtemps soit de retirer les feuilles d’or, on verra au bout des six mois. »