Depuis 10 ans, ce toulousain de naissance est « monté » à la Capitale pour assouvir sa passion de la scène qu’il avait contractée pendant ses études littéraires, en montant des pièces « avec des bouts de ficelles » dans les différentes salles ou MJC de son département. Une activité débutée en amateur qu’il entendait bien poursuivre en professionnel mais cette fois en solo.
Pas facile de se faire une place dans ce milieu très encombré de l’humour, surtout si l’on est sans production ni force de frappe médiatique. Totalement autodidacte, il n’est jamais passé par le moindre conservatoire ni a suivi des cours de comédie ou de « one-man show », mais il a réussi à monter un spectacle décoiffant, politiquement incorrect, sans aucune vulgarité.
Il l’a baptisé « Enfin Visible » en provocation vis-à-vis de toutes celles et ceux qui ne pensent qu’à voir leur visage sur une affiche et sur le maximum de murs de la Capitale ou d’ailleurs sans penser au contenu de leurs spectacles. Il voulait susciter la curiosité du public et son intérêt par ce titre énigmatique, il reconnaît que cela l’a plutôt désservi du point de vue marketing. Comme toutes les bonnes choses, les bons spectacles se méritent et demandent un peu d’effort pour y accéder. Celui qu’il propose en fait partie.
Ses sketches, dont certains ont été écris à ses débuts, n’ont pas pris une ride comme celui du Patron de l’Année qui devient complètement paranoïaque, « 1,2,3 Soleil ou le test de recrutement », l’émission « SOS j’ai raté un épisode » à propos d’un sitcom quelque peu alambiqué, « Le droit de tout voir », « La bonne question ou l’interview hyper langue de bois d’un homme politique ». En cette période de crise économique, celui « Morts subites » sur les décès en cascade des plus grandes fortunes du moment et notamment d’un certain Bill Fates dont « la fortune personnelle serait estimée au PIB des cinq pays les plus pauvres » et qui provoque une soudaine envolée du mécénat et des dons humanitaires » résonne encore plus dans nos esprits.
Comme il le dit lui-même ; le but du jeu n’est pas de faire rire à chaque phrase mais de traiter de sujets sociétaux sans être obnubilé par l’actualité. Son humour est très souvent corrosif, parfois cynique mais cela fait mouche, il vise juste avec les bons mots et l’on est « scotché » par son talent, son sens de l’observation, son rythme, tout cela presque à l’état brut car uniquement ciselé au contact du public. Ce gentil rebelle qui n’aimait pas beaucoup l’école et se sentait plus à l’aise sur une scène a « décollé » seulement depuis peu d’années, suite à son passage au célèbre « Point Virgule ». Toute ressemblance avec des personnalités existantes ou ayant existé n’est pas une coïncidence, bien au contraire, certaines seront très facilement indentifiables comme un certain Begbemoix, pseudo écrivain issu de la pub sans compter celles qui sont nommés véritablement et brocardées.
Ne manquez pas ce premier passage de Fred Trémège sur la Côte d’Azur, il est au Théâtre de la Scène-sur-Mer d’Antibes uniquement jusqu’au 29 novembre et il est prudent de réserver dans cette très accueillante et intime salle.