Des familles de victimes veulent que le futur Hôtel des Polices de Nice rende hommage aux victimes de l’attentat du 14 juillet 2016

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Après l’annonce de Christian Estrosi de baptiser le parvis du futur Hôtel des Polices du nom de Nicolas Sarkozy, la contestation s’organise. Des familles de victimes de l’attentat du 14 juillet 2016, soutenues par des associations citoyennes, proposent une alternative : « Esplanade du 14 juillet 2016 ». Un choix qu’elles jugent plus juste et plus respectueux de l’histoire niçoise.

Le 29 septembre, Christian Estrosi a créé la surprise en annonçant sur le réseau social X que le parvis du futur Hôtel des Polices de Nice porterait le nom de Nicolas Sarkozy. Le maire expliquait vouloir rendre hommage à « l’action déterminante » de l’ancien président « en faveur de la sécurité des Niçoises et des Niçois. » Il soulignait également son soutien au projet de regroupement des polices nationale et municipale dans un même bâtiment.

Mais cette décision est intervenue dans un contexte judiciaire tendu. Quatre jours plus tôt, Nicolas Sarkozy avait été condamné à cinq ans de prison, dont deux fermes, dans l’affaire des financements libyens de sa campagne présidentielle de 2007. Le tribunal avait évoqué des faits « d’une gravité exceptionnelle. » Cette condamnation, la troisième en quelques années, a ravivé le débat sur l’opportunité d’honorer un ancien chef d’État plusieurs fois sanctionné par la justice.

Rapidement, des voix se sont élevées pour dénoncer un choix jugé inapproprié. L’association Tous citoyens !, déjà critique de la politique mémorielle du maire, a publié un communiqué sans ambiguïté : « non, Nice ne doit pas honorer Nicolas Sarkozy ! » Le texte fustigeait « un mépris pour la justice » et « un manque de respect pour les valeurs morales. » L’association rappelait que Christian Estrosi avait déjà donné le nom de rues ou de lieux publics à des personnalités politiques condamnées, comme Charles Pasqua, Jacques Médecin ou Jacques Chirac.

Tous citoyens ! estime qu’« attribuer le nom de Nicolas Sarkozy au parvis du futur commissariat central revient à faire l’éloge de la corruption. » Elle y voit une « atteinte à l’image de Nice et au sens civique à enseigner aux enfants. » Dans la foulée, une pétition a été lancée. Elle a recueilli à ce jour plus de 3 400 signatures.

Des familles de victimes proposent une alternative

Dans ce climat de contestation, une proposition a émergé. Célia Viale et Thierry Vimal, tous deux parents de victimes de l’attentat du 14 juillet 2016, ont publié un texte appelant à renommer le futur parvis « Esplanade du 14 juillet 2016 ». Leur déclaration est claire :

« Puisqu’au lendemain de l’attentat du 14 juillet 2016, les services de la ville et les services de l’État se sont violemment rejeté la responsabilité du drame (les archives en ce sens abondent),
Puisque les deux protagonistes semblent s’être finalement réconciliés autour de la création d’un hôtel de police qui rassemblera sous un même toit police nationale et police municipale,
Puisque glorifier Nicolas Sarkozy à l’heure même de sa condamnation représenterait a contrario une nouvelle rupture entre le pouvoir local et l’Institution nationale,
Puisque l’attentat du 14 juillet 2016 et celui du 29 octobre 2020 ont fait de Nice l’une des villes françaises les plus meurtries par le terrorisme,
et que M. Sarkozy a été condamné en première instance pour avoir, entre autres, envoyé en 2005 des émissaires pactiser avec le commanditaire lybien de l’attentat contre le DC-10 d’UTA, qui avait coûté la vie à 170 personnes, dont 54 citoyens français,
Puisque, donc, la mise à l’honneur de M. Sarkozy à Nice sera perçue comme une violence par l’immense majorité des familles des victimes de terrorisme, niçoises ou non,
Et puisque, enfin, 2026 sera l’année du dixième anniversaire de la tragédie du 14 juillet 2016, qui fit 86 morts, des centaines de blessés physiques et des milliers de blessés psychiques,
il nous paraîtrait décent et respectueux de ne pas nommer l’esplanade située devant le nouvel Hôtel de police de Nice Esplanade Nicolas Sarkozy, mais plutôt ESPLANADE DU 14 JUILLET 2016. »

Cette proposition, saluée par plusieurs élus d’opposition, vise à inscrire le souvenir de l’attentat au cœur d’un lieu symbolique de la sécurité publique. David Nakache, président de l’association Tous citoyens !, membre du rassemblement citoyen Viva ! et de la liste Nice Front Populaire, a apporté son soutien :

« Célia Viale et Thierry Vimal, tous deux familles de victimes de l’attentat du 14 juillet 2016, proposent une alternative à la dénomination « parvis Sarkozy » : « Esplanade du 14 juillet 2016 ». Je partage cette proposition, juste et ô combien légitime. »

Pour ses signataires, il ne s’agit pas seulement d’un désaccord politique mais d’un enjeu de mémoire. Le futur Hôtel des Polices, qui doit rassembler les forces de l’ordre dans un même lieu, est perçu comme un symbole de l’unité entre la ville et l’État. Baptiser son parvis du nom de l’ancien président condamné serait, selon eux, en contradiction avec cette idée de réconciliation.

Un débat de fond sur la mémoire et la probité

La proposition d’« Esplanade du 14 juillet 2016 » renverrait directement à la mémoire des victimes. Pour ses défenseurs, elle incarnerait une forme de cohérence et de respect envers celles et ceux qui ont été touchés par le terrorisme.

De son côté, Christian Estrosi n’a pas réagi publiquement à cette nouvelle proposition. Il reste attaché à l’idée d’un hommage à Nicolas Sarkozy. Le maire a récemment confirmé que le futur Hôtel des Polices, dont la livraison a été reportée à octobre 2026 en raison de retards techniques et budgétaires, serait inauguré à cette date.

Il a précisé vouloir organiser des « journées portes ouvertes afin de faire découvrir les locaux aux Niçois. » D’ici là, le débat sur la dénomination du parvis pourrait bien continuer d’animer la vie politique locale.

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