En dehors des grandes salles ou métropoles, il était venu l’été dernier à La Colle-sur-Loup, petit village au-dessus de Cagnes-sur- Mer, dans un festival « Rencontres autour des notes et des mots » quelque peu snobé par les médias.
Le public, lui n’avait pas boudé son plaisir de voir de près et à tout petit prix, dans le jardin communal, un artiste de l’envergure et de la notoriété d’Anthony Kavanagh. J’avais eu le privilège de le rencontrer, après le spectacle, dans sa loge avec son surprenant complice, son chien Kenzo. Une manière de vous éclairer sur cet artiste hors du commun, avant son passage à Monaco le mois prochain.
Nice-Premium : Deux ans sans remonter sur une scène et cinq sans « one-man show », vous avez fait quoi pendant ce temps ?
Anthony Kavanagh : (Plaisantant) Des millions de choses. « Chicago » une comédie musicale au Canada, beaucoup de télés, un autre show « Les démons de L’Arkange », tourné un film (Agathe Cléry avec Valérie Lemercier).
N.P : Vous êtes un véritable « homme-orchestre » mais vous ne chantez plus dans ce spectacle, c’est une volonté ?
A.K : C’est une volonté dans ce spectacle de ne faire que de la « tchatche », que de parler. Je me suis imposé cet exercice que je n’avais jamais fait de ma vie. C’était toujours des imitations avec bruitage, de la chanson, de la danse.
Ici c’est un homme, une scène, un verre d’eau et un public et c’est tout. Ce qui est génial, c’est que j’avais l’intention de ne pas faire attention à ma voix pour une fois.
N.P : Que voulez-vous dire ?
A.K : Toute ma vie, il y a eu 19 ans le 12 juillet que je fais ce métier, j’ai toujours été obligé de faire attention à ma voix. Le jour on ne parle pas, le soir faut pas aller un endroit enfumé après le spectacle, faire attention à ne pas trop parler, faut dormir, on ne peut pas sortir…
Cette fois je me fous de ma voix, je m’amuse. Bien sur je m’amusais aussi avant. Je peux rentrer tard, aller boire un coup, c’est un bel exercice.
N.P : C’est uniquement pour ce spectacle ou est-ce une nouvelle philosophie ?
A.K : Non, c’est uniquement pour ce spectacle là. Pour le prochain je vais voir ce que je fais, j’ai envie de faire des choses différentes. Ce rôle au cinéma, je l’attendais depuis 20. ans. 2007 fut une belle année avec ce film « Agathe Cléry », le rodage de ce nouveau show pendant le tournage lui qui a nécessité une préparation de 6 mois où j’ai pris des cours de flamenco et perdu 10 kg en 4 mois, j’avais le physique d’un footballeur américain.
Un retour au Canada où cela faisait 7 ans que je n’avais pas fait de « one-man show ». Ce fut le grand retour au mois de mai, juste avant « Juste pour Rire » à Montréal où j’ai fait deux fois 3000 (spectateurs). Enormément d’amour des québécois, un magnifique retour, celui de l’enfant du pays.
N.P : Va-t-on revoir Anthony Kavanagh comme animateur TV ?
A.K : C’est possible, tout est possible. Mais pour l’instant je fais deux chose en même temps, cinéma et tournée. Cela faisait 5 ans que je n’avais pas fait de tournée et j’en avais besoin. J’aime bien rencontrer les gens, le vin, la nourriture en Europe. J’adore et j’en profite. De beaux endroits. Me tester à Paris, ça m épuise.
N.P: Et on vous retrouve dans ce village de La Colle-sur-Loup ?
A.K : C’est le producteur qui s’occupe de cela. OK, on y va et on est venu.
N.P : Passer d’un public de 3000 personnes à quelques centaines.
A.K : On me donne 2m2, 2m de scène je prends, on m’en donne 25, je prends 25 m. J’aime autant, chaque jauge a son charme. Les très grandes salles (Woah !) par ce que c’est impressionnant comme à Montréal avec la salle Wilfrid Pelletier, c’est sublime. Ici j’ai l’impression de jouer dans le grand jardin d’un ami avec plein de potes autour.
