
La sénatrice des Alpes-Maritimes interpelle le nouveau ministre des PME, Serge Papin, sur la situation critique des restaurateurs et artisans culinaires. Elle appelle à une meilleure reconnaissance du « fait maison », à un encadrement plus strict des appellations et à un soutien concret face aux difficultés économiques du secteur.
Alexandra Borchio Fontimp, sénatrice des Alpes-Maritimes et présidente de Côte d’Azur France Tourisme, a adressé une question écrite au ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’Achat, Serge Papin, élu il y a seulement trois semaines. Elle y exprime son inquiétude pour les artisans de la restauration, dont les conditions d’exercice se dégradent.
Depuis plusieurs années, la parlementaire défend la gastronomie française et les savoir-faire locaux. Elle rappelle que ces métiers sont au cœur de l’identité culturelle du pays. « Le fait maison ne saurait être réduit à un simple label : il incarne le respect du produit, la transmission du savoir-faire et la fidélité au geste artisanal », souligne-t-elle.
Aux côtés du chef Thierry Marx, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), Alexandra Borchio Fontimp plaide pour un encadrement plus strict de l’appellation « fait maison » et du terme « restaurant ». Elle estime que l’absence de contrôle réel favorise la confusion entre les établissements artisanaux et ceux qui se contentent de réchauffer des plats préparés. « Une échoppe équipée de fours à micro-ondes vendant des plats préparés ne peut prétendre à l’appellation “restaurant” », insiste-t-elle. Selon elle, cette dérive nuit à la réputation du secteur et participe à une « dégastromisation » progressive de la France.
Une réglementation jugée insuffisante
Le décret du 11 juillet 2014, qui encadre l’usage de la mention « fait maison », devait permettre aux consommateurs d’identifier les établissements cuisinant réellement sur place à partir de produits bruts. Mais son application demeure, selon la sénatrice, « inégale et insuffisamment encadrée. »
L’absence d’une autorité clairement désignée pour assurer les contrôles alimente la confusion. Les restaurateurs qui travaillent de manière artisanale peinent à se distinguer de ceux qui s’appuient sur des produits industriels. Les consommateurs, eux, ne disposent pas d’une information fiable.
Pour Alexandra Borchio Fontimp, cette situation fragilise tout un pan de la gastronomie. Elle estime nécessaire de « garantir une reconnaissance accrue et une protection effective aux établissements qui s’inscrivent dans cette démarche de qualité. »
Un secteur fragilisé par la conjoncture
Les artisans culinaires doivent aussi faire face à un contexte économique tendu. La hausse continue des coûts de l’énergie et des matières premières, combinée à une pénurie de main-d’œuvre et à une pression administrative persistante, met à mal les petites structures.
Les chiffres évoqués par la sénatrice sont parlants : la baisse de fréquentation estivale aurait atteint entre 15 et 30 % selon les régions. Ces pertes pèsent lourdement sur les établissements indépendants, souvent familiaux, qui représentent un tissu économique essentiel dans les territoires.
« Ce sont ainsi des savoir-faire précieux, porteurs d’identité culturelle et de lien social, qui risquent de disparaître », alerte Alexandra Borchio Fontimp. Elle appelle à des mesures concrètes pour accompagner les restaurateurs dans l’application du décret et soutenir leur activité.
Vers une réflexion législative
Dans sa question écrite, la sénatrice interroge le gouvernement sur les actions envisagées pour renforcer la portée du texte et améliorer ses modalités d’application. Elle souhaite aussi savoir si une réflexion législative plus large pourrait être engagée pour « promouvoir durablement le savoir-faire artisanal français. »
L’élue azuréenne s’inscrit ainsi dans un combat plus large : celui de la préservation du patrimoine culinaire et du respect du travail des artisans. Derrière la question du « fait maison », c’est toute la transmission des gestes, la qualité des produits et l’authenticité de la cuisine française qui sont en jeu.