Plus de 300 personnes se sont réunies place Masséna à Nice, ce mercredi après-midi, pour rendre hommage à Rayan, 20 ans, et Oyskhur Tapashev, 58 ans, tués lors de la fusillade du quartier des Moulins, ainsi qu’aux cinq autres blessés. Un moment d’émotion et de solidarité marqué par des appels à la paix et à l’unité.
La place Masséna s’est couverte de blanc, ce mercredi à 14 heures. En réponse à l’appel de l’Union des Tchétchènes de France, plus de 300 personnes se sont rassemblées pour honorer la mémoire de Rayan, jeune Niçois de 20 ans, et d’Oyskhur Tapashev, père de trois enfants, tué quatre jours avant ses 59 ans. Tous deux ont perdu la vie lors de la fusillade survenue aux Moulins, le 3 octobre dernier.
Des tee-shirts blancs portaient l’inscription « Pour notre petit frère parti trop tôt« , tandis que les pancartes brandies réclamaient justice et paix. Certains messages parlaient ouvertement de « terrorisme » et « d’attentat« , des mots repris dans les discours des responsables présents.
Unis dans la douleur et la solidarité
Le mot d’ordre du rassemblement s’est imposé : l’unité. Magamadov Ramzan, imam et président de l’association des Tchétchènes et Ingouches des Alpes-Maritimes, a livré un message à la fois fort et apaisant. « Avec un discours en français et en russe, nous espérons transmettre notre message de paix et d’unité au plus grand nombre.«
Le président de l’Union des Tchétchènes de France, Islam Aliev, a salué la mémoire des victimes tout en appelant à la cohésion. « Nous nous rassemblons aujourd’hui pour pleurer la perte des nôtres, victimes de la violence du narcotrafic, mais aussi pour célébrer la solidarité qui nous unit. Notre ville de Nice est un symbole de diversité et de coexistence pacifique. Ensemble, nous devons faire front contre la criminalité et la haine.«
Des paroles fortes de Christian Estrosi
Le maire de Nice, Christian Estrosi, a pris la parole à son tour, dans un discours empreint de soutien et de fermeté. Il a exprimé ses condoléances aux familles, tout en dénonçant ce qu’il a qualifié de « scène de guerre. »
« Ces gens ont été victimes de ce que j’appelle du narco-terrorisme. Ce ne sont pas de simples trafics, ce sont des filières venues de l’extérieur, armées, semant la peur et la ruine. »
Le maire a réclamé un renforcement durable des moyens de sécurité. « Je demande à la force Sentinelle d’être présente non pas trois jours, ni huit, mais tout le temps, jusqu’à ce que la paix soit rétablie. Ce qui s’est passé place Amaryllis est un acte de guerre qui mérite que nos militaires protègent nos concitoyens comme sur la Promenade des Anglais.«
Christian Estrosi a également tenu à rappeler l’engagement de la famille de Rayan dans la vie associative. « Cette famille aide depuis des années des associations pour les personnes handicapées et en difficulté. Les barbares à l’origine de tout cela seront punis et j’espère qu’ils finiront leur vie derrière les barreaux. »
Des proches marqués à jamais
La sœur de Rayan, très émue, n’a pu retenir ses larmes à sa prise de parole au nom de sa famille. « Mon petit frère est sorti s’acheter à manger et il s’est retrouvé au milieu de cette fusillade. Cet acte a détruit ma famille. Rayan n’était pas connu de la police, c’était quelqu’un de bien. Il n’avait que 20 ans.«
Sa voix s’est brisée lorsqu’elle a lancé un appel à la justice, « j’espère que vous retrouverez les assassins et qu’ils paieront fort pour ce qu’ils ont fait. »
La douleur et la force de ces témoignages ont parcouru les participants, certains en larmes.
Le sport comme rempart à la violence
Un professeur de judo et de sambo, proche du quartier, a lui aussi pris la parole pour rappeler le rôle essentiel de l’éducation et du sport, « les arts martiaux apprennent le respect, la discipline et la solidarité. Chaque heure passée dans un dojo, c’est une heure de moins dans la rue. Nous avons besoin de moyens pour offrir d’autres perspectives aux jeunes. »
Il a appelé à une collaboration solide entre la ville, son maire, les éducateurs, les associations et les habitants, afin de « donner à la jeunesse des Moulins un autre avenir. »
Entre émotion et interrogations
Si la cérémonie s’est déroulée dans le calme et la dignité, plusieurs témoins du drame ont fait part de leur frustration au maire face à l’enquête en cours. Certains affirment n’avoir jamais été sollicités pour témoigner, regrettant un manque d’écoute des autorités. D’autres voient dans la présence du maire un geste plus politique qu’humain, à quelques mois des municipales de 2026.
Malgré ces critiques, le rassemblement s’est conclu sur une minute de silence.
La fusillade survenue ce vendredi 3 octobre dernier dans le quartier des Moulins a coûté la vie à deux personnes et fait cinq blessés. D’après les informations de BFMTV Nice Côte d’Azur, deux suspects ont été interpellés et seront présentés à un juge ce mercredi dans le cadre de l’enquête ouverte pour homicides volontaires et association de malfaiteurs.