L’enquête nationale sur le vélo révèle des avancées à Nice et à Cagnes-sur-Mer, mais les usagers pointent encore des failles importantes. Les cartes participatives mettent en lumière les axes prioritaires et les besoins en stationnements sécurisés.
Le Baromètre Vélo 2025, publié par la Fédération française des usagères et usagers de la bicyclette (FUB), dresse un état des lieux contrasté de la pratique cyclable dans les Alpes-Maritimes. Avec plus de 334 000 participants à l’échelle nationale, il s’agit de la plus vaste consultation citoyenne mondiale sur les conditions de circulation à vélo. À Nice, les réponses montrent pour la première fois une amélioration du ressenti global. La ville quitte la note F pour atteindre un E, encore jugé défavorable mais en léger progrès.
L’association Nice à Vélo, membre de la FUB, souligne que ce changement reflète une évolution de 19 % du ressenti des cyclistes en deux ans. Cette progression reste toutefois limitée au regard des attentes. Antonio Barros, administrateur de l’association, rappelle que « huit ans ont été nécessaires pour franchir un seul palier », appelant à « accélérer le déploiement d’itinéraires sécurisés. »
Les cyclistes interrogés reconnaissent certaines avancées. Les aménagements récents sur Gambetta Sud, Buffa, Cassini et l’axe nord-sud Auguste Raynaud – Congrès sont salués pour leur qualité et leur confort. Mais les points noirs demeurent nombreux. La sécurité aux carrefours, la protection des enfants et des seniors, ou encore la prise en compte des déviations lors des travaux restent jugées très insuffisantes.
Le stationnement est la catégorie la mieux notée, mais la fin du service Vélobleu au profit d’opérateurs privés a dégradé la perception sur la location. S’ajoute le problème récurrent du stationnement sauvage sur les pistes cyclables.
Les cartes participatives mettent en évidence des zones rouges particulièrement critiques. Rue Barla, cœur du projet d’extension de la Promenade du Paillon, illustre les tensions : malgré la réduction de la circulation, aucune piste n’y est prévue. Boulevard Carabacel, pourtant lauréat d’un financement national en 2019, a vu son projet abandonné, suscitant une pétition de plus de 3 000 signatures. Le carrefour de Magnan est également cité comme dangereux et dépourvu d’aménagement.
La carte fait aussi ressortir une demande massive de stationnements sécurisés. Place Garibaldi, avenue Jean-Médecin, place Masséna, gare Thiers, gare Riquier ou encore le port figurent parmi les secteurs où les cyclistes souhaitent des équipements adaptés. Selon Nice à Vélo, « sans arceaux suffisants ni consignes protégées, beaucoup hésitent à utiliser le vélo pour leurs déplacements quotidiens. »
Cagnes en tête, Saint-Laurent et Villeneuve en difficulté
Parmi les communes de la Métropole, Cagnes-sur-Mer obtient la meilleure note avec un D, qualifié de « moyennement favorable. » Après une dégradation en 2019 et 2021, la ville retrouve son niveau de 2017. La participation est en hausse constante, ce qui traduit une implication croissante des habitants. Les usagers saluent certaines avancées, comme l’allée des Tilleuls ou le passage du Garigliano, mais le bord de mer et plusieurs axes structurants restent jugés prioritaires.
Les représentants locaux de Nice à Vélo insistent sur la nécessité de sécuriser les itinéraires continus. Le choix municipal d’imposer une vitesse maximale de 10 km/h sur le front de mer est particulièrement critiqué, car jugé incompatible avec l’usage quotidien du vélo.
À Saint-Laurent-du-Var, le Baromètre révèle une stagnation. La commune conserve la note F, traduisant un ressenti défavorable. Le nombre de réponses reste stable, mais le score d’évolution recule de 14 %, signe d’une perception de régression. Les critiques portent sur la sécurité, notamment sur l’avenue du Général Leclerc et la Route du Bord de Mer. Les habitants notent peu d’améliorations, mais des projets en cours, comme une piste structurante sur l’avenue du Général de Gaulle, pourraient infléchir la tendance dans les prochaines années.
Hors Métropole, Villeneuve-Loubet connaît une forte hausse de participation. La commune passe de la note C à D, mais le ressenti d’évolution reste positif (+22 %). L’implication des salariés cyclistes du quartier Bel Air a fortement alimenté la participation. Les habitants réclament des liaisons continues vers Cagnes et vers le village, ainsi que des stationnements sécurisés, jugés trop rares dans le centre et en bord de mer.
Une attente claire pour des infrastructures continues
Le Baromètre Vélo 2025 illustre une dynamique en mouvement dans les Alpes-Maritimes. Les habitants reconnaissent certaines améliorations, mais expriment une attente forte : disposer d’itinéraires sécurisés, continus et adaptés aux déplacements quotidiens. Les cartes des zones rouges confirment que les besoins portent autant sur la sécurité que sur la cohérence des réseaux.
Nice et sa métropole restent loin derrière d’autres territoires français plus avancés. Mais la hausse du nombre de participants et l’intérêt croissant des citoyens témoignent d’une mobilisation réelle. Pour les associations, l’enjeu est désormais d’accélérer les projets et de passer des aménagements ponctuels à une stratégie globale de mobilité cyclable.