Le Centre Antoine Lacassagne de Nice a signé la charte “Lieu de Santé Sans Tabac”. L’établissement devient le premier hôpital des Alpes-Maritimes à rejoindre ce dispositif national. L’objectif est clair : protéger patients, usagers et professionnels, tout en accompagnant les fumeurs vers le sevrage.
Le Centre Antoine Lacassagne a officialisé en début de semaine son adhésion à la démarche “Lieu de Santé Sans Tabac”. La signature de la charte s’est tenue dans l’amphithéâtre du bâtiment A, en présence des équipes médicales, de partenaires institutionnels et associatifs. L’événement marque une étape importante pour l’établissement, qui place la prévention au cœur de sa mission.
Le tabac reste le premier facteur de risque de cancer en France. Selon l’Institut national du cancer, il est responsable de près de 45 000 décès par an. En tant que centre de lutte contre le cancer, l’établissement niçois a choisi de renforcer son rôle dans la prévention. Depuis le mois d’octobre, l’ensemble des espaces intérieurs et extérieurs, y compris les parkings, sont devenus non-fumeurs et sans vapotage.
Le directeur général, le professeur Emmanuel Barranger, a rappelé le sens de cette démarche : « en tant qu’établissement de référence en cancérologie, nous avons le devoir d’incarner les valeurs de prévention et d’exemplarité. Ce label renforce notre engagement collectif à protéger les plus fragiles et à promouvoir la santé pour tous. »
Une démarche collective et structurée
Le projet s’inscrit dans le Plan national de lutte contre le tabac 2023-2027 et dans le Projet régional de santé porté par l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il est coordonné par le Réseau de Prévention des Addictions (RESPADD), qui fédère plus de 1 000 établissements en France. L’ARS Paca a financé un poste de cheffe de projet dédié au sein du centre. L’Association Régionale de Coordination en Addictologie (ARCA Sud) a apporté son appui, notamment pour la mise en place de la signalétique.
Le Centre Antoine Lacassagne collabore aussi avec d’autres établissements spécialisés, comme l’Institut Paoli Calmettes à Marseille et l’Institut de Cancérologie Avignon Provence. Ces partenariats visent à développer des actions communes de prévention du tabagisme.
Avant la mise en œuvre, une enquête a été menée auprès de 196 patients et 341 professionnels. Les résultats montrent une large adhésion : 92 % des patients jugent positif d’interdire le tabac dans l’ensemble de l’établissement. Parmi les professionnels, 61 % estiment que fumer en tenue de travail nuit à l’image d’hygiène et 67 % à celle d’exemplarité. L’enquête révèle aussi que 24 % des professionnels et 15 % des patients se déclarent fumeurs, un chiffre proche de la moyenne nationale.
Ces données ont permis de construire un plan d’action participatif. Il associe formation, accompagnement et communication. L’objectif est de soutenir les fumeurs dans leur démarche de sevrage, tout en renforçant la cohérence de l’établissement en matière de santé publique.
Des mesures concrètes pour accompagner le changement
Plusieurs dispositifs ont été mis en place. Une signalétique spécifique “Lieu de Santé Sans Tabac” a été installée sur l’ensemble des sites. Tous les professionnels bénéficient de formations RPIB (Repérage Précoce et Intervention Brève). Ces sessions visent à favoriser une approche bienveillante auprès des fumeurs. Des substituts nicotiniques sont mis à disposition des patients et du personnel. Des consultations de tabacologie, d’hypnose et d’acupuncture sont proposées pour un accompagnement personnalisé. Une aide à la prescription de substituts a été intégrée dans le dossier patient informatisé. Les aidants peuvent également bénéficier d’un suivi grâce aux équipes de l’Institut Mozart.
Julie Fournil, infirmière et cheffe de projet, souligne l’esprit de cette démarche : « au-delà d’une interdiction, la démarche “Lieu de Santé Sans Tabac” est avant tout un projet humain et collectif, construit avec bienveillance et conviction. La signature de la charte vient reconnaître l’investissement quotidien de toutes les équipes. »
Le docteur Joseph Sicurani, médecin tabacologue, insiste sur l’importance de ce dispositif dans le parcours de soins : « le sevrage tabagique fait partie intégrante du traitement du cancer, il est de notre devoir de soutenir les patients. »
Une politique en cohérence avec les valeurs de l’établissement
L’initiative ne se limite pas à la santé publique. Elle s’inscrit aussi dans une démarche environnementale, en supprimant la présence de mégots et de zones fumeurs. Elle contribue à améliorer la qualité de vie au travail et à promouvoir un cadre de soins apaisant. Le Centre Antoine Lacassagne affirme ainsi sa volonté de conjuguer soins, prévention et accompagnement.
Fondé en 1961, l’établissement est membre du réseau Unicancer. Il prend en charge plus de 6 400 patients chaque année et dispose d’un plateau technique complet, incluant la protonthérapie. Ses missions couvrent les soins, la recherche et l’enseignement. En novembre 2023, il a été certifié par la Haute Autorité de Santé avec mention “Haute Qualité des Soins”.