L’important c’est que le public soit connecté à l’artiste, qu’il soit chaud, qu’il me suive dans mes délires quelque soit le nombre et j’ai eu la chance que dans les deux cas extrêmes il ait bien réagi. Quand la salle est petite, c’est plus stressant parce que l’on voit les visages, celui qui ne rit pas. On se dit que celui-là je vais le faire rire avant la fin de la soirée et ce n’est pas bien.
N.P: Cela vous gêne ?
A.K : J’arrive à passer par-dessus cela mais c’est tout récent, quelques années. On sait que le spectacle a été créé de telle façon qu’il y en ait pour tout le monde. Si ce sketch ne vous plait pas, c’est pas grave, il y en a un autre qui arrive et qui va vous plaire. Mon but c’est pas de temps mort.
N.P: Votre spectacle est quelque peu physique ?
A.K: Oui, ça ne s’arrête pas. C’est 1h45, il faut y aller, le public ne doit pas refroidir, il doit rester dans le délire. On parle d’un truc, vite un autre arrive. Pas le temps de commencer à analyser parce que l’analyse paralyse.
N.P: Vous savez bien le faire.
A.K: Oui. A Montréal j’ai commencé à 23 ans en étant le plus jeune animateur. C’est incroyable de voir que les années ont passé si vite. Je suis déjà un « vieux » avec expérience. J’ai passé la moitié de ma vie ici en France et l’autre au Canada. Les deux wagons de ma vie se sont raccordés pour cette 20e année avec une tournée dans les deux pays, plutôt les deux continents si on compte les pays francophones.
N.P: Le spectacle précédent s’appelait « Les démons de l’Arkange ». Avec celui-ci « AnthonyKavanagh.com » vous redescendez sur Terre. Pourquoi un tel titre ?
A.K : Cela décrit bien les changements de ces cinq dernières années. On est tous devenus des points.com. On a tous au moins une adresse internet, voire un site. Je parle des changements de la société et de mes changements persos, comment cette technique a changé nos comportements. On ne réfléchit plus de la même façon, on n’a plus la même vision de la vie. Je fais partie de la dernière génération qui a connu l’ancien et le nouveau. J’ai grandi sans téléphone portable et c’était le tout début des jeux vidéos. Un téléphone à cadran, un minitel, ce sont des objets de musée. Celui qui avait un téléphone portable de voiture, il fallait qu’il le transporte et c’était très lourd. Tout était plus lent, on était moins stressé.
Pour le montrer je grossis les traits comme le sketch dans les toilettes. Je trouve internet tellement fabuleux mais c’est une arme à double tranchant. On s’est rapproché en terme de communication, le monde est devenu un village global mais on s’est éloigné humainement.
N.P : Votre site est particulièrement interactif, c’est vous qui l’avez conçu ?
A.K : Non, mais avec mon manager, nous avons demandé au concepteur que les internautes aient l’impression de rentrer chez moi. On s’est inspiré de chez moi et ils ont fait un boulot formidable. Mon site était resté en construction pendant deux ans et je voulais qu’il ne soit remis en ligne que lorsqu’il en vaudrait la peine.
N.P : Vous aussi vous avez changé, vos cheveux coupés c’est comme dans votre spectacle à cause de votre copine ? Un gag ou une anecdote ?
A.K : L’histoire de la copine c’est un gag pour le spectacle mais le comportement du voiturier c’est vrai, j’ai juste rajouté la comparaison avec La Compagnie Créole. Du jour au lendemain, les comportements ont radicalement changé. Le voiturier du club privé dont j’étais membre m’a reçu comme une merde, il ne m’a reconnu que lorsque j’ai baissé mes lunettes. N’importe où je me faisais fouiller régulièrement par les douaniers.
C’est vrai que ce show là, il n’est pas politiquement correct. J’essaie d’aller à la limite, de ne pas la dépasser et sans être méchant. Ce spectacle fait rire tous les peuples et ça c’est magique.
L’actualité d’ Anthony Kavanagh :
Le DVD du spectacle est dans les bacs
Deux fictions pour la télévision sont en préparation : « La fille au fond du verre de saké » pour Canal + et produite par Bruno Gaccio. Une autre plus « historique » où il incarne un GI sur fond d’amour interdit au moment de la libération.
Il joue son spectacle jusqu’au 28 février au Théâtre du Gymnase à Paris
Il est la voix de Martin le zèbre dans « Madagascar 2 » le film d’animation
Un petit conseil, prenez votre temps pour aller sur son site www.anthonykavanagh.